Critique : The Host en 4K de Bong Joon-ho (ressortie salles)

(Source : slashfilm.com)

L’histoire : A Séoul, Gang-du tient un petit snack au bord de la rivière où il vit avec sa famille, dont sa fille adorée Hyun-seo. Un jour, un monstre géant surgit des profondeurs de la rivière et attaque la foule. Gang-du tente de s’enfuir avec sa fille, mais elle est enlevée brusquement par le monstre, qui disparaît au fond de la rivière. La famille Park décide alors de partir à la recherche de la créature, pour retrouver Hyun-seo…

The Host de Bong Joon-Ho (Memories of Murder, Parasite) ressort en salles en version restaurée 4K à partir du 8 mars, distribué par The Jokers.

The Host date de 2006, il fut parmi les premiers de la déferlante de grands films coréens à nous parvenir au début-milieu des années 2000 (Memories of murder, A bittersweet life, Locataires, 2 sœurs, Printemps été automne, Sympathy for mister vengeance, Old boy, The chaser, Pepermint candy, etc.). 17 ans plus tard, que reste-t-il de l’expérience The Host ? Est-ce toujours aussi marquant dans le paysage cinématographique de 2023 à l’ère de la suprématie des super héros Marveliens et du tout numérique ? Ou bien n’était-ce qu’un essai mineur pour Bong Joon-ho ?

Le constat est clair, aujourd’hui le cinéma de divertissement s’est recentré, formaté et appauvri pour proposer les mêmes recettes d’un réalisateur à l’autre, d’un studio à l’autre, d’une plateforme à l’autre. Une lassitude généralisée semble avoir pris le pas pour les spectateurs qui ne sont plus qu’abreuver de films de super héros bodybuildés. Rares sont les tentatives d’expériences originales, saluons tout de même Everything everywhere all at once (Les Daniels) en 2022 qui a redynamisé un peu la créativité du côté américain, en puisant dans des références du cinéma asiatique soit-dit-en passant.

De ce constat, en redécouvrant The Host aujourd’hui, quel est notre ressenti ? Et bien sans aucun doute, c’est un grand film, il est juste devenu un classique depuis.

Déjà à l’époque, Bong Joon-Ho sortait des sentiers battus, en proposant un film de monstre coréen, un jaws ou un godzilla maison, qui allait mettre en valeur non pas des surhommes pour combattre la menace, mais une famille atypique d’anti-héros, essentiellement à travers la figure de ce père décérébré, interprété impeccablement par Song Kang-Ho (Parasite).

Bong Joon-Ho montre donc des personnages appartenant au prolétariat combattre une menace surnaturelle (la créature), alors que la menace la plus implacable pour eux reste la société coréenne à travers son système (politique, scientifique, policier, militaire) qui les laisse sur le côté, voire qui les oppresse.

Certains y verront quelques facilités (les méchants américains, surtout le caricatural médecin militaire qui louche, l’agent jaune, le déversement des produits chimique en plein Séoul, etc.), certes, elles existent, le film n’est pas parfait, mais il reste un bijou de par sa dramaturgie, ses moments de tension (l’antre du monstre où il entrepose son gibier), sa mise en scène, et son portrait de famille tout à fait original. On ne peut qu’être touché par ce père qui lutte sans fin pour retrouver sa fille.

C’est ça The Host, une melting pot de cinéma, un savoureux mélange, à la fois film de monstre spectaculaire, drame familial, comédie, satire, film d’action, on passe par toutes les émotions devant le long-métrage de Bong Joo-Ho, et c’est pour cela que le film tient toujours autant la route même 17 ans après. C’est un film réjouissant qui ose, qui a des partis pris, et qui en met plein la vue aux spectateurs. On aimerait en voir plus souvent des films de cette qualité.

Alors cette version en 4K, qu’apporte-t-elle ? La réponse est claire : on a l’impression que le film a été tourné aujourd’hui grâce à cette restauration, c’est tout simplement bluffant, très peu de grain, la netteté des plans, la clarté des lumières, quel beau travail.

Seuls certains effets visuels du monstre en pâtissent, mais en toute honnêteté, c’était déjà un peu le cas à l’époque de la sortie, quelques intégrations, textures ou animations du monstre ne sont pas à la hauteur dû aux contraintes budgétaires pour ce type de film dans l’industrie cinématographique coréenne, cependant la mise en scène emporte le tout.

En conclusion : si vous n’avez jamais vu The Host, courez-y ! Si vous le connaissez déjà, cette version va vous le faire redécouvrir de la plus belle des manières.