Critique : Spell de Dulyasit Niyomgul

l'amour mortel
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3.2

Cette semaine, je vous propose une critique d’un film Thaï sorti il y a quelques temps déjà (septembre 2014) mais qui, pour celles et ceux toujours plus curieux de découvrir la culture thaïlandaise ne manqueront pas d’y trouver un certain intérêt.

Spell ou  »Nam Man Prai » est un film d’horreur de Dulyasit Niyomgul qui je l’avoue est loin d’être original dans sa production et dans sa réalisation mais qui a eu le mérite d’y introduire un aspect traditionnel voire ésotérique, le pouvoir des amulettes sacrées en Thaïlande. Pour les voyageurs habitués de l’ancien royaume de Siam, vous avez sans doute remarqué que beaucoup de thaïlandais portent des amulettes en pierre taillée représentant des figures du bouddhisme.
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Mais connaissiez-vous ces amulettes dites  »Nam Man Prai » qui renferment le pouvoir du filtre d’amour. Le film Spell qui met en scène la très belle Wanida  »Gibzy » Termthanaporn devient suite à la tentative d’un de ces collègues de travail et ami d’enfance Lek, (Pramote Tianchaikerdsilp), fou amoureux d’elle mais néanmoins très laid, victime de cette fiole. Gibzy devient alors possédée par l’esprit démoniaque et vengeur d’une femme enceinte, victime de ses bourreaux qui la brûlèrent jusqu’à la mort afin de confectionner un puissant filtre d’amour, mélange du sang de la victime et d’huile essentielles, lol. Du coup ce qui est intéressant avec Spell et que l’on peut avoir au moins deux lectures du film. La première, plutôt classique, celle du film d’horreur où la possédée commence son carnage de tueries envers la gente masculine à la façon de ce vieux film de série Z La Mutante sortie en 1995. Gibzy se transforme alors en mante religieuse et élimine pendant ses ébats amoureux ses victimes en commençant par l’ablation pur et simple de leurs parties génitales. C’est donc à ce moment précis et récurrent que Spell propose alors une seconde analyse.

Avec le recul, on peut voir que ce film est aussi une ode au  »women’s power », une sorte de chantre au féminisme dans un pays où le conservatisme et le machisme est plus que présent. En effet Gibzy doit faire face aux avances toujours plus lourdes et vulgaires de son patron et des hommes en général et de la jalousie de ces collègues femmes qui ne voient en elle qu’une séductrice et donc une menace au sein de leur entreprise…

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C’est alors qu’au fur et à mesure du film, la victime devient héroïne et finit par accepter l’esprit qui l’habite. Elle devient une sorte de justicière en se vengeant des hommes qui ne voient qu’en elle un objet de désir. D’ailleurs, sans trop vouloir spoiler le film mais pour étayer cette thèse, la scène finale la montre au volant d’un cabriolet mercedes roulant sur l’un des ponts de Bangkok, le pont Rama VIII, est une métaphore de la femme indépendante qui file droit vers l’avenir (Bangkok) en oubliant son passé meurtrie et de son ancienne vie de secrétaire harcelée dans une ville de province. Au final, on passe donc un bon moment devant ce film qui ne tombe pas dans le piège des lourdeurs scénaristiques et qui a eu le mérite de mettre en scène l’esprit horrifique en 3D.