Critique : Funeral Killers de Renny Harlin

Date de sortie
05/05/2020
Réalisateur
Renny Harlin
Distribution
Swift Distribution
Notre score
2

Autrefois spécialiste de l’action à Hollywood, exilé en Chine après quelques échecs commerciaux, Renny Harlin tente de faire son trou à Hong Kong. Après Skiptrace (ou La Filature) avec Jackie Chan ou Legend of the Ancient Sword, le réalisateur américain nous revient avec Funeral Killers (ou Bodies at rest) dans une édition DVD qui vient tout juste de sortir en France.

Un soir de Noël, un médecin légiste et son assistante sont coincés par leur travail à la morgue. Soudain, des criminels font irruption et leur exigent une chose : retrouver une balle perdue dans le corps d’une femme qu’ils ont tué.

Film d’action somme-toute classique, Funeral Killers s’appuie sur le contexte non-moins attendu du réveillon de Noël qui tourne mal comme prétexte à une joyeuse empoignade où le médecin légiste et son assistante se découvrent des talents insoupçonnés pour tenter de se défaire des criminels. On ne cache pas toutefois notre plaisir devant quelques scènes du film, comme cette gigantesque partie de cache-cache où les deux scientifiques font tourner en bourrique les criminels ou la manière qu’a son réalisateur de mettre en scène des dialogues pas bien fouillés, mais pourtant très a-propos dans un film d’action qui joue pleinement avec ses codes. Certes, les blagues ne fonctionnent jamais, mais l’esprit y est.

D’autant plus que ses personnages très caricaturaux sont foncièrement empreints d’une culture de l’action hongkongaise que l’on apprécie : chaque personnage a un rôle bien précis à jouer dans le déroulé d’une nuit d’horreur, en enchaînant une à une les situations ubuesques et attendues. C’est probablement pour cela qu’on a voulu voir le film, et il a le mérite de nous offrir ce qu’on espérait. Alors l’ensemble n’est pas très fin, la faute  notamment à des acteurs jamais vraiment convaincants. Nick Cheung (le médecin légiste), Yang Zi (l’assistante) et Richie Ren (le criminel) bénéficient au moins d’une bonne dynamique qui fait que le trio marche plutôt bien, mais on n’est pas bien sûrs qu’eux-mêmes ne croyaient vraiment à leurs rôles et ce qu’ils faisaient là.

La faute également à une réalisation plan-plan sans trop de saveur ni idée, ne profitant pas du huis clos de cette morgue qui, pourtant, aurait pu permettre la multiplication d’expérimentations. On regrette par exemple que le réalisateur n’exploite que trop peu la dimension horrifique du lieu, se contentant de tourner en dérision l’un de ses personnages incapable de regarder un mort dans les yeux dans le seul but de sortir un twist pas bien surprenant. Pourtant il y a aussi de bonnes choses : tout droit venu du film d’action des années 90, Renny Harlin (à qui l’on doit par exemple Die Hard 2 et Cliffhanger) a un style bien marqué, et c’est quelque chose que l’on retrouve ici avec de multiples références visuelles et de ton aux films fondateurs de sa carrière.

Mais à trop vouloir unir les deux mondes, Renny Harlin s’emmêle les pinceaux et peine à insuffler une certaine force au film. Ce qui aurait pu être un joli mélange des genres ne se transforme qu’en sympathique passe-temps : ni bien malin, ni bien passionnant, Funeral Killers a le mérite néanmoins d’avoir ce côté « plaisir coupable » qui permet aux films d’action des années 90 les moins réussis de rester dans le cœur de quelques admirateurs. Finalement, si l’on sait dans quoi on met les pieds, le film remplit très bien son rôle de divertissement un peu con-con.

Funeral Killers
2