Critique : Souvenirs de Marnie de Hiromasa Yonebayashi

Souvenirs de Marnie de Hiromasa Yonebayashi
Malgré un scénario possédant quelques faiblesses, Souvenirs de Marnie reste une production Ghibli avec toutes les qualités que cela comporte. Le film de Hiromasa Yonebayashi est un joli conte à la fois classique et moderne, qui a des fortes chances de plaire aux petits et aux grands.
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3.5

Souvenirs de Marnie raconte l’histoire d’Anna, une jeune fille qui n’a aucune amie jusqu’au jour où elle rencontre Marnie, une fille étrange avec qui elle se lie d’amitié. Cependant, la mystérieuse Marnie disparaît le jour où la famille Lindsays emménage dans sa maison. Anna, qui a sympathisé avec la nouvelle famille, décide d’en savoir plus sur son amie et les raisons de sa disparition.

Souvenirs de Marnie a été présenté en avant-première lors du 9eme festival Kinotayo et sortira sur nos écrans le 14 janvier 2015, distribué par The Walt Disney Compagny.

Dernier et ultime film des studios Ghibli, Souvenirs de Marnie clôt une très grande aventure du cinéma d’animation japonais qui a commencé il y a une vingtaine d’années.  Les maîtres du studio, Miyazaki et Takahata, ayant décidé de prendre leur retraite respective suite à leur dernier film en tant que réalisateur : Le vent se lève pour le premier et Conte de la princesse Kaguya pour le second.

Souvenirs de Marnie lui est réalisé par Hiromasa Yonebayashi, assistant de Miyazaki ayant fait ses preuves comme réalisateur avec Arrietty le petit monde des chapardeurs (2010).

Dans ce film, on retrouve ce qui fait le bonheur des amateurs des productions Ghibli, à savoir : onirisme, émotion, beauté des paysages japonais, relations humaines fortes, etc.

Commençant par une situation réaliste et triste : Anna, une jeune orpheline souffrant d’asthme, vivant chez sa tutrice, est envoyée à la campagne pour se ressourcer. Dès lors le scénario va prendre une dimension plus onirique, Anna découvrant un monde fantasmagorique dans la petite ville de province.

Le scénario de Souvenirs de Marnie joue habillement entre la réalité et monde fantasmé ancré dans le passé, à la rencontre de cette fameuse ‘Marnie’, nous entraînant dans une intrigue teintée de mystère. Qui est Marnie, quel est son lien avec Anna ? Le réalisateur japonais réussit parfaitement à imbriquer les séquences réalistes aux séquences imaginaires qui font écho à la vie d’Anna : Marnie est-elle aimée par ses parents / Anna est elle aimée par sa tutrice ?

La maison se veut un lieu magnifié, fantasmé, comme une porte dimensionnelle vers le passé, sans que ce soit réellement explicité, on ne sait jamais vraiment si Anna imagine tout d’elle-même, ou bien si elle vit vraiment des moments avec Marnie qui serait alors la représentation d’un esprit ou d’un fantôme.

Comme tout bon conte qui se respecte, certains passages sont assez noirs et angoissants, les servantes de Marnie font sacrément peurs, et la scène du grenier dans un style assez gothique en fera frissonner plus d’un.

Visuellement c’est tout le savoir faire Ghibli, un character design reconnaissable immédiatement, un grand soin apporté aux décors, que ce soit les bâtiments d’architecture comme la maison, ou les paysages naturels, des effets de lumières magnifiques, et une animation fluide, rendant parfaitement les émotions des personnages.

C’est plutôt au niveau de l’histoire qu’on regrettera quelques petits points, tout d’abord des raccourcis ou des facilités scénaristiques, comme le journal intime de Marnie retrouvé très facilement, mais plus gênant est le côté appuyé de la détresse d’Anna. Son personnage cumule les aspects dramatiques, visant à émouvoir : orpheline souffrant d’asthme, solitaire, tutrice payée pour s’occuper d’elle, etc… Cette construction scénaristique se révèle un peu trop forcée, certains spectateurs seront émus quand d’autres ne verront que des mécanismes à faire pleurer sans tomber dedans. Malgré tout le suspens autour de la relation entre Marnie et Anna est bien exploité et le mystère tiendra jusqu’à la fin du film. Souvenirs de Marnie n’a pas la force onirique d’un Miyazaki mais reste un joli film à ranger à côté de La colline aux coquelicots (2011).

Là où Le vent se lève s’adressait à un public plus adulte, et Conte de la princesse Kaguya qui est à part, dû à sa direction artistique, Souvenirs de Marnie vise lui un public plus large, plus familial. Malgré un scénario possédant quelques faiblesses, Souvenirs de Marnie reste une production Ghibli avec toutes les qualités que cela comporte. Le film de Hiromasa Yonebayashi est un joli conte à la fois classique et moderne, qui a des fortes chances de plaire aux petits et aux grands.

L’ultime Ghibli au cinéma est à découvrir en salles à partir du 14 janvier 2015.