Fune wo Amu : Ce navire qu’ils souhaitent bâtir

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« Sans mots, tu ne peux pas exprimer tes pensées ni avoir une véritable et profonde compréhension des autres » Tomosuke Matsumoto

Face à l’océan paraissant sans fin, seul un navire semble pouvoir nous emmener toucher l’horizon, surtout si on ne sait pas nager. C’est là tout ce que propose Fune wo Amu à travers cette magnifique métaphore de l’auteure. L’océan représentant tous ces mots que l’on ne trouve pas dans tant de moments importants et que l’on n’arrive pas à dire, et le navire le dictionnaire qu’ils rêvent de construire.

Nous devons l’oeuvre originale à Shion Miura, une écrivaine japonaise dont la parution de ce roman en 2011 a valu le grand prix des libraires.

N’en restant pas là, le livre connaît une adaptation en prise de vues réelles en 2013, il est alors réalisé par Ishii Yuya et se voit sélectionné aux Oscars du cinéma 2014 dans la catégorie « meilleur film en langue étrangère ». Malheureusement, il n’est pas retenu.

Cela dit, Fune wo Amu n’a pas dit son dernier mot et devient un manga en 2016 sous l’ambition de Kumota Haruko (2 volumes parus aux éditions Kodansha) puis les cases dessinées prennent vie dans la foulée pour devenir notre sujet d’aujourd’hui.

Réalisé par Kuroyanagi Toshimasa au sein du studio Zexcs , je vous propose de faire un plongeon dans ce monde simple et rempli d’intelligence.

Le spectateur est invité à suivre Majime Mitsuya, un jeune homme un peu maladroit aux nombreuses difficultés sociales. Ce dernier, solitaire et un peu replié sur lui-même, se voit amené à travailler dans le département des dictionnaires dans la maison d’édition Genbu. Majime se retrouve alors avec Masashi Nishioka, un salarié plein d’enthousiasme et très à l’aise avec autrui. Ils vont tout deux, à l’aide des autres personnes du département, mettre tout leur coeur dans l’élaboration d’un dictionnaire visant à être le navire aidant à naviguer sur les eaux troublés par les mots.

À peine entré dans l’univers du plus petit secteur de la grande maison d’édition Genbu, on découvre le quotidien de ce département ainsi que la vie privée des personnages principaux. Une chose appréciable est cette ressemblance à la vie, sans recherche d’artifice ou de grandiose. Il suit simplement le cours des existences qui se croisent et s’entremêlent.

Que ce soient des sentiments compliqués à avouer ou une amitié dont la profondeur est difficile à décrire avec des paroles de tous les jours, l’oeuvre nous montre l’immensité des vocables à travers la diversité des personnalités et des chemins de vie qu’arpentent les personnages. Fune wo Amu sait tout rapporter aux mots et à la nécessité d’avoir un outil pour les utiliser facilement.

Les points forts de la série sont cette capacité à nous passionner dans l’élaboration du Grand Passage avec les protagonistes et de rendre la simplicité de vie sans étincelle apparente captivante. L’évolution personnelle de Majime et de Nishioka crée un attachement fort pour ces deux personnages que tout semble opposer mais dont on perçoit pas à pas la grande ressemblance.

Sans compter toute la force, la motivation et la ténacité dont fait preuve chacun des bâtisseurs du dictionnaire tout le long de sa construction, cela envers n’importe quelle péripétie. Tout cela agrémenté de belles citations de celui à l’origine du projet du Grand Passage, Tomosuke Matsumoto, qui, comme des graines de sagesse, les dissémine au gré des épisodes.

S’il y a quelque chose à redire, c’est peut-être un élément brutal de changement en milieu de série qui peut perturber ou frustrer quelque peu le spectateur. Cela dit, l’anime se finit comme il doit se finir et le besoin d’une suite ne se fait pas sentir.

Pour ce qui est de l’aspect graphique, il est tout à faire raisonnable et l’ambiance sonore est agréable. Le piano seul ponctué de bruit diégétique immerge le témoin de leurs aventures de la même manière que pour le reste, avec simplicité.

Fune wo Amu est une série qui vaut le détour et qui peut peut-être vous aider à naviguer en des hauts plus calmes, dans son bateau solide et fiable, où les mots ne seront plus typhon mais bruine légère sur vos lèvres.

 

Fune wo Amu de Kuroyanagi Toshimasa
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4.5