Critique : Violet Evergarden de Taichi Ishidate

Date de sortie
19/05/2021
Réalisation
Taichi Ishidate
Scénario
Reiko Yoshida
Production
Kyoto Animation
Distributeur
Eurozoom
Notre score
4.5

Pour Violet Evergarden, tout commence en 2015 avec la publication d’un light novel qui a rapidement trouvé son public. Cette histoire d’une jeune femme, ancienne soldate, devenue une « poupée de souvenirs automatiques » dont le seul but est d’aider les gens à mettre des mots sur leurs émotions. Une histoire touchante, souvent très dure, qui aborde autant des thématiques liées à la guerre qu’à l’espoir et la reconstruction. En 2018 un anime est sorti, concocté par le réputé Kyoto Animation, avant que l’on voit enfin arriver ce film, tant attendu et dont la sortie avait été repoussée à cause du drame qui a touché le studio en 2019. Nous y voilà donc, Eurozoom a distribué le film Violet Evergarden dans nos contrées depuis la réouverture des salles de cinéma le 19 mai dernier.

Synopsis :
« Plusieurs années après la fin de la guerre, le quotidien des gens est peu à peu impacté par le développement des nouvelles technologies. Violet quant à elle, espère encore que Gilbert soit toujours en vie et n’a de cesse de penser à lui. Ce sentiment de manque ne la quitte jamais, de jour comme de nuit. Un jour, la jeune femme reçoit un appel pour du travail et part à la rencontre de nouveau client : un garçon nommé Julis. Pendant ce temps, une lettre inconnue vient d’être retrouvée à l’entrepôt postal… » (Eurozoom)

L’histoire du film est une continuité de celle de l’anime, même si ce dernier n’est pas entièrement nécessaire à la compréhension du film. Capable d’exister par lui-même, le film parvient avec beaucoup de douceur à raconter les enjeux de la série animée, rendant son récit tout à fait digeste pour les personnes qui n’ont plus la série en tête. On y retrouve toujours les mêmes thèmes : l’amour évidemment, avec cette question de la signification des mots « je t’aime » qui est au centre du développement de son héroïne Violet, mais aussi les traumatismes liés à la guerre, ses impacts psychiques et la reconstruction des âmes et des corps après avoir souffert d’une violence insupportable pendant des années.

Il y a une beauté indescriptible dans la manière qu’a le film d’aborder ces thématiques, avec une capacité à parler de traumatismes, de vies et d’âmes brisées en se réfugiant dans une douceur qui transparaît tant dans les mots que les images. Violet est un personnage au passé difficile, d’une extrême violence, qui a vécu l’horreur mais qui se met au service des autres pour rendre leurs vies plus douces. Il y a quelque chose de très touchant dans ce personnage, qui porte avec force et courage le poids d’une guerre qui a tout changé. Si la série animée a provoqué de nombreux pleurs, le film n’en est pas moins généreux en scènes bouleversantes, en parvenant à ne pas faire cette erreur comme beaucoup font, où les émotions sont forcées avec une musique au ton dramatique et des regards misérabilistes. Violet Evergarden parvient à émouvoir autrement, en montrant cette « quête » qui anime Violet, elle qui ne cesse de rêver de retrouver celui qui a changé sa vie, une quête qui l’amène à s’interroger constamment sur ses émotions et celles des autres. A ses côtés, on trouve de nombreux personnages qui donnent vie à cet univers post-guerre où la vie reprend peu à peu son cours malgré les peurs et les horreurs vécues collectivement.

© Kana Akatsuki,Kyoto Animation/Violet Evergarden Production Committee

Captivant, Violet Evergarden a aussi pour lui une direction artistique toujours terriblement maîtrisée, avec ses couleurs harmonieuses, son animation qui rappelle toute l’expertise du studio Kyoto Animation en la matière, et surtout une bande-originale qui rythme le film et qui le rend si fort émotionnellement. Le film profite enfin d’une mise en scène au ton dramatique très réussie, notamment pour quelques plans si malins et ingénieux qui permettent au long métrage d’aller bien plus loin que la série animée. Sans retirer un quelconque mérite à celle-ci, le film passe à la vitesse supérieure et démontre une volonté d’affirmer l’importance de la mise en scène pour raconter son histoire, plutôt que les dialogues, en utilisant autant que possible les décors et le mouvement en faveur d’un univers qui se veut doux-amer.

Plus fort, plus émouvant encore que la série animée, Violet Evergarden est un grand film de cinéma, un de ceux qui brillent tout particulièrement pour leur maîtrise de l’art cinématographique, au-delà du simple récit. Évidemment que l’histoire de Violet est touchante, difficile, en abordant des thématiques autour de la guerre et des traumas qui en découlent. Mais le film réussit là où d’autres films d’animation qui passent au cinéma ont parfois plus de mal, en offrant un véritable moment de cinéma qui fait la part belle à la mise en scène et au mouvement pour donner vie et consistance à ses images. C’est une grande réussite pour Kyoto Animation, qui tient là une nouvelle référence.

Violet Evergarden
4.5