Critique « My Hero Academia : World Heroes’ Mission »

Critique « My Hero Academia : World Heroes’ Mission »

No More Heroes

Ce mois-ci, les fans de My Hero Academia ont eu droit à une double dose avec la sortie en vidéo mardi dernier de My Heroe Academia : World Heroes’ Mission, en parallèle de la diffusion de la saison 6.

Apparu dans les pages du Weekly Shonen Jump en 2014, le manga de Kōhei Horikoshi aura en quelques années réussi le double exploit de s’imposer comme une référence du shonen nekketsu ainsi que du récit de super-héros, deux genres pourtant on ne peut plus codifiés et où les concurrents ne manquent pas.

Troisième film de la licence, World Heroes’ Mission est le premier à avoir bénéficié d’une sortie dans les salles françaises.

A la réalisation, on retrouve Kenji Nagasaki, le directeur artistique de la série animée à qui l’on doit également les deux long-métrages précédents.

Le scénario est quant à lui signé Yōsuke Kuroda, un autre habitué de l’anime que l’on a pu auparavant retrouver au générique de Trigun, Excel Saga, des OAV de Saint Seiya Hadès : Inferno ou encore de plusieurs séries et films de la franchise Gundam.

Suite à un attentat à l’arme chimique perpétré en pleine ville par une secte apocalyptique du nom d’Humarise, tous les plus grands justiciers de la planète se réunissent pour mettre hors-d’état de nuire l’organisation terroriste ennemie des Alters, ces pouvoirs spéciaux propres à chaque individu et dont est dotée près de 80% de la population mondiale. Envoyé en Europe pour les besoins de cette mission, Izuku Midoriya, le héros du manga, croise par hasard la route de Rody Soul, une petite frappe impliquée dans le cambriolage d’une bijouterie. Par un concours de circonstances, l’apprenti monte-en-l’air se retrouve en possession d’une mallette que convoite la société secrète tandis que Midoriya se voit accusé à tort du meurtre d’une dizaine de personnes après s’être interposé pour venir en aide à Rody.

Déclaré ennemi public N°1, Deku n’a d’autre choix que de prendre la fuite aux côtés du jeune voleur. Traqués par les autorités et les agents d’Humarise, les deux fugitifs vont devoir travailler de concert pour se tirer d’affaire et contrecarrer les plans de la secte et de son leader, le fanatique Flect Turn, qui entend bien mettre à exécution son plan visant à éradiquer l’ensemble des détenteurs de super-pouvoirs.

Pour tous ceux qui seraient tentés de voir le film mais hésiteraient de peur d’être largués, nul besoin d’être à jour dans le manga ni même l’anime ; l’intrigue se situant peu ou prou durant l’arc du stage chez Endeavor.

Si l’on pouvait rapprocher le premier film de Piège de cristal, ou encore de l’ultime film de Bruce Lee Le Jeu de la mort, et le second des productions du studio Ghibli du fait de son cadre bucolique, ce nouvel opus n’est pas sans rappeler les films d’Alfred Hitchcock avec son faux-coupable pris en chasse à la fois par la police et les méchants. On songe également aux films d’actions dans lesquels les protagonistes sont engagés dans une course contre la montre pour empêcher une catastrophe imminente.

A l’énoncé du titre, on pouvait s’attendre à des aventures autour du globe dans la veine de celles du plus british des espions, James Bond. Le résultat n’est, hélas, pas vraiment à la hauteur des espérances que pouvait susciter le postulat du film.

En effet, l’intrigue se déroule essentiellement dans un pays fictif du nom d’Othéon, évoquant tout à la fois les grandes villes côtières du sud de l’Europe, Rio de Janeiro avec ses quartiers défavorisés en périphérie semblables aux favelas ainsi que San Francisco, dont il emprunte le célèbre pont suspendu rouge-orangé.

Pour le reste, il faudra se contenter de quelques scénettes nous montrant les autres escouades de justiciers en action dans différents pays, les monuments nous renseignant sur leur lieu de mission respectif (la Tour Eiffel et l’Arc de Triomphe pour Paris, les pyramides pour l’Egypte, etc).

Le récit suit donc les deux fuyards dans leur cavale à travers le pays, pour ensuite se recentrer sur le trio composé de Midoriya, Bakugo et Todoroki dans la dernière partie.

Les autres protagonistes en sont, quant à eux, quasiment réduits à des rôles de figurants, qu’il s’agisse d’Endeavor, d’Uraraka ou d’All-Might. Pas la peine de compter non plus sur la présence des membres de l’Alliance des Super-Vilains, qui n’ont, pour leur part, même pas eu droit à un cameo, comme c’était le cas dans les deux long-métrages précédents.

Produit par la Toho en collaboration avec Bones, le studio déjà aux manettes de la série à qui l’on doit également les deux adaptations de Fullmetal Alchemist, Mob Psycho 100 ou encore Cowboy Bebop, le film, World Heroes’ Mission bénéficie comme ces prédécesseurs d’une animation soignée en particulier lors du climax du film, à savoir le combat final opposant Deku à Flect Turn.

En dehors de ça, rien de bien nouveau sous le soleil.

C’est d’ailleurs le principal reproche que l’on pourrait adresser à ce troisième volet cinématographique et plus généralement à la plupart des films dérivés d’animes à succès, qui, bien souvent, n’ont guère mieux à offrir qu’une resucée de l’œuvre originale, saupoudrée de fan-service.

Dans le cas présent, le projet de la mystérieuse organisation n’est qu’une redite de celui d’Overhaul, leader du clan yakuza des Huit Préceptes de la Mort et antagoniste principal de la saison 4, qui voue lui aussi une haine sans borne aux Alters, ne voyant dans ces facultés qu’une maladie dont l’humanité doit être impérativement guérie.

Si l’apparence des membres d’Humarise évoque celle des Templiers avec leur masque de fer et leur cape immaculée ornée d’un symbole ésotérique de couleur rouge, à mi-chemin entre la croix de Cantorbéry et l’Etoile de vie, le serpent en moins, on peut en outre noter une ressemblance en termes de chara-design entre le leader de la secte et Apocalypse, l’un des plus grands ennemis des X-Men, dont il partage par ailleurs les velléités génocidaires.

« Mais pourquoi est-il aussi méchant ? » comme disait le slogan d’une publicité pour une célèbre marque de soda française.

Là encore, le scénario péche par son manque d’originalité. A l’instar de Tomura Shigaraki, l’un des principaux antagonistes de l’œuvre, son extrémisme résulte d’un traumatisme survenu durant l’enfance et lié à l’éveil de son Alter. Tous deux sont en effet dotés d’un Alter rendant tout contact physique avec autrui impossible, ce qui les a de facto relégués au ban de la société et a nourri leur ressentiment à l’égard de celle-ci.

Pour ce qui est des bonus, il faudra se tourner vers le Blu-ray du film ou l’édition combo en format steelbook, vendus avec un livret de 32 pages contenant des interviews et des croquis issus du story-board, là où l’édition DVD se contente de la bande-annonce et d’une carte postale.

En définitive, ce long-métrage s’avère assez dispensable, à moins d’être un inconditionnel de la licence. 

My Hero Academia : World Heroes’ Mission, Kenji Nagasaki, Japon, 2021. Durée : 1H44. V.O/V.F. Disponible en DVD, Blu-Ray et Edition Combo chez Kazé.

Note : 2.5 sur 5.