Critique : Golden Job de Chin Kar-lok

Older and Dangerous

Parmi les plus longues sagas que le cinéma hong-kongais a pu nous offrir figure, en bonne place, la saga  Yound and Dangerous. Initiée par Andrew Lau en 1996, cette série de films de triades a engendré pas moins de 5 suites, 1 préquelle, 5 spin-off, 1 film parodique et un reboot en 2013. Comme d’habitude à Hong-Kong, les copies se sont, parallèlement, multipliées et la série s’est achevée dans l’indifférence quasi-générale.

Young and Dangerous a fait de ses acteurs principaux (Ekin Cheng, Jordan Chan et Michael Tse en tête) des stars. Certes, ces comédiens n’ont plus leur aura d’antan, mais ils continuent à alimenter régulièrement les petits et grands écrans locaux.

Si Hollywood parvient à revigorer (avec plus ou moins de succès) certaines de ses franchises cultes des années 90 pour les remettre au goût du jour, pourquoi pas nous ? C’est sans doute cette question qui a trotté dans la tête des producteurs lorsqu’il a été question de financer ce Golden Job, sorti à l’automne 2018 à Hong-Kong.

Golden Job réunit ainsi l’ensemble du casting d’origine…mais dans des rôles complètement différents.

Fast and Dangerous

Très efficacement réalisé par Chin Ka-lok, Golden Job penche plutôt vers la saga Fast and Furious en accumulant scènes de destructions massives (à l’échelle de son budget qu’on imagine être celui du budget coiffeur de Vin Diesel) et apartés naives sur l’importance de l’amitié et de la fraternité.

Le scénario nous raconte l’histoire de 5 amis qui, pensant voler une cargaison de médicaments à de méchants dirigeants d’une entreprise pharmaceutique, se retrouvent à la place avec de très nombreux lingots d’or… Cette surprise va bien évidemment mettre à mal leur amitié.

Parlons d’abord des points positifs : le film est divertissant, plutôt rythmé et n’a aucune autre prétention que celle de faire passer un bon moment à ses spectateurs. Compte-tenu des dernières grosses productions hong-kongaises récentes (cf Project Gutenberg), c’est plutôt satisfaisant. En effet, les scènes d’action sont assez nombreuses, bien chorégraphiées et plutôt spectaculaires (même si certaines d’entre elles recourent trop aux effets spéciaux). Techniquement, le film s’en sort donc très honorablement et Chin Ka-lok démontre une nouvelle fois ses capacités à réaliser un film de cette envergure. A ce titre, le contrat est donc rempli.

Le casting est visiblement heureux de se retrouver à pareille fête. Signe des temps, les armes à feu ont remplacé les machettes de Young and Dangerous mais que ses fans se rassurent, les cheveux d’Ekin Cheng résistent aux affres du temps.

Tout n’est néanmoins pas parfait dans ce « Golden Job ». En effet, le scénario est le gros point négatif du film : cousu de fil blanc, celui-ci est totalement sans surprise pour quiconque est familier avec le genre. Les péripéties s’enchaînent efficacement, mécaniquement, mais laisse un arrière-gôut de redite.

Toutefois, il ressort de ce « Golden Job » un charmant instantané du cinéma hong-kongais des années 90/ 2000 : son sens assumé du spectacle, sa naiveté, son casting iconisé à outrance, sa canto-pop sirupeuse…Tout un pan d’un cinéma que l’on a adoré mais qui a malheureusement disparu. Faute de compétiteur dans cette catégorie, Golden Job parvient donc, modestement, à attirer l’attention. En cette période de vaches maigres, on s’en contentera.

Golden Job de Chin Kar-lok
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3