Remarqué dans les festivals avec son « The Journals of Musan » en 2010, Park Jung-Bum a fait du social son moteur créatif tout au long de sa carrière. Assistant de Lee Chang-Dong sur Poetry (prix du scénario à Cannes en 2010), il abandonne cette fois l’aspect Corée du Nord, central de son premier opus, pour se concentrer sur les « petites gens » de la région du Gangwon en Corée du Sud.
Son personnage, c’est Jeong-Chul, qui se saigne aux quatre veines pour faire survivre sa sœur malade mentale et sa nièce. Son seul rêve, faire vivre tout le monde dans une maison délabrée qu’il retape lui-même sur ses heures libres. Jeong-Chul n’a qu’une seule chose, c’est la vie, et il utilise ce capital de la plus exemplaire des manières.
Trop exemplaire même, le personnage n’échappe pas à un certain côté héroïque qui pourra agacer, pas aidé par une interprétation de l’acteur-réalisateur qui manque cruellement de relief. Les acteurs masculins sont d’ailleurs tous plus ou moins problématiques. On ne croit pas une seule seconde au personnage de l’ami handicapé et le patron de l’usine peine lui aussi à convaincre. Côté interprétation on se consolera donc avec les personnages féminins, avec la remarquable Lee Seung-Yeon (aperçu dans l’inoubliable « Breathless ») dans le personnage de la sœur et le personnage de la nièce interprétée par une jeune actrice tout aussi remarquable.
Ce qui est problématique c’est que le film ne repose que sur ses personnages. L’intrigue est simple et ne repose que sur des enjeux qui sont là pour donner une direction générale au film. Les personnages n’étant pas tous intéressants ni bien interprétés, le héros en tête, on se retrouve avec un tout plutôt bancal.
L’aspect le plus réussi du film reste sans aucun doute la mise en scène, organisée autour de long plan-séquences qui s’étalent souvent sur plusieurs minutes sans coupe, ce qui permet au film de rester relativement intéressant tout au long de ses (tout de même) trois heures.
On ne peut s’empêcher de penser ce qu’aurait pu donner le film interprété par un Yang Ik-Jun par exemple, auteur (et acteur) du mésestimé chef-d’oeuvre Breathless et qui aurait pu incarner ici la rage de vivre du personnage principal d’une tout autre manière.
Alive reste donc tout de film un film à voir car rare, si vous arrivez à passer outre un côté misérabiliste indéniable et une interprétation en demie-teinte.
https://www.youtube.com/watch?v=NWREwrCiTU0