Critique : The Grandmaster de Wong Kar Wai

The Grandmaster de Wong Kar Wai
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4.5

Après tant d’attente (il suffit de voir le nombre d’article sur le film que nous avons fait), la pression était très grande sur le réalisateur, surtout en voulant faire un film sur Ip Man, aka la cash machine du moment avec pas moins de six films en cinq ans…Avec autant de visions différentes, il était compliqué d’apporter de l’eau au moulin.

Le distributeur de son côté ne plaisante pas, puisqu’avec en sous-titre « il était une fois le Kung-Fu » il donne l’eau à la bouche des futurs spectateurs : On va enfin tout savoir sur le Kung-Fu. Je ne vais pas vous refaire ni l’histoire du Kung-Fu, ni celle d’Ip man.

Alors ? Histoire du Kung-Fu ou pas…c’est surtout une belle phrase marketing pour montrer que Grandmaster est un film de Wong-Kar Wai et qu’il ne s’adresse pas qu’au fan du réalisateur. J’ai d’ailleurs assister à une projection faite par le très bon magazine Positif au forum des images avec un public parfois plus fan de Wong Kar Wai que d’Ip Man lui-même. Je ne suis pas un grand Fan de Wong Kar Wai, je dois pourtant admettre que le réalisateur à un talent particulier pour sublimer les plans qu’il fait.

Le réalisateur semble avoir retenu les leçons du passé et donne du Kung-Fu dès le début du film, car Wong-Kar Wai ou pas le spectateur veut voir des coups de tatanes et tant qu’à faire bien filmé. Autant le dire tout de suite, The Grandmaster est le plus beau film de Kung-Fu que je n’ai jamais vu au cinéma. Rien n’est laissé au hasard, la scène d’introduction a demandé un mois de tournage et celle-ci donne le ton du film : Vous allez en avoir pour votre argent. Les chorégraphies signé Yuen Woo-Ping sont sublimées par la caméra de Wong Kar Wai, chaque détails du décor, chaque coups portés sont magnifiés. Autre point important, le choix des acteurs, Tony Leung Chiu-wai n’est pas un spécialiste des films de combats et s’est plusieurs fois cassé les os durant le tournage. On pouvait d’ailleurs avoir peur de ce choix, peur de son inexpérience, pourtant celui-ci est très crédible dans le rôle d’Ip Man et son jeu d’acteur ajoute une dimension supplémentaire à ce qui a déjà pu être fait sur Ip Man (Même si je trouve que Donnie Yen est très bon).

On voit aussi dans ce film tout le respect que le réalisateur peut avoir pour l’institution qu’est le kung-fu. Dans une séries de combats, on voit IP Man faire des combats d’entrainement avec plusieurs maitres qui ont tous des styles différents du sien (wing Chu) et cela permet de rendre compte au spectateur qu’il n’existe pas un kung-Fu et surtout que le S du titre Grandmaster, initialement prévu n’aurait pas été volé s’il était resté.

Mais WKW a voulu se concentrer sur Ip Man, The Grandmaster et on parcourt donc une partie de sa vie, de 1936 avec la Chine au bord de la guerre civile, à l’invasion japonaise et l’exile à Hong Kong.

On suit d’ailleurs la chute sociale d’Ip Man, qui passe du printemps de sa vie avec bonheur comme il le définit dans le film à l’hiver. Ip Man va d’ailleurs perdre deux de ses filles qui sont mortes de faim, marquant forcément le personnage principal.

La chronologie du film si elle est respectée est tout de même fortement coupé par le réalisateur. Ne voulant sans doute pas faire un film trop long (dommage), on fait des sauts temporelle avec du texte pour faire la liaison, cette petite Wong-Kar Wai Touch’, que je n’apprécie pas vraiment, gâche un peu mon plaisir. Ainsi toute la partie de Yixiantian « The Razor » joué par Chang Chen est pratiquement volatilisé à l’écran et celui-ci apparait, disparait et réapparait dans l’histoire à loisir…dommage.

Bref, à voir absolument, pour ceux qui aiment le cinéma, pour ceux qui aiment le Kung-Fu, pour ceux qui n’ont jamais vu de Kung-Fu, pour ceux qui veulent voir quelque chose de nouveau. Wong-Kar Wai, réussi à apporter quelque chose de nouveau dans l’histoire d’Ip Man et si celui-ci n’est pas parfait, sa vision l’est presque.