Critique : Suneung (Pluto) de Shin Su-won

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2.5

Le festival du film coréen à Paris permet actuellement de découvrir le travail de la réalisatrice Shin Su-won, à travers une sélection de courts métrages ainsi que ses deux longs-métrages. Suneung est son second film sorti cet été en Corée.

Suneung démarre bien, avec une succession de plans incisifs mêlant un groupe de jeunes cagoulés et armés chassant un lapin dans la neige, et des plans d’étudiants en effervescence le jour du bac, terminant sur l’assassinat dans la forêt de Yoo-Jin.

Puis après cette entrée en matière mystérieuse et efficace, nous suivons Joon, le colocataire de Yoo-Jin qui est suspecté par la police, la narration se fragmente alors en deux : Joon aujourd’hui qui est à la dérive, et Joon arrivant quelques mois auparavant dans ce lycée.

Ce procédé est intéressant au début, mais rapidement on se perd dans le récit, dans la temporalité et plus encore dans le propos.

Effectivement le film aborde les thèmes de l’échec scolaire et social, du harcèlement, du suicide, de la violence, du système éducatif jusqu’au-boutiste coréen… et au final on n’arrive pas à comprendre ce que voulez nous transmettre la scénariste/réalisatrice ?

Car si le propos pluriel est noyé, la forme est tout aussi étonnante : on navigue entre chroniques réalistes de la vie d’un lycée, et film surréaliste, qui penche vers le film d’horreur sans jamais y parvenir réellement. Tel est le problème de Suneung : être en équilibre entre deux genres, sans choisir… Du coup, si on s’attend à une chronique acerbe du système éducatif, on sera déçu car le film n’est pas réaliste, et si on est amateur de film d’horreur en milieu étudiant, on le sera également car finalement il n’y a pas beaucoup d’hémoglobine dans ce film et l’horreur est majoritairement hors champs…(nous sommes loin de Battle royale)

La réalisatrice, présente, a expliqué qu’elle tendait vers le film d’horreur tout en voulant parler des problèmes évoqués précédemment, seulement en tant que spectateur, nous restons sur notre faim.

Par ailleurs, Suneung a un problème de rythme, ralentissant beaucoup l’action, rendant le dénouement un peu agaçant. Là aussi, visiblement, Shin Su-won a eu du mal à choisir, car les coréens ont eu droit à une version écourtée du film, expliquant que certaines séquences perdaient le spectateur…totalement d’accord, mais pourquoi nous proposez cette version longue ? Par ailleurs, l’enquête de police est laissée à l’abandon dans la narration, nous retrouvons les policiers quasiment qu’à la fin, ce qui donne l’impression d’une construction pour le moins bancal.

La mise en image est tout de même réussie, les jeunes acteurs sont bien dirigés, et certaines scènes sont marquantes. L’impression générale demeure que le propos aurait gagné à être traité plutôt de façon réaliste.

Suneung de Shin Su-won est un étrange film entre chronique réaliste sur les dérives du système éducatif coréen et film d’horreur…manquant d’une réelle direction dans ses choix, qui laissera le spectateur sûrement un peu dubitatif.

Synospis :

Yoo-jin était le meilleur élève du lycée. Lorsqu’il est retrouvé mort, à l’évidence assassiné, son colocataire Joon est le premier suspect aux yeux de la police, mais faute de preuves, il est relâché. Joon était arrivé dans ce lycée d’élite quelques mois plus tôt. Tandis que l’enquête progresse, le récit va remonter le fil des mois précédents…