Critique : Snow Woman de Kiki Sugino

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Snow Women est un film à part. Tout d’abord il est réalisé par une femme Kiki Sugino qui interprète également le rôle principale, Yuki. Puis Snow Woman, présenté en compétition officielle au Tokyo Film Festival 2016, est surtout une réadaptation de Yuki-Onna, un livre sur un fantôme aux traits féminins très populaire dans le folklore japonais. Snow Woman est en quelque sorte l’histoire de la dame blanche en France. Un film poétique, dramatique qui mélangé à une touche de paranormal offre un ensemble très abouti. Le film commence en noir et blanc pour introduire l’ambiance générale mais surtout pour faire un clin d’oeil aux anciennes adaptations de cette histoire. Tout commence en hiver, la neige est partout et le froid est palpable dans ce décor de solitude et de beauté glaciale que peuvent être les montagnes japonaises. Minokichi, un jeune chasseur décide avec son mentor Mosaku de s’abriter du froid dans une cabane pour y passer la nuit afin de s’y réchauffer. Cependant, lorsque les deux hommes s’endorment une belle femme vêtue de blanc et aux long cheveux noirs se couche près de Mosaku. Elle lui souffle dans la bouche un air gelé qui provoque instantanément la mort de ce dernier. Minokichi, pétrifié par cette scène reste stoïque au moment même ou Snow Woman s’approche de lui et lui murmure :  »Si tu dis à quelqu’un se que tu as vu, tu mourras. » Passé cette introduction macabre, un an s’est écoulé. Le film repasse en couleur et Minokichi rencontre une superbe femme nommée Yuki. Tous les deux se découvrent et finissent par tomber amoureux. Pourtant Minokichi semble troublé par Yuki. Serait-t-elle la Snow Woman ?

Pour la réalisatrice, Kiki Sugino, Snow Woman fut un vrai challenge tant porter la double casquette, réalisatrice/actrice fut difficile. Cependant son interprétation est excellente à tel point qu’elle nous évoque l’actrice Meiko Kaji est son rôle dans Lady Snowblood. Kiki Sugino nous révèle aussi son intention de nous confondre entre rêve et réalité. On pourrait croire que ce film se passe durant la période médiévale du Japon mais il est tout à fait contemporain. Le travail dans une usine efface l’idée de cette époque dont la plupart des personnages arborent les costumes d’antan. La réalisatrice avec Snow Woman veut nous diriger vers plusieurs pistes de lectures. L’intelligence du film n’est pas qu’il soit un film d’horreur sur un fantôme, mais plutôt son caractère poétique. On peut trouver de la beauté dans les ténèbres. Le fait que ce film soit aussi tourné dans des décors naturels en plein d’hiver accroit encore plus la sensation que la nature peut produire des entités, des esprits en dehors des raisonnements des mortels (Le bien et le mal). Kiki Sugino signe un film parfaitement ancré dans la tradition des grands classiques du cinéma japonais, esthétique et plein de références aux cultes du pays. Les amateurs de ce genre cinématographique ne seront pas déçus.

 

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