Cannes 2016 – nos attentes : l’Asie bien représentée !

Maintenant que nous avons une idée précise de ce qui nous attend durant la 69ème édition du Festival de Cannes, que j’aurai l’honneur de couvrir pour ciné-asie, il est temps de faire un petit récapitulatif des forces asiatiques en présence, à deux jours du début des festivités.

COMPETITION

L’attente n°1 : Mademoiselle de Park Chan-wook

Après une virée américaine décevante, le réalisateur coréen revient en force sur la Croisette avec un thriller vénéneux adapté du roman Fingersmith de Sarah Waters. La bande annonce nous promet un film choc, une orgie visuelle d’où ressortent les thématiques chères au cinéaste, entre désir, pulsions et jeux de pouvoir. De plus, il faut avouer que le casting est très alléchant. La charmante Kim Min-hee, irrésistible dans le dernier Hong Sang-soo, sera accompagnée par deux des acteurs les plus charismatiques du cinéma coréen actuel : Jo Jin-woong et Ha Jung-woo, tous deux vus récemment dans l’excellent blockbuster Assassination de Choi Dong-hoon.

Les autres films

Le philippin Brillante Mendoza, déjà présent l’année dernière dans la section Un Certain Regard avec son très beau Taklub, retrouve la Compétition avec Ma’Rosa, sept ans après le choc Kinatay. La bande-annonce, également disponible, laisse présager une nouvelle plongée immersive et suffocante dans la jungle urbaine de Manille.

Présent parmi les retardataires, l’iranien Asghar Farhadi revient quant à lui pour la deuxième fois avec Le Client, trois ans après Le Passé.

HORS-COMPETITION – SEANCES DE MINUIT – SEANCES SPECIALES

L’attente n°1 : The Wailing de Na Hong-jin

Après deux films majeurs comme The Chaser et The Murderer, difficile de ne pas être excité à l’idée de voir le nouveau long-métrage de Na Hong-jin à Cannes, même si relégué en hors compétition. Et quand on sait que les premiers chanceux à l’avoir découvert parlent du meilleur film coréen de ces cinq dernières années, l’attente ne peut-être que démesurée.

Les autres films

En séance de minuit, on devrait frissonner devant le premier film live de Yeon Sang-ho, Train to Busan, suite directe de son troisième long-métrage d’animation Seoul Station. Le pitch est classique, puisqu’on nous refait le coup du virus qui a transformé la population coréenne en zombies assoiffés de chair et de sang. Mais le cadre (un train reliant Seoul à Busan) et la réputation « vénère » du réalisateur pourraient nous offrir le film de genre intense idéal pour une séance de minuit

En séance spéciale, le cinéaste cambodgien Rithy Panh nous présente Exil, son nouveau documentaire, qui n’aborde pas cette fois le génocide des Khmers rouges, mais, comme son titre l’indique, s’attarde plutôt sur les questionnements autour de la notion d’exil. L’affiche et les premières images du film sont absolument somptueuses.

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UN CERTAIN REGARD

L’attente n°1 : les films japonais (ou presque japonais)

Après être passé plusieurs fois par la compétition, Kore-Eda Hirokazu revient finalement nous enchanter dans la section un Certain Regard, avec After the Storm. Le cinéaste y retrouve son compatriote, Fukada Kôji, attendu au tournant après le magnifique Au revoir l’été et l’intrigant Sayonara, en espérant que son film, Harmonium, s’avère aussi fascinant que son titre le laisse penser. On peut également citer La Tortue Rouge, long-métrage d’animation réalisé par le néerlandais Michael Dudok de Wit en association avec le studio Ghibli.

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Les autres films

Pas moins de cinq autres films et un voyage à travers tout le continent asiatique pour le reste de la sélection : Apprentice du singapourien Junfeng Boo, Inversion de l’iranien Behnam Behzadi, Le Disciple du russe Kirill Serebrennikov, et deux longs-métrages israéliens, avec Beyond the Mountains and Hills d’Eran Kolirin, et Personal Affairs de Maha Haj.

SEMAINE DE LA CRITIQUE

L’attente n°1 : Diamond Island de Davy Chou

Le petit prodige franco-cambodgien débarque à la Semaine de la Critique avec son premier long-métrage de fiction. Et quand on suit le travail du réalisateur depuis ses débuts, on ne peut qu’être impatient à l’idée de l’accompagner dans son voyage au cœur des nuits cambodgiennes.

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Les autres films

La sélection asiatique est très fournie puisqu’on ira en Turquie avec Albüm de Mehmet Can Mertoğlu, en Israël avec One Week and a Day d’Asaph Polonsky, au Liban avec Tramontane de Vatche Boulghourjian, et à Singapour avec A Yellow Bird de K. Rajagopal.

QUINZAINE DES REALISATEURS

L’attente n°1 : Raman Raghav 2.0 d’Anurag Kashyap

Ce n’est pas vraiment une surprise de retrouver le nouveau film du réalisateur indien à la Quinzaine des Réalisateurs, puisque deux de ses précédentes œuvres, Gangs of Wasseypur et Ugly, y figuraient déjà. Anurag Kashyap s’est inspiré de la sanglante histoire du tueur en série Raman Raghav, qui a sévi dans les années 1960 à Mumbai. On espère voir un thriller aussi tendu et haletant que le reste de sa filmographie.

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L’autre film

Oui, la Quinzaine n’est pas très fournie cette année en termes de cinéma asiatique, mis à part le film afghan Wolf and Sheep de Shahrbanoo Sadat.

EN BREF

La sélection asiatique est encore une fois très alléchante cette année, avec beaucoup de pays représentés, même si on aurait aimé un ou deux films de plus en compétition. On peut également regretter l’absence du japonais Kurosawa Kiyoshi, disparu de la circulation alors qu’il était en course jusqu’à la dernière minute pour défendre La Femme de la plaque argentique.

A chaque édition, c’est l’occasion de découvrir ou redécouvrir quelques classiques du cinéma, en copie restaurée, dans la section Cannes Classics. Cette année, on peut notamment voir Les Contes de la lune vague après la pluie de Mizoguchi Kenji ou Momotaro, le divin soldat de la mer de Mitsuyo Seo. Il y a aussi une dizaine de documentaires sur l’histoire du cinéma, comme le documentaire indien The Cinema Travelers de Shirley Abraham et Amit Madheshiya.

Certains peuvent également flâner dans les salles du marché du film, où sont projetés quelques films très attendus, comme The Bodyguard de Sammo Hung, ou Terra Formars de Miike Takashi.

Enfin n’oublions pas de dire un petit mot sur le reste de la sélection, et quoi de mieux qu’un petit top 5 de nos attentes pour clarifier tout ça :

  1. Aquarius de Kleber Mendonça Filho (Compétition – Brésil) : parce que son premier film Les Bruits de Recife porte déjà les signes d’un très grand réalisateur. Potentiel Palme d’or.
  2. The Nice Guys de Shane Black (Hors compétition – Etats Unis) : parce que Shane Black, le roi du buddy movie, qui offre des rôles en or à Ryan Gosling et Russell Crowe, c’est forcément alléchant.
  3. Loving de Jeff Nichols (Compétition – Etats Unis): parce qu’en l’espace de quatre films, Jeff Nichols s’est imposé comme l’un des réalisateurs majeurs du cinéma américain actuel.
  4. The Neon Demon de Nicolas Winding Refn (Compétition – Danemark) : pour venger l’affront reçu injustement par son dernier film. Et parce qu’Elle Fanning est sans doute l’actrice la plus talentueuse de sa génération.
  5. Poesía Sin Fin d’Alejandro Jodorowsky (Quinzaine des Réalisateurs – Chili, Japon, France) : parce que c’est la suite de La danza de la realidad.