Le Festival de Cannes reprend du service

Annulé pour cause de pandémie l’an passé, le Festival de Cannes est de retour sur la Croisette pour sa 74ème édition qui se déroulera du 6 au 17 juillet. Si peu de films asiatiques sont en lice pour la Palme d’Or, les autres sélections ne sont en revanche pas en reste coté péloches en provenance de l’Extrême-Orient. Tour d’horizon de la programmation.

Après s’être fait porter pâle sur fond de vague épidémique, une première depuis l’interruption du Festival durant les évènements de Mai 68, le traditionnel rendez-vous du 7ème art prend à nouveau ses quartiers dans la cité cannoise. Une édition présidée cette année par le réalisateur afro-américain Spike Lee.

Parmi les autres jurés, on retrouve notamment Song Kang-Ho, acteur emblématique de la Nouvelle Vague du cinéma coréen que l’on a pu voir à l’affiche de Memories of Murder, The Host ou plus récemment de Parasite, Palme d’Or du dernier festival et premier film sud-coréen à se voir décerner cette récompense.

Bien que le cinéma asiatique ait été plébiscité lors des deux dernières éditions, il s’est cette fois-ci fait plutôt rare parmi les nominations pour la Palme d’Or. Sur les 24 long-métrages en compétition, on dénombre seulement deux films réalisés par des asiatiques, dont une co-production internationale.

Salué par la critique pour ses deux précédents films, la fresque intimiste Senses et le très « rohmérien » portrait de femme Asako I & II, Ryusuke Hamaguchi rejoint de nouveau la sélection officielle, confirmant un peu plus son statut de figure de proue du cinéma japonais actuel.

Adapté d’une nouvelle de l’écrivain à succès Haruki Murakami, son nouveau long-métrage Drive my car suit un metteur en scène en proie à la mélancolie qui se voit proposer de monter une pièce de Tchekhov à l’occasion d’un festival de théâtre. Sa rencontre avec une jeune chauffeure réservée va peu à peu l’amener sur la voie de la résilience. A découvrir sur les écrans français le 18 aout.

Lauréat de la Palme d’Or en 2010 pour son film Oncle Boomee, celui qui se souvient de ses vies antérieures, le réalisateur thaïlandais Apichatpong Weerasethakul signe avec Memoria sa première production internationale. Tourné en Colombie, le long-métrage verra l’actrice britannique oscarisée Tilda Swinton donner la réplique à la française Jeanne Balibar.

On retrouvera également le cinéaste au générique du film à sketches The Year of the everlasting storm, présenté en séance spéciale, aux côtés notamment du réalisateur singapourien Anthony Chen et de l’iranien Jafar Panahi.

Si les deux long-métrages en compétition évoqués précédemment sont, à n’en pas douter, dignes d’intérêt, les afficionados du cinéma asiatique devront plutôt aller fureter dans le reste de la programmation pour y trouver leur compte.

On peut ainsi évoquer la sélection parallèle Un Certain Regard, certes moins prestigieuse mais qui depuis 1978 fait le pari de donner davantage de visibilité à des œuvres cinématographiques plus atypiques, s’employant ainsi à offrir un tremplin aux cinéastes les plus prometteurs.

Parmi les films présentés cette année, on trouve le long-métrage de science-fiction avec Collin Farrell After Yang réalisé par le coréano-américain Kogonada, bien connu des cinéphiles pour ses nombreuses contributions aux suppléments des éditions video de la prestigieuse Criterion Collection et collaborateur régulier du British Film Institute ; le drame Blue Bayou, de et avec l’acteur Justin Chon, que l’on a notamment vu dans la saga Twilight, ainsi que le film bangladais Rehana Maryam Noor d’Abudllah Mohammad Saad.

Figure également dans cette sélection Gaey Wa’r, les Nuits de Zenwhu du chinois Jiazuo Na, aussi nominé pour le prix de la Caméra d’Or, décerné aux meilleurs premiers films.

Autre prétendant en lice pour cette récompense, le thriller Are you lonesome tonight ? de Wen Shipei, projeté en séance spéciale.

La Chine sera pareillement présente à la Quinzaine des Réalisateurs, une sélection parallèle du festival, avec Ripples of Life de Wei Shujun. A la manière du film de François Truffaut La Nuit Américaine, le récit plante son décor dans une petite ville de la province du Fujian qui voit son quotidien chamboulé par l’arrivée d’une équipe de tournage.

Les festivaliers auront l’opportunité de découvrir plusieurs films en avant-première mondiale notamment In Front of your Face du cinéaste sud-coréen Hong Sang-soo, un habitué de l’évènement, et le nouveau film de Mamoru Hosoda, Belle, relecture cyberpunk du conte de Perrault qui voit le virtuose de l’animation renouer avec l’un des thèmes de prédilection de ses premières réalisations, les mondes virtuels et leurs traitreux attraits.

Les amateurs d’anime pourront par la même occasion découvrir le documentaire du français Pascal-Alex Vincent consacré à feu Satoshi Kon, Satoshi Kon, l’Illusioniste. Dix ans après sa mort prématurée, le film donne la parole à ses anciens collaborateurs, auxquels s’ajoutent les témoignages d’autres grands noms de l’animation comme Mamoru Hosoda ou Mamoru Oshii ainsi que des artistes occidentaux saluant son immense talent et son avant-gardisme.

Outre sa présence dans le jury, l’acteur Song Kang-ho sera également à l’affiche du film catastrophe d’Han Jae-rim, Emergency Declaration, inspiré de faits réels, présenté hors-compétition.

Si l’accès aux projections est essentiellement dévolu aux professionnels, le Festival tient malgré tout à organiser des séances gratuites et ouvertes à tous. A la tombée de la nuit, rendez-vous est donnée aux festivaliers, aux locaux et aux vacanciers face à la baie de Cannes pour le Cinéma de la Plage. Cette année, ça va vrombir sur la Croisette ! Deux jours avant sa sortie dans les salles françaises le 14 juillet, les spectateurs pourront voir le neuvième épisode de la saga Fast and Furious, réalisé par l’americano-taiwanais Justin Lin qui a déjà plusieurs volets à son actif.

Vitrine pour les nouveaux films, le Festival de Cannes n’oublie pas pour autant de réviser ses classiques. Crée en 2004, la sélection Cannes Classics œuvre à préserver et mettre en valeur le patrimoine cinématographique mondial en proposant documentaires et films de renom dans des copies restaurées. Cette année, deux films japonais figurent dans la liste des titres remis à l’honneur ; La Lune s’est levée, sorti en 1955 et réalisé par l’actrice Kinuyo Tanaka d’après un scénario d’Ozu, et L’Etang du Démon de Masahiro Shinoda, datant de 1979.

D’autres chroniques à venir ici même, en espérant que le festival soit à la hauteur de l’attente.

Pour plus d’infos : https://www.festival-cannes.com/fr/