Critique : Shang-Chi et la légende des dix anneaux de Destin Daniel Cretton

L’histoire : Shang-Chi va devoir affronter un passé qu’il pensait avoir laissé derrière lui lorsqu’il est pris dans la toile de la mystérieuse organisation des dix anneaux.

Shang-Chi et la légende des 10 anneaux de Destin Daniel Cretton sort dans les salles, et nous en parlons ici, car le film rend un bel hommage au cinéma de Hong-Kong, aux films de kung fu et de fantasy des années 70/80. Dans la timeline de Marvel, il se place dans la phase 4, et le personnage de Shang-Chi apparaitra désormais à n’en pas douter avec la team des Avengers dans le futur.

Tout d’abord l’histoire expose comment le Mandarin a accaparé ses 10 anneaux ayant servi à créer son organisation criminelle sans plus développer que ça cet aspect. On bifurque rapidement sur sa rencontre avec sa femme, la naissance de leurs enfants, puis la perte tragique de sa bien-aimée, et son plan afin de la retrouver. Shang-Chi lui vit à San Francisco sous le nom de Shaun, il est voiturier, a une amie encombrante nommée Katy, et on ne connaît pas son but au début de l’histoire. La construction scénaristique fait la part belle au Mandarin, qui se révèle être le personnage central du film, celui qui a un réel but à atteindre, alors que son fils lui doit « seulement » se révéler comme un héros.

 

C’est un des points forts du film, le terrible antagoniste, le mandarin, n’est pas dépeint de façon monolithique et caricatural, bien qu’immortel, c’est le personnage le plus tangible à travers ses contractions et les souffrances qu’il transporte.

Tony Leung l’incarne à la perfection, le montrant à la fois doux, comme un père aimant, et lorsque son monde bascule, comme un être sans pitié. Le charisme de la star Hong kongaise n’est plus à démontrer et le rôle de « ce » mandarin, lui va très bien. L’impossibilité de faire son deuil le rend faillible, on se demande même si le film ne va pas traiter de maladie psychologique…

La thématique de la transmission est bien amenée aussi, qu’à transmis le mandarin à ses enfants ? Le savoir des arts martiaux certes, mais aussi la violence et la haine ? Des enfants qui sont donc entrés en rébellion et se sont enfuis.

Concernant l’action, et le spectacle, le film n’est pas en reste, bien que Shang-Chi lui-même soit dépourvu de pouvoir, il est surtout très habile en arts martiaux, le spectateur va en prendre plein les yeux, soit à travers des scènes de combats au corps à corps très bien réalisées, soit lors d’une débauche d’effets à la fin accompagnée de créatures mythologiques.

Les chorégraphies sont vraiment surprenantes de lisibilité, et respecte très bien le style Hong kong, c’est dû à Bradley James Allan qui a travaillé auprès de Jackie Chan dans la « Jackie Chan stunt team » avant de devenir coordinateur des cascades et réalisateur 2e équipe sur des blockbusters hollywoodien. Malheureusement décédé en août 2021, le film lui est dédié, et c’est évident que sans lui, les chorégraphies du film n’auraient pas été aussi réussies, que ce soit celle du bus en route, ou celle sur l’immeuble à Hong Kong, on a droit à du grand spectacle.

 

Ce qui fonctionne particulièrement, c’est le dépaysement que procure le film, on sort très rapidement de San Francisco, pour aller à Hong Kong et plus le film avance, plus on découvre un folklore asiatique et chinois, avec son bestiaire et ses mythes, on pense alors Zu la montagne magique, Buddhas palm, La main de fer, ou plus récemment les Detective Dee.

Le film nous plonge dans ces univers à la fois fantasmagorique mêlant arts martiaux au sens noble du terme, avec des créatures légendaires tels les dragons, et la nature qui serait un personnage vivant à part entière.

On retrouve au casting une autre légende de Hong kong avec Michelle Yeoh, et donc Simu Liu en Shang-Chi et Awkwafina dans le rôle de Katy qui fait du Awkwafina aseptisé de tout débordement grossier, on est à la limite parfois mais elle incarne bien son rôle de sidekick bourrue. Fala Chen interprète, elle, le rôle Jiang Li, la femme du Mandarin. Fala Chen nous rappelle un peu Brigitte Lin dans the Bride with white Hair, surtout dans la scène de rencontre avec le Mandarin dans laquelle ils vont s’affronter lors d’un combat aussi acrobatique que romantique… on sent la séduction naître entre eux deux dans ce ballet au milieu d’une forêt magique, une vraie réussite.

 

Le scénario souffre tout de même d’un cahier des charges à respecter, et le personnage de Shang-Chi semble moins intéressant et moins épais narrativement que celui du Mandarin. Awkwafina, elle, joue parfois de facilité, et les mangeurs d’âmes sortent d’on ne sait où exactement… Toute la partie pour récupérer les médaillons est un peu facile, mais on ne saisit pas le but exact, est-ce qu’il souhaitait les médaillons ou retrouver ses enfants ? Mise à part ça, on ne s’ennuit pas une minute dans le film, et c’est déjà réussite.

En conclusion, Shang-Chi et la légende des 10 anneaux de Destin Daniel Cretton est une agréable surprise, du grand spectacle, qui se veut un bel hommage au cinéma de Hong kong, avec 2 de ses légendes mises au 1er plan, à savoir Tony Leung Chui Wai et Michelle Yeoh. On y passe un bon moment, sûrement un des Marvel les plus abordables depuis longtemps, espérons que le film fera des émules et relancera l’envie de se replonger dans les films HK comme lors de la sortie de Tigres et dragons et de Kill Bill avaient en leur temps qui avaient amenées leur lot de rééditions et de rétrospectives.

3.5