Critique : A story of Yonosuke de Shuichi Okata

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L’histoire : En 1987, Yonosuke âgé de 18 ans, emménage à Tokyo et se retrouve confronté à la vie universitaire. Malgré son manque de talent, il rejoint le club de samba où il se plaît à danser librement. Très vite, il fait la rencontre de Shoko, une fille excentrique qui semble s’intéresser à lui. Mais Yonosuke, lui, s’est déjà entiché d’une mystérieuse femme du nom de Chiharu. 16 ans plus tard, on retrouve ses anciens amis, les gens qui l’ont connu essayant de se souvenir de lui car Yonosuke vient de décéder.

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A story of Yonosuke réalisé par Shuichi Okata a été présenté au Festival du cinéma japonais contemporain Kinotayo en 2013  et est dorénavant disponible sur la plateforme vod outbuster.com

A story of Yonosuke fait parti de ces films qu’on n’attend pas et qui nous cueille par leur atmosphère et leur originalité. Le long-métrage de Suichi Okata, adapté d’un roman de Shuichi Yoshida, nous transporte dans le Tokyo des années 80, à la rencontre de Yonosuke qui arrive tout juste dans la capitale pour entrer à l’université. Yonosuke découvre une nouvelle ville, presque un nouveau monde, avec ses charmes et ses difficultés.

Avant tout A story of Yonosuke est la description d’un personnage atypique, Yonosuke, jeune homme candide à l’extrême, vivant sa vie sans se poser de question et sans jugement de valeur. Yonosuke se trouve encore à la frontière de l’enfance alors qu’il aborde pourtant l’âge adulte.

Suichi Okata semble nous raconter en premier abord l’histoire de Yonosuke se basant juste sur cette première année de fac, proposant un film nostalgique et tendre, mais au second plan, le réalisateur japonais va bien au-delà. En nous montrant avec des séquences parallèles, ce que sont devenus les étudiants vingt ans plus tard, Suichi Okata nous parle de la vie, de ses directions, des espoirs transformés ou déçus, des liens qui unissent les Hommes comme les souvenirs partagés, et enfin de la mort. Les différents protagonistes se rappellent tous de Yonosuke, un souvenir plus ou moins lointain, mais il a marqué leur vie à chacun d’une certaine façon. Yonosuke, lui, nous ne le reverront pas, car il est décédé.

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Après cette nouvelle, le film retourne dans les années 80, le réalisateur continue de nous raconter cette fameuse année de fac de Yonosuke qui a été tant déterminante dans sa vie et dans celles de ses proches. Par ce dispositif, Suichi Okata, nous fait prendre conscience de la fragilité de la vie, et de son importance. Le film développe une dimension philosophique sans être démonstratif, c’est par touche, par juxtaposition des séquences nostalgiques avec la réalité contemporaine, mais surtout à travers cette très belle idée qui est de continuer à faire vivre Yonosuke en nous le faisant découvrir jusqu’à la fin du film. Plus le long-métrage avance, plus nous comprenons ce jeune homme original, semblant inadapté, qui est simplement un peu naïf et profondément bon.

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Suichi Okata arrive à nous émouvoir, nous faire rire, nous plonger dans la justesse des relations humaines, tout en réalisant un drame qui ne se veut pas pesant, par ailleurs on rira la majorité du film. La source des scènes comiques se trouve essentiellement dans la relation que Yonosuke va entretenir avec Shoko, une jeune fille bourgeoise, totalement décalée, voire plus naïve que lui. Cette romance pour le moins originale où ces deux personnages sont incapables de dévoiler leurs sentiments apporte nombre de situations comiques et tendres qui rythment le film.

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Les acteurs sont tous formidables, ils arrivent à changer complètement leur façon d’être entre les séquences de fac et les scènes contemporaines. Yuriko Yushitaka qui interprète Shoko est méconnaissable juste par sa façon de jouer, lorsqu’on la découvre à la trentaine, ce n’est plus du tout une jeune femme très naïve mais elle est devenue une baroudeuse. Kengo Kora qui joue Yonosuke, porte le film sur ses épaules, et apporte à son personnage un supplément d’humanité qui permet d’accepter son caractère si lunaire. Il fallait trouver un acteur capable d’incarner avec justesse un tel personnage, Suichi Okata a su trouver le Yonosuke parfait pour nous transmettre cette belle histoire.

La belle photographie de Ryuto Kondo rend parfaitement les différentes ambiances du film, des couleurs dé-saturées pour le Tokyo des eighties, une froideur chirurgicale pour les séquences contemporaines, et des couleurs chaudes pour les moments de vacances passés dans le village de pêcheurs près de Nagasaki.

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A story of Yonosuke fait partie de ces films rares qu’on a du mal à classer car unique, il nous fait vivre tant d’émotions qu’on a un sentiment mélancolique quand le générique de fin apparaît. Reste la douce impression d’avoir vécu une année entière d’université avec Yonosuke et ses amis, et d’avoir vécu de belles émotions en leur compagnie. Suichi Okata est sans aucun doute un réalisateur à suivre qui risque de compter dans les années à venir, suivant possiblement les pas d’un Kore-Eda. Le film a remporté le Grand prix au Festival du cinéma japonais contemporain Kinotayo 2013.

Pour info la bande annonce ci dessous ne rend pas du tout hommage au film mais c’est la seule qu’on ait trouvée.

 

A story of Yonosuke de Shuichi Okata
A story of Yonosuke fait partie de ces films rares qu’on a du mal à classer car unique, il nous fait vivre tant d’émotions qu’on a un sentiment mélancolique quand le générique de fin apparaît.
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