Critique : Dear Ex de Mag Hsu et Hsu Chih-Yen disponible sur Netflix

Réalisateurs
Mag Hsu et Hsu Chih-Yen
Pays
Taïwan
Diffusion
Netflix
Notre score
4.1
Sorti en Novembre 2018, et disponible sur Netflix, Dear Ex誰先愛上他的) est un film Taïwanais co-réalisé par Mag Hsu qui est également la scénariste du film, et Hsu Chih-Yen dont s’est la première réalisation. Les acteurs Roy Chiu (Marry Me, or Not), Hsieh Ying-Hsuan (Beautiful Accident) et Chen Ru-Shan (The Triangle Land) sont à l’affiche de ce presque mélodrame touchant qui met en évidence que la frontière entre la peur et la haine est bien mince.

Le film s’ouvre sur Cheng-Xi qui se plaint du comportement excessif de sa mère auprès de sa psychologue, et ce n’est que le début d’une longue lamentation. San Lien, la mère de Cheng-Xi, est dévastée lorsqu’elle découvre que son défunt ex-mari a laissé l’argent de son assurance vie à son partenaire Ah Jie pour qui il l’avait quitté. Décidée à ne pas se laisser faire face à cette injustice qui va empêcher sa progéniture d’étudier à l’étranger, elle entraîne son fils dans sa lutte. Mais ce dernier choisit le camp de son ennemi et de rester à ses côtés.

Si vous craignez de voir quelque chose de très larmoyant détrompez-vous ce ne sera pas le cas. Au pire cela vous touchera profondément car rien n’est plus perturbant que le sentiment amoureux. Grâce aux techniques employées par les réalisateurs : flashbacks, animations en surimpression, et un magnifique travail sur la photographie, tout est fait pour ne pas basculer dans le misérabilisme car ils mettent en évidence que ce que l’on sait n’est pas forcément la vérité.

Entre un fils qui déteste sa mère et sa soif pour l’argent et une mère qui déteste l’amant de son ex-mari qu’elle accuse de lui avoir volé, le film envoie voler les préjugés en nous montrant qu’il y a toujours deux points de vues sur la même histoire. Dear Ex est l’histoire de deux amours déchus, l’un hétérosexuel, l’autre homosexuel mais qui bénéficient du même traitement par ses réalisateurs et ne pousse pas les spectateurs à avoir plus de sympathie pour l’un des couples. Ce film devrait d’ailleurs servir d’exemple aux cinéastes occidentaux en terme de traitement de personnages homosexuels.

San Lien y incarne la figure du patriarcat avec ses mots très durs à l’encontre de Jay qu’elle appelle « la maîtresse » – ce à quoi il lui rétorque « Je suis un homme ! Tu pourrais au moins m’appeler l’amant » – et son comportement excessif qui l’a pousse à faire du chantage à ce dernier en menaçant de révéler à tout le monde son orientation sexuelle. Mais malgré son attitude exécrable qui nous conduit à comprendre le point de vue de Cheng-Xi et à prendre le parti « de l’ennemie » nous aussi, les flashbacks nous aident à comprendre d’où viennent la douleur et la peur qui aveuglent la mère. Au fur et à mesure et étant obligé de passer plus de temps avec la personne que son fils a également choisi, on ne peut que constater que cette animosité finit par se changer en quelque chose de plus profond. Les personnes qui nous font face souffrent de la perte du même être chère et chacune y fait face à sa manière mais également de façon similaire.

Note des lecteurs4 Notes
4.1