Critique : 7 Jours de Yuta Murano

©2019 Osamu Souda, KADOKAWA/Seven Days War Partners
Production
2019
Réalisateur
Yuta Murano
Scénariste
Ichiro Okouchi
Distribution
Eurozoom
Notre score
4

Sélectionné au Festival d’Annecy 2020, 7 Jours (ou Seven Days War) réalisé par Yuta Murano est une nouvelle adaptation d’un roman de Osamu Souda. En 1988, celui-ci avait déjà été adapté en film « live-action » par Hiroshi Sugawara dans un film qui célébrait la rébellion de la jeunesse japonaise face à l’autorité. Trente ans plus tard, cette histoire porteuse d’espoirs revient sur le devant de la scène avec une adaptation en anime qui imagine ce même esprit de rébellion pour une nouvelle génération. Sorti en décembre dernier au Japon, le film arrivera bientôt dans les salles françaises grâce à Eurozoom.

Synopsis :
« La veille des vacances d’été, Mamoru découvre que sa voisine Aya, dont il est secrètement amoureux, va déménager. Il lui propose de fuguer une semaine pour fêter ses 17 ans. Ils se cachent dans une usine désaffectée où ils sont rejoints par leurs amis. Ils découvrent bientôt qu’ils ne sont pas seuls à se cacher là : un jeune réfugié thaïlandais tente d’échapper à la police en attendant de retrouver ses parents. La joyeuse escapade prévue par Mamoru se transforme alors en guerre de 7 jours pour sauver leur protégé. » (Eurozoom)

La guerre face à l’autorité (qu’elle soit étatique ou parentale) peut prendre bien différentes formes, et celle choisie par nos héros est avant tout personnelle : fuir pendant sept jours pour éviter un déménagement que la jeune fille d’un père député ne veut pas. Mais les choses prennent une tournure bien plus terrible pour la fille et ses amis lorsqu’ils découvrent dans cette usine désaffectée où ils se sont enfuis un enfant venu de Thaïlande, pourchassé par la police et l’immigration. Le réalisateur Yuta Murano et le scénariste Ichiro Okouchi se lancent ainsi dans un récit particulièrement proche de l’actualité en s’intéressant à une problématique humanitaire relative aux réfugiés, à laquelle l’animation japonaise n’est pas habituée. Intrinsèquement humain et bienveillant, le film profite des questions contemporaines pour raconter cet esprit de rébellion imaginé par Osamu Souda, où la résistance face aux parents se mue désormais en une forme de résistance citoyenne face à l’État pour des jeunes qui croient en une cause commune. Les personnages ne sont pas des héros, ils sont même régulièrement renvoyés à leur statut de « gamin » par la police et les politiques qui tentent de décrédibiliser leur action, néanmoins ils se soudent autour d’une cause qui les renvoie tous, personnellement, à leurs petits secrets dans l’espoir de surmonter leurs erreurs pour faire ce qui leur semble juste. 

©2019 Osamu Souda, KADOKAWA/Seven Days War Partners

Des secrets qui pèsent lourd sur leurs consciences, alors que le film répète inlassablement que les adultes -ces jeunes lycéens étant assez proches de l’âge adulte- sont des « menteurs » au contraire des plus jeunes. Une manière de raconter à quel point ces personnages sont faillibles, mais dotés d’une profondeur intéressante qui donne au petit groupe une consistance qui dépasse les clichés qu’ils semblent incarner au premier abord. Même l’histoire d’amour en toile de fond apporte quelque chose de fondamental au récit lorsque la très maline écriture dévoile toute sa force dans une poignée de dialogues déterminants pour conclure une aventure à laquelle on aimerait se joindre. Il y a en effet quelque chose de terriblement beau et prenant dans cette manière de mettre en scène une jeunesse pleine d’espoirs et de convictions, bien que l’animation et les dessins sont très classiques, où une bande de jeunes en apparence sans histoire fait table rase des conventions, des obligations et des limites posées par la société pour s’émanciper et créer leur propre histoire.  

Surprenant, 7 Jours est un film porteur d’espoir et d’humanité. Tendre et bienveillant, le film n’épargne pourtant pas ses personnages pour leur permettre de grandir sans pour autant renier leur innocence et leurs idéaux, racontant une nouvelle génération qui veut s’affirmer et proposer quelque chose de différent pour la société. Malgré un style visuel assez quelconque, le film séduit par sa manière de raconter à sa manière cet esprit de rébellion en honorant le roman de Osamu Souda ou même la précédente adaptation du livre dont l’actrice Rie Miyazawa, héroïne du film de 1988, incarne ici un personnage en lui prêtant sa voix. 

7 Jours
4