Triomphe de Parasite aux Oscars avec quatre statuettes

Mario Anzuoni / REUTERS

Il y a quelques semaines Bong Joon-ho taquinait gentiment tour à tour le public américain et les Oscars. Il disait pour commencer qu’il ne faut pas avoir peur de passer outre l’obstacle des sous-titres pour découvrir de grands films étrangers face à un public peu habitué, avant d’enchaîner quelques temps plus tard en désignant les Oscars comme une cérémonie très « locale » et pas internationale contrairement à ses prétentions. Pas de rancune de leur part : l’Academy offre un triomphe à Parasite et Bong Joon-ho avec quatre récompenses parmi les plus convoitées.

C’est dans le début de la nuit de dimanche à lundi 10 février, heure française, que le casting de Parasite foulait le tapis rouge du Dolby Theatre à Los Angeles. Il y avait quelque chose dans l’air, comme une attente particulière, mais il était bien difficile de s’attendre à un tel triomphe. Habituellement porté vers des films à la production anglophone, les Oscars semblaient plutôt partis pour récompenser 1917 de Sam Mendes, qui avait été sacré quelques semaines plus tôt aux Golden Globes. Mais voilà, quelque chose de spécial est passé par là : l’enthousiasme de Bong Joon-ho. Il s’est prêté au petit jeu du lobbying à Los Angeles en participant aux nombreuses émissions et soirées prêtes à lui dérouler le tapis rouge, dans le secret espoir de créer la surprise lors de la cérémonie. Si les cinéphiles peuvent toujours s’interroger sur la pertinence des Oscars à une époque où les productions s’enchaînent à un rythme effréné, profitant de réseaux de distribution très divers, force est d’avouer que l’aura de la cérémonie offre un goût tout particulier à ses lauréats qui se retrouvent le temps d’un soir tout en haut d’une belle année de cinéma. Et la concurrence était rude : outre 1917, on trouvait Joker et son immense succès populaire, Marriage Story et The Irishman poussés par Netflix, ou encore Once upon a time in Hollywood de Quentin Tarantino qui fait office de « valeur sûre » pour le public ou encore Little Women de Greta Gerwig qui fait de plus en plus parler d’elle.

La victoire de Parasite est doublement inédite : c’est la première fois qu’un réalisateur coréen remporte l’Oscar du meilleur réalisateur, mais c’est aussi et surtout une première de voir un film non-anglophone remporter la statuette du meilleur film (en 2012, The Artist était muet). A côté, Parasite a également remporté les catégories meilleur scénario original et meilleur film international. C’est également seulement la troisième fois dans l’histoire du Festival de Cannes que sa Palme d’or est suivi d’un Oscar : avant Parasite, seuls Marty de Delbert Mann (1955) et Le Poison de Billy Wilder (1946) en avaient été capables. Un beau tour de force pour le Festival de Cannes qui, parfois accusé d’être en décalage avec des cérémonies plus grand public, montre qu’il peut aussi initier de belles histoires populaires.

Palmarès complet

Meilleur film

Meilleur réalisateur

Meilleur acteur

Meilleur actrice

Meilleur acteur dans un second rôle

Meilleure actrice dans un second rôle

Meilleur scénario original

Meilleur scénario adapté

Meilleurs décors et direction artistique

Meilleurs costumes

Meilleurs maquillages et coiffures

Meilleure photographie

Meilleur montage

Meilleur montage de son

Meilleur mixage de son

Meilleurs effets visuels

Meilleure chanson originale

Meilleure musique de film

Meilleur film international

Meilleur film d’animation

Meilleur film documentaire

Meilleur court métrage de fiction

Meilleur court métrage d’animation

Meilleur court métrage documentaire

Félicitations à tous les vainqueurs et aux équipes qui ont porté Parasite, notamment son distributeur français The Jokers qui fait un travail formidable depuis les premiers pas du film à Cannes en mai dernier.

Photo : Le casting de Parasite sur le tapis rouge du Dolby Theatre (AP/John Locher)
Photo : Bong Joon-ho prend la pose avec ses Oscars (Richard Shotwell/Invision/AP)
Quitter la version mobile