Vesoul 2019 : Tout le programme du Festival International des cinémas d’Asie

C’est aujourd’hui que commence la 25eme édition du Festival International des cinémas d’Asie. Cette année encore, la liste est longue et les films à découvrir sont de qualité, vous pourrez découvrir tous ces films jusqu’au 12 février 2019

Films en Avant première :

Funan de Denis Do

Chou, jeune cambodgienne, est séparée de son fils Sovanh dès les premiers jours de la révolution khmère rouge de 1975. Comme tant d’autres, Chou sera déportée, contrainte aux travaux forcés. Un à un, les siens lui seront arrachés. Elle connaîtra l’injustice, le désarroi et l’impuissance. Elle devra affronter la faim, la peur… la mort. Femme, mère et épouse, Chou va devoir trouver la force d’exister, de décider et de survivre.

« Funan, c’est l’histoire d’une famille. D’une femme… Ma mère. Ce film raconte ses sacrifices, ses déchirures et sa survie sous le régime des Khmers rouges. Par ce récit, je souhaite aborder les émotions, les relations. Explorer la complexité des rapports humains dans un contexte extrême d’oppression. Il ne sera pas question de bien et de mal. Le film nous plonge dans la vie de gens normaux, épuisés par la souffrance. Il ne juge pas, ne blâme pas, mais essaie de comprendre et de faire comprendre. Car c’est bien le premier pas d’un long chemin vers le pardon. » Denis Do.

Working Woman(Isha Ovedet) de Michal Aviad

Orna est mère de trois jeunes enfants. Son époux fait beaucoup d’efforts pour démarrer son propre restaurant. Pour aider sa famille et arrondir les fins de mois, Orna reprend le travail et est embauchée par un ancien cadre supérieur de l’armée, Benny, qui maintenant réussit en tant que promoteur immobilier. Pendant qu’Orna prend à bras le corps son nouvel emploi et essaie de jouer entre ses obligations professionnelles et la vie à la maison, elle commence à subir de plus en plus de harcèlement sexuel de la part de son patron. Son ascension rapide dans la hiérarchie et sa réussite financière croissante semblent fonctionner en parallèle avec un type de comportement prédateur qui finalement met aussi bien sa carrière que son mariage en péril.

J’ai essayé dans le film de comprendre les rudes conséquences du harcèlement sexuel sur la victime et tout son entourage, sa relation avec son mari et ses enfants, et sa capacité à retrouver du travail. En même temps je voulais comprendre pourquoi le harceleur et l’environnement social ferment les yeux.” Michal Aviad.

Alpha, the Right to Kill de Brillante Mendoza

Manille. Sur fond de répression policière antidrogue, une opération de police massive est lancée contre Abel, un des plus gros trafiquants de la ville. Le policier Espino et son informateur Elijah, petit trafiquant, jouent un rôle clé dans cette opération. Alors que l’équipe SWAT se déploie dans le bidonville, la situation dégénère rapidement en affrontements violents entre la police et le gang d’Abel. Dans le chaos, avant que les enquêteurs n’arrivent sur les lieux, Espino et Elijah s’emparent d’un sac à dos rempli d’argent et de méthamphétamines. Ce geste de corruption pour l’un et de survie pour l’autre va bientôt déclencher une série d’événements dangereux, mettant en péril leur réputation, leur famille et leur vie.

Alpha, The Right to Kill a remporté le prix spécial du jury au Festival international du film de San Sebastian en 2018.

Les Étendues Imaginaires (A Land Imagined) de Yeo Siew Hua

Lok, enquêteur de police dans la ville industrielle de Singapour, est à la recherche de Wang, travailleur immigré disparu. Wang a été victime d’un accident sur son chantier et se fait du souci en pensant qu’il sera renvoyé chez lui. Insomniaque, il commence à fréquenter au milieu de la nuit un café nébuleux. Espérant y trouver une relation dans ce pays étranger où il se sent aliéné, il entame une amitié virtuelle avec un joueur mystérieux mais cela prend une mauvaise tournure. Quand soudainement Wang disparaît, Lok étudie en détail les indices qui le mènent à un site industriel d’extension sur la mer, espérant y découvrir la vérité enfouie sous tout ce sable.

“En tant que terre d’immigration, la démographie à Singapour dépend totalement de sa politique sur l’immigration et d’enjeux économiques. De nouveaux migrants sont acceptés uniquement pour renouveler l’imagination de ce miracle économique – une histoire de réussite, construite sur le dos de travailleurs issus de pays d’Asie, mal payés, embauchés pour aider à construire une nation dont ils ne feront jamais partie.” Yeo Siew Hua

Sibel de Çağla Zencirci, Guillaume Giovanetti

Sibel, 25 ans, vit avec son père et sa soeur dans un village isolé des montagnes de la mer noire en Turquie. Elle est muette mais communique grâce à la langue sifflée ancestrale de la région. Rejetée par les autres habitants, elle traque sans relâche un loup qui rôderait dans la forêt voisine, objet de fantasmes et de craintes des femmes du village. C’est là que sa route croise un fugitif. Blessé, menaçant et vulnérable, il pose, pour la première fois, un regard neuf sur elle.

« Il existe des Sibel partout dans le monde, ces femmes confinées dans un cadre, auxquelles la société inflige des limites. Mais la trajectoire de Sibel est celle d’une forme d’affranchissement. Du fait de son handicap, elle n’est pas polluée par ce qu’on impose quotidiennement à la gent féminine. Elle a été élevée de manière plus libre et indépendante par son père. Elle se développe autrement, avec une acuité dans sa vision du monde, à la recherche d’une force intérieure originelle et primitive.» C. Zencirci et G. Giovanetti

Visages des Cinémas d’Asie Contemporains

Rona Azim’s Mother (Rona, Madar-e Azim) de Jamshid Mahmoudi

Azim, réfugié afghan qui travaille de nuit, vit à Téhéran. En tant que fils aîné de la famille, il s’arrange pour envoyer son petit frère Faroogh et sa mère clandestinement en Allemagne. Mais juste avant le départ, Faroogh lui apprend que la mère préfère rester en Iran pour s’occuper de ses petits-enfants. Azim se sent trahi. Il découvre aussi que sa mère a un besoin urgent d’une greffe de rein. Il devra alors faire un choix douloureux entre sa vie et celle de l’être qui lui est le plus cher.

« Enfant, ma famille a fui l’Afghanistan pour se réfugier en Iran. Aujourd’hui, la trentaine passée, on me considère toujours comme un réfugié ! Je comprends totalement le sentiment d’injustice des millions d’Afghans face à l’absurdité de la loi et des régularités iraniennes… En tant que scénariste et cinéaste, je me fais une nouvelle fois le porteparole de mes compatriotes, en espérant que la magie du cinéma pourra éveiller la conscience des gens et faire changer les lois. » Jamshid Mahmoudi

The Swingmaker (Da qiu qian de ren) de Da Xiong

Liu Huanrong est employé au champ pétrolifère de Changqing, le deuxième plus grand bassin de pétrole et de gaz naturel de la Mongolie intérieure. Entièrement dévoué à son travail depuis plus de trente ans, il passe le peu de son temps libre à fabriquer une balançoire et à courir après sa collègue, récemment arrivée et qui n’a qu’une idée en tête, quitter ce coin perdu et retourner en ville. Un événement inattendu l’oblige pourtant à rejoindre sa famille installée à Xi’An, ville de 8 millions d’habitants, capitale de la province du Shaanxi. Il devra non seulement renouer des liens distendus avec son épouse et sa fille devenue adulte, mais également avec une société capitaliste bien différente de celle qu’il avait connue trente ans plus tôt.

Jinpa de Pema Tseden

Sur une route isolée traversant les vastes plaines arides du Tibet, un chauffeur de camion, qui a accidentellement écrasé un mouton, s’arrête prendre un jeune homme qui fait du stop. Pendant qu’il conduit et bavarde, le chauffeur de camion remarque que son nouvel ami a un poignard en argent attaché à sa jambe. Il en vient à comprendre que cet homme est prêt à tuer quelqu’un qui lui a fait du tort. En laissant l’autostoppeur à une bifurcation, le chauffeur du camion ne se rend pas compte que le peu de temps qu’ils ont passé ensemble a tout changé et que leurs destins sont inextricablement liés.

« C’est un film sur l’éveil. Une fois éveillés, nous pouvons choisir notre route vers l’avenir. » Pema Tseden

Jinpa est une histoire de vengeance et de rédemption.

Sub-Zero Wind (Young ha eui ba ram) de Kim Yuri

À 12 ans, Young-ha est subitement confrontée au sentiment d’abandon et d’insécurité, quand son père disparaît au lendemain de son divorce sans donner aucune explication. À 15 ans, elle fait tout pour soutenir sa mère qui se tue à la tâche pour subvenir aux besoins de son second mari et de la famille recomposée. Elle tente également de consoler sa cousine et meilleure amie, Mi-jin, placée chez un oncle après la mort de ses parents dans un accident. À 19 ans, Young-ha passe beaucoup de temps en compagnie de son beau-père, pendant que sa mère travaille. Un jour, un événement va faire exploser le fragile équilibre familial et tout remettre en cause.

« Sub-zero Wind suit le destin de deux adolescentes qui doivent surmonter les épreuves de la vie à un très jeune âge. Au lieu d’être aimées, elles sont délaissées et confrontées au côté obscur de l’humanité. Comment vont-elles réussir à survivre ? … En tant qu’adolescentes, les filles sont sans ressources et obligées de se taire pour préserver l’honneur de leur famille. » Kim Yu-ri

A Family Tour (Zi You Xing) de Liang Ying

La réalisatrice Yang Shu est contrainte de s’exiler à Hong Kong après la sortie de son long-métrage The Mother of One Recluse, qui a offensé les autorités chinoises. Lorsque, cinq ans plus tard, sa mère restée dans la province du Sichuan doit subir une lourde opération, les deux femmes organisent leurs retrouvailles à Taïwan. Tandis que Yang Shu participe à un festival de cinéma avec son mari et son fils, sa mère prétend participer à un séjour touristique. Pour s’assurer que la réunion de famille se tienne en toute sécurité, ils descendent dans le même hôtel et suivent tous les différentes excursions pittoresques du circuit touristique.

« Comme le dit Sartre : la liberté est un fardeau. Les cinq dernières années ont été mouvementées pour moi. A Family Tour résume l’existence absurde que j’ai menée, par la force des choses ou parce que je me la suis imposée , en tout cas une existence non choisie. En même temps, le choix de mon exil n’est-il pas l’expression d’une fuite de mes responsabilités ? On peut vivre sa liberté n’importe où, à l’intérieur comme à l’extérieur d’un régime autocratique, d’un système, d’une nation.» Ying Liang

Widow of Silence de Praveen Morchhale

Dans la région du Cachemire en plein conflit, une épouse musulmane se retrouve confrontée à l’absurdité du système de son pays. Aasia est une « demi-veuve », une femme dont le mari est porté disparu depuis plus de sept ans, mais qui est incapable de prouver la mort de son époux. Se retrouvant seule avec une fille de 11 ans et une belle-mère malade à sa charge, elle tente d’obtenir un certificat de mort auprès des autorités locales. Mais sans preuves, les policiers corrompus refusent toute coopération lui faisant remplir toujours plus de dossiers. Aasia va devoir redoubler d’inventivité pour se dépêtrer d’une situation aussi absurde qu’inimaginable. Toute la vie de la famille s’en retrouve totalement bouleversée.

« Ce film est inspiré de faits divers réels. J’ai voulu dépeindre à la fois la peine et la souffrance, mais aussi l’esprit de combat et de résilience des demi-veuves et de leurs enfants de cette région…Comme dans toute guerre, les femmes et les enfants sont particulièrement exposés au conflit. Ces demi-veuves et leurs progénitures se retrouvent marginalisées et sont exposées au harcèlement, à l’exploitation sexuelle et à l’humiliation. » Praveen Morchhale

African Violet (Banafsheh Afrighaei) de Mona Zandi Haghighi

La quinqua Shokoo découvre que son ex-mari, Fereydoun, a été placé dans une maison de retraite par ses propres enfants. Avec l’accord de son second mari, elle décide de ramener Fereydoun à son domicile pour en prendre soin. Un changement qui va bouleverser à la fois les rapports de l’ancien, mais aussi du nouveau couple. Une décision qui aura des larges conséquences sur la vie des trois adultes.

« J’ai passé beaucoup de temps à imaginer le personnage principal de mon second long métrage, une personne que j’ai voulu à la fois très forte et pleine d’empathie. Je me suis rendu compte que je n’avais pas à chercher très loin et qu’une personne de ma famille proche avait sorti son ex-mari de la maison de retraite pour en prendre soin à son domicile en compagnie de son nouveau mari. Une anecdote plutôt atypique. Shokoo, le personnage principal de mon film, incarne finalement la personne de ma famille : elle est gentille et humble, emplie d’un humanisme sans bornes et fait la sourde oreille aux critiques des autres. Cette femme est la principale source d’inspiration de mon film. » Mona Zandi Haghighi

His Lost Name (Yoake) de Hirose Nanako

Tetsuro, un veuf d’une cinquantaine d’années, porte secours à un jeune homme qu’il trouve inconscient le long d’une berge de rivière. L’inconnu ne dit rien, sauf s’appeler « Shin-ichi ». Tout d’abord surpris d’être l’objet de toutes les attentions de Tetsuro, qui le traite comme son propre fils sans poser aucune question, le jeune va petit à petit livrer son passé. Au même moment, une rumeur concernant un incident récent se répand comme un feu de paille. Les villageois accusent Shinichi d’en être à l’origine.

C’est le premier long-métrage de la réalisatrice Hirose Nanako, jeune protégée de Kore-eda Hirokazu. Le rôle principal est tenu par Yagira Yuya, premier japonais et plus jeune acteur (à l’âge de 12 ans) à obtenir le prix d’interprétation masculine au festival du film de Cannes en 2004 pour son rôle dans Nobody Knows.

« Nous vivons dans une époque où il faut accepter les autres et s’entraider, partout dans le monde. C’est justement pour cela que j’ai voulu regarder attentivement non seulement la beauté des liens qui lient les personnes entre elles mais aussi la cruauté de ceux-ci. » Hirose Nanako

Waiting for Sunset(Kung Paano Hinihintay ang dapithapon) de Carlo Enciso Catu

Teresa et Celso coulent des jours heureux en concubinage. La veille de leur anniversaire de couple, ils reçoivent un coup de fil de l’ex-mari de Teresa, qui, malade, leur demande de lui venir en aide. Ils décident de rompre la monotonie de leur quotidien pour l’accompagner dans ses derniers jours, en l’aidant même à obtenir le pardon de son fils, Chito.

Le film parle d’amour, d’amitié et de pardon. Il parle d’aller de l’avant tout en s’appuyant sur son passé. Comment réagirons-nous une fois arrivés au crépuscule de notre vie ?

Couples d’Asie

  • Knitting de Yin Lichuan – Chine 2008
  • The Story of Qiu Ju de Zhang Yimou – Chine 1992
  • Coming Home  de Zhang Yimou – Chine 2014
  • One Fine Spring Day de Hur Jin-ho – Corée du Sud 2001
  • Bajirao Mastani de Sanjay Leela Bhansali – Inde 2015
  • The Coward de Satyajit Ray – Inde 1965
  • Sir de Rohena Gera – Inde 2018
  • Leila de Dariush Mehrjui – Iran 1996
  • Epilogue by Amir Manor – Israel 2012
  • Scattered Clouds de Naruse Mikio – Japon 1967
  • The Little House de Yamada Yoji – Japon 2014
  • The Twilight Samurai de Yamada Yoji – Japon 2002
  • The Gentle Indifference of the world de Adilkhan Yerzhanov – Kazakhstan, France 2019
  • Wedding Banquet by Ang Lee – Taiwan 1993
  • Araf, Somewhere in Between de Yeşim Ustaoğlu – Turquie 2012
  • Climates de Nuri Bilge Ceylan – Turquie 2006
  • Aga de Milko Lazarov – Bulgarie, Yakutia 2018
  • The Lover de Jean-Jacques Annaud – France, Vietnam 1992
  • The Lady in the Portrait de Charles de Meaux – France, Chine 2016

Japonismes 2018 – Les âmes en résonance

Arts décoratifs, beaux-arts, mode, littérature, musique…l’influence japonaise sur les artistes français et occidentaux au XIXe siècle est immense. Le cinéma n’est pas en reste : La Forteresse Cachée a partiellement inspiré la trilogie Star WarsLes Sept Samouraïs a servi de modèle aux Sept MercenairesLa Vie d’Oharu, femme galante, a donné naissance à La Religieuse et Rashomon à L’Année dernière à Marienbad. Dans le cadre de l’événement culturel Japonismes 2018 : les âmes en résonance, le 25e FICA Vesoul vous invite à voir et revoir quelques chefs-d’oeuvre japonais qui ont marqué le cinéma français et occidental à tout jamais.

Si porcelaines et laques ont été les premières oeuvres artistiques à éveiller l’intérêt de la France au XVIIe siècle, c’est surtout le Traité d’amitié et de commerce de 1858 qui favorise l’influence de la civilisation japonaise sur les arts occidentaux (défini sous le terme de japonisme en 1876). L’arrivée des estampes bouleverse les peintres impressionnistes comme Manet, Degas, Toulouse- Lautrec ou Van Gogh, tandis que la littérature inspire des écrivains comme Baudelaire, Mallarmé ou Hugo.

    • Rashômon de Kurosawa Akira – Japon 1950
    • Les Sept Samouraïs de Kurosawa Akira – Japon 1954
    • Carmen revient au pays de Keisuke Kinoshita – Japon 1983
    • La Porte de l’enfer de Kinugasa Teinosuke – Japon 1953
    • Les Contes de la lune vague après la pluie de Mizoguchi Kenji – Japon 1953
    • Tokyo Story de Ozu Yasujiro – Japon 1953
    • Godzilla by Honda Ishiro – Japon 1954
    • Sun in the Last Days of the Shogunate by Yozu Kawashima – Japon 1957
    • Conflagration de Ichikawa Kon – Japon 1958
    • La Ballade de Narayama de Imamura Shohei – Japon 1983

Tous les renseignements sont disponibles sur le site du Festival : https://www.cinemas-asie.com/fr/