Critique : Lettre à Momo de Hiroyuki Okiura

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4.5

L’histoire : Suite au décès de son père, Momo, une fillette de onze ans, quitte Tokyo avec sa mère pour s’installer sur une petite île près d’Hiroshima où le temps semble s’être arrêté. Momo culpabilise car elle a elle s’est fâchée avec son père juste avant que celui-ci ne disparaisse dans un accident. Momo a trouvé une lettre de son père qui commence par « Chère Momo » mais qu’il n’a pas achevé. La jeune fille se demande qu’est-ce que son père souhaitait lui dire. Dans la maison familiale, des phénomènes surprenants commencent à se produire avec l’apparition de trois Yokai (monstres japonais) qui semblent vouloir l’aider…

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Avec Lettre à Momo, on retrouve à la réalisation Hiroyuki Okiura, le talentueux réalisateur de Jin Roh (1997). Dans un style bien différent, le metteur en scène japonais développe ici un film personnel, poétique, tendre, et attachant.

Le film commence comme un drame classique, une jeune veuve déménage avec sa fille, Momo, sur sa petite île natale pour fuir la mort tragique de son mari et se reconstruire. Momo, elle va découvrir un nouvel environnement, en restant d’abord renfermée sur elle-même, et en se demandant sans cesse qu’est-ce que son père a voulu lui dire dans la lettre inachevée qu’elle a trouvée.

C’est avec l’apparition des Yokai que le film va prendre une tournure résolument originale. Momo prend d’abord peur en découvrant ces trois personnages haut en couleurs, puis va s’acclimater petit à petit, pour vivre des aventures rocambolesques en leur compagnie, notamment le passage de chasse aux marcassins… Momo va alors s’ouvrir aux autres grâce à ses étranges compagnons de fortune mais va aussi se découvrir elle-même et trouver une certaine paix.

La réalisation de Hiroyuki Okiura se veut délicate, posée, avec tout de même des moments de bravoure, comme la scène sur le pont lors du typhon. Le metteur en scène japonais nous parle avant tout de la difficulté du deuil, de la culpabilité, mais aussi de renaissance, et de la beauté de la vie.

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Lettre à Momo ressemble beaucoup à un film Ghibli, bien que sorti deux ans avant Souvenirs de Marnie, les rapprochements sont nombreux : des jeunes filles comme personnages principaux, l’équilibre entre le réel et le fantastique, l’environnement provincial et la nature, la beauté esthétique des films, l’évolution psychologique des personnages… Lettre à Momo jouant peut-être un peu moins sur le larmoyant, si vous avez aimé l’un, vous apprécierez forcément l’autre.

Grâce à sa poésie, mêlée à l’humour développé autour des Yokai, Lettre à Momo est un film plein d’émotions qui réunira toute la famille, ayant différents niveaux de lecture. Hiroyuki Okiura est un réalisateur qu’on aimerait voir beaucoup plus souvent en salles. A découvrir donc en bluray et dvd chez Arte éditions.