Critique : Pandora de Jong-Woo Park

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Fraîchement sorti le 17 mars 2017 sur la plateforme Netflix, Pandora est un film catastrophe dramatique réalisé par Jong-Woo Park dont l’intrigue se penche sur une petite ville de Corée du Sud qui puise ses richesses économiques et sa fierté dans une très ancienne centrale nucléaire vétuste et délabrée surplombant les habitations alentours et qui représente un moteur d’emplois pour la grande majorité des résidents, comme pour Jae-Hyeok, notre protagoniste. Un tremblement de terre brutal provoque finalement l’explosion imminente de la centrale poussant Jae-Hyeok et ses collègues ouvriers à se lancer dans une course contre la mort et pour la survie de la nation.

Pandora est vraisemblablement LE film catastrophe à caractère dramatique par excellence : Un premier désastre naturel bouleverse la quiétude du village et engendre alors un second danger technologique, créant la forte menace d’une explosion nucléaire pouvant engendrer la mort de l’intégralité des habitants du pays coréen. Nous assistons ensuite aux conséquences engendrées par ces éléments perturbateurs qui mettent en scène une situation de crise extrême pour la population coréenne et qui font se dévoiler des liens humains intenses et un sentiment de devoir singulier, dans lequel l’homme fait corps avec sa profession et sa patrie.

Le héros, Jae-Hyeok, joué par Nam-Gil Kim (The Shameless), n’a assurément rien d’enviable: Il est le loser type qui vit chez sa mère, travaille dans une vieille usine, n’a pas particulièrement d’atouts physiques, et n’est pas spécialement perspicace non plus. Il est aussi capricieux, peut parfois se comporter comme un véritable enfant en en adoptant les mimiques, et est souvent tourné au ridicule par son entourage. Et pourtant, les évènements tragiques feront monter à la surface des valeurs humaines et sociales chez Nam-Gil Kim singulièrement remarquables. Assurément, ce sont des qualités qu’on s’attendait sans surprise de voir s’éveiller chez un personnage principal qui fait preuve rapidement d’un patriotisme exacerbé et d’une solidarité jamais vue en vrai. Et pourtant, il saura nous émouvoir jusqu’aux larmes, tandis le jeu d’acteur Nam-Gil Kim nous surprendra par sa puissance et sa sensibilité naturelle, dépassant de loin celui des personnages secondaires.

Sans hésitation, les ouvriers de longue date de l’usine semblent prêts à abandonner sans remord la centrale; mais, quand il est question de vies humaines, ils seront capables de braver les risques les plus mortels en faisant corps avec la profession, à un point quasi irréaliste mais malgré tout poignant et inévitablement fortement émouvant, marquant un contraste avec la détresse humaine et la panique présentes dans les rues des agglomérations. Ces valeurs héroïques et patriotiques sont mises en parallèle par une représentation nuancée – ce qui est appréciable et nous fait légèrement dévier des stéréotypes habituels des personnages de cinéma – du gouvernement coréen qui regroupe des discordes en son sein. Désarmé et impuissant, le premier ministre refusera les paroles de ses conseillers aveuglées par l’argent et la réputation et prêts aux pires sacrifices, mais ne pourra offrir aucune solution. Le film démontre une ingérence totale du pouvoir face aux pires situations de crises, et à des dilemmes épouvantables : qui faut-il sacrifier au bénéfice de qui et de quoi ?

Tout au long de la narration, le réalisateur Jong-Woo Park semble aimer jouer sur les longueurs et manipule le rythme de l’histoire de manière à nous désarçonner au moment le moins attendu; Le film débute avec une certaine lenteur et un ton quelque peu léger quand on sait ce que la suite promet. Le réalisateur semble même nous narguer se servant d’allusions à l’avenir créant une certaine ironie de situation à travers certaines répliques : « Ne te prends pas la tête à parler de mort », insinuant qu’un mal arrivera bientôt briser la tranquillité présente.
Une série de mauvaises nouvelles soudaines ne cessent ensuite de nous frapper et le premier choc nous réveille subitement. C’est quand on attend plus le danger qu’il revient nous frapper sans pitié.

Pandora offre des images crues, jamais adoucies ou enjolivées, et nous étale les violences causées par les technologies de l’homme et les vies et villes détruites par l’amour injustifié de l’argent poussant au sacrifice des minorités. En fait, le film ne nous épargnera jamais, et on en ressortira épuisé, le cœur lourd de tous ses désastres et ces émotions qui se succèdent sans relâche dans une course contre la montre partageant les valeurs ouvrières, humaines, et gouvernementales. On se doute naturellement que le courage et la bravoure affichés dans le long-métrage sont quelque peu démesurés d’un point de vue rationnel, mais on ne peut que se laisser prendre par la puissance des émotions dures et des actions à la fois héroïques et accablantes qui nous transportent du début à la fin, et surtout à la fin.

Critique : Pandora de Jong-Woo Park
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