Yourself and yours de Hong Sang-Soo en salle le 1er février

cinéaste coréen joue avec ses personnages. On réinterprète des rencontres. Le cinéma de Hong Sang-soo est un cinéma de la variation et Yourself and Yours ne cesse de varier. La preuve en salles le 1er février !

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, du moins dans les milieux où brille son cinéma, l’auteur coréen construit une oeuvre très pop. A l’aune de la k-pop, le cinéma de Hong Sang-soo résonne, ici et là, et on peut entendre les variations autour d’un thème, d’une histoire, d’un moment qui serait plus ou moins toujours le même. Les interprètes changent, la mélodie un peu, des fois le rythme, mais une douce familiarité subsiste. Et c’est ce dont il est question dans l’œuvre du cinéaste coréen depuis une petite dizaine d’année. Yourself and Yours n’y manque pas. Le film part d’un postulat simple : après une rencontre avec un de ses amis, un homme se rend compte que sa compagne mènerait peut-être une double vie. Alors qu’il tente de trouver la vérité, la femme en question, tout en restant la même (du moins physiquement), devient une autre – ou en tout cas semble le devenir. C’est autour de l’étrangeté de cette dernière que se construit le film de Hong Sang-soo. Comme dans le précédent (Un jour avec, un jours sans), le caractère ludique de la démarche vient impliquer le spectateur et l’oblige à se questionner sur son rapport aux personnages. Le film se construit comme un enchaînement de rencontres entre cette femme et des hommes qu’elle aurait rencontrés.

Les femmes ont toujours occupé une place centrale dans le cinéma de Hong Sang-soo mais cette centralité se transforme en gravité dans ce dernier. Tout semble tourner autour de cette jeune femme dont le secret serait peut-être de ne pas en avoir. Lee Yoo-joung, telle une étoile, brille durant le métrage qui contraste par sa lumière avec l’aura mystérieuse de son personnage plus proche d’un trou noir. Les différentes rencontres révèlent les différents protagonistes et laissent au spectateur le soin de se faire son propre film des événements passés. Le cinéaste continue son travail sur le montage et le cadrage laisse autant de liberté aux acteurs qu’aux spectateurs de construire son dispositif. Il y a encore et toujours chez Hong Sang-soo cette légèreté de ton et de situations qui contraste la complexité, ou au moins l’implication nécessaire du spectateur comme un regard extérieur pour que le film existe en tant que tel. Le cinéaste parvient brillamment à toujours garder un équilibre entre des saynètes savoureuses et un doute, une mélancolie, une douce tristesse alcoolisée qui tisserait le film avec une simplicité folle.

Yourself and Yours est donc une nouvelle variation dans le geste minimaliste mais profondément fascinant qu’entreprend le cinéaste coréen. Il continue son cinéma ludique qui explore les outils basiques du cinéma à travers des histoires simples qui ne manquent pas d’un lyrisme propre à son œuvre. On prend plaisir à participer à la construction de cette œuvre où nous sommes, à l’instar des personnages, des invités qui partagent un peu de leur intimité dans un geste universel.