#NIFFF2021 Critique : The Fable : The killer who doesn’t kill de Kan Eguchi

© Nippon Television Network Corp. (NTV)

Suite du film de 2019, adapté d’un manga de Katsuhisa Minami, The Fable : The Killer who Doesn’t Kill de Kan Eguchi est actuellement projeté à l’occasion du Festival international du film fantastique de Neuchâtel (NIFFF) dans la sélection New Cinema from Asia. Surprenant film d’action, le long métrage raconte le destin improbable d’un tueur légendaire qui… ne peut tuer personne.

Synopsis :
« Akira a troqué sa vie de tueur en série pour celle d’employé dans une boîte de design. Sa couverture est dévoilée quand un assassin menace l’un de ses collègues. » (NIFFF 2021)

Le film de Kan Eguchi s’ouvre sur une scène d’action assez jouissive, où un mystérieux tueur à gage sauve in extremis une jeune femme condamnée à une mort certaine. Des faits qui se sont déroulés il y a bien longtemps, mais qui servent de point de départ à cette suite du premier film sorti en 2019. Le cinéaste japonais y explore un peu plus l’univers de Fable, ce tueur au destin surprenant après avoir été forcé de ne plus tuer personne pendant un an. Adapté très librement du manga, le film sait captiver grâce à ses scènes d’action, dynamiques, pleines de bonnes idées malgré quelques effets spéciaux qui peinent à tenir la cadence imposée par le film.

Cette histoire qui sort des sentiers battus en matière de films de yakuzas fonctionne aussi et surtout grâce à son son univers très « manga ». Si cette dénomination est aussi générique qu’inintéressante, c’est pourtant ce qui le qualifie le mieux et qui est sa principale qualité. Le film alterne entre le sérieux et l’humour sur un ton bédéesque, où toutes les réactions sont amplifiées et où les plans de caméra se jettent sur les visages des personnages pour montrer leur air surpris. Associé à un humour pince-sans-rire souvent du plus bel effet, The Fable : The Killer who Doesn’t Kill réussit là où beaucoup d’adaptations de mangas ont échoué. En retranscrivant sur le grand écran la manière avec laquelle un seinen, un shonen, peut aborder des situations extrêmement dramatiques sans délaisser la folie inhérente au genre, avec des réactions instantanées et des personnages qui sortent parfois du sérieux de la scène pour amorcer une suite plus comique.

© Nippon Television Network Corp. (NTV)

Les personnages jouent d’ailleurs un grand rôle sur cet aspect, notamment l’un des antagonistes à l’aura tout droit sortie d’une bande dessinée ou d’un manga. Celui-ci, interprété par Masanobu Ando, permet d’ailleurs au film de maintenir cet équilibre pour ne tomber ni dans le drame de gangsters, ni dans la comédie pure, restant entre les deux en maniant les genres avec réussite.

Difficile enfin de ne pas dire un mot sur Junichi Okada, qui est impeccable dans le rôle de The Fable. Il tient parfaitement le personnage et donne vie à un anti-héros jamais trop sûr de où il se place, entre méchant et gentil, toujours plein de bonne volonté mais invariablement renvoyé à ses vieux démons. Cela fait de The Fable : A Killer who Doesn’t Kill un film curieusement touchant, souvent juste et toujours drôle. Kan Eguchi a très bien saisi les forces du manga pour l’adapter à l’écran sans en perdre l’essence, ni en tombant dans une adaptation très fidèle mais grotesque comme on en a trop souvent l’habitude. Une jolie réussite, et on est bien contents d’avoir pu le découvrir à l’occasion du NIFFF 2021.

3.5