Jailbreak : Interview avec Celine Tran (ex-Katsuni)

© Kongchak Pictures

A l’occasion la sortie du film Jailbreak le 31 janvier 2017 au Cambodge que nous avons pu interviewer Celine Tran (ex-Katsuni) qui interprète le rôle de Madame, chef du gang des Butterflies, qui a un rôle majeur dans le film. On espère que le film sortira en France, vu les premières images on fait tout de suite le rapprochement avec un film comme The Raid, niveau action. En attendant de voir le film en salle (peut-être un jour chez nous), petit jeu des questions réponses avec l’actrice.

Synopsis :

Une simple mission de convoi de prisonnier va se transformer en chaos total lorsque les détenus de Koh Kla prennent possession des lieux. Un commando des forces spéciales se retrouve piégé dans cette prison et va devoir protéger un témoin essentiel mais également ses propres membres.

Celine Tran en pleine action – © Kongchak Pictures

Cine-Asie : C’est votre premier film d’action, comédie, Comment vous êtes-vous retrouvée au casting de ce film ?

Celine Tran : Il y a un an je suis allée au marché du film Filmart à Hong Kong pour développer mon réseau car je souhaite beaucoup travailler en Asie. J’y ai retrouvé le cultissime Mike Leeder, une personnalité incontournable dans le cinéma d’action asiatique, producteur et directeur de casting. C’est lui qui m’a présentée à l’équipe de Kongchak Pictures qui était alors en préparation de Jailbreak. Le courant est très vite passé. Ils m’ont envoyé le script et moi mes démos, on a parlé de nos envies respectives et on a décidé de vivre l’aventure ensemble. Ils m’ont alors écrit un rôle sur mesure et en Juillet j’allais à Phnom Penh pour y apprendre les chorégraphies. En Août j’étais sur le tournage.

Ne parlant pas cambodgien et le film étant tourné en partie en cambodgien, comment se sont déroulées les scènes où vous deviez tourner en cambodgien ?

Le film a été tourné en français, anglais et khmer mais au final je n’ai qu’un mot en français lol ! J’ai dû apprendre en express mes dialogues en phonétique. Cétait très drôle car le khmer est vraiment très différent du français. Ce qui importe c’est la musicalité de la langue. Je pense m’en être pas mal tirée mais il y a de fortes chances que mon personnage gagne en potentiel comique grâce à mes dialogues ! En tout cas j’ai beaucoup aimé l’expérience.

Un peu (beaucoup) d’action – © Kongchak Pictures

Pouvez-vous nous parler un peu de votre rôle du personnage de Madame ?

Oh Madame n’est pas une tendre ni même une séductrice. Si elle aime s’entourer de jolies tueuses (les membres de son gang Les Butterflies), elle n’aime pas s’encombrer de détails et de coquetterie. C’est une chef, une femme d’affaire, elle aussi froide qu’un serpent. Ajoutez à cela sa susceptibilité… Il vaut mieux éviter de la contrarier car elle a toujours son katana à portée de main. Sa rage est dirigée par l’esprit de vengeance. En effet elle a été trahie par son bras droit, le très maladroit Playboy qui s’est fait chopé par les flics. Elle a donc bien pour intention de faire taire cet élément perturbateur…

Avez-vous dû vous entraîner beaucoup pour ce tournage ?

Ca fait maintenant 3 ans que je m’entraîne aux arts martiaux et combat scénique, donc lorsque j’ai signé pour le film j’avais déjà une formation de base et une forme physique correcte. Pour le tournage en lui-même, comme pour la plupart des tournages, les délais sont limités, ce n’est jamais assez. Je suis venue une dizaine de jours en Juillet pour apprendre les chorégraphies, il y a avait deux combats de prévus au départ. On fait toujours plus que ce qui est filmé et montée à l’arrivée, donc tout ne se trouve pas dans le produit final, ça fait partie du jeu. Mais nous avons tous fait de notre mieux ! J’ai été dirigée et entraînée sur place par le cascadeur Jean-Paul Ly qui est aussi l’un des acteurs principaux du film et j’ai pratiqué avec une partie de l’équipe, en particulier Tharoth (l’actrice Tharoth Sam) qui en plus d’être une athlète hors pair, a été adorable.

Jean-Paul Ly – © Kongchak Pictures

Avez-vous eu besoin de nombreuses prises pour exécuter les scènes de combats ?

Non on avait été bien préparés et surtout on disposait de peu de temps, il fallait faire vite, être efficaces. Dès que le réal avait un doute sur une technique, un plan, ou qu’il y avait des soucis de sécurité (il y a une différence entre pratiquer sur un tatami et à même le sol dans un espace restreint !) il devait très vite faire des choix et forcément sacrifier des séquences au passage. En revanche nous n’avons pas hésité à refaire des prises lorsqu’on savait qu’on pouvait y mettre plus d’énergie. On a bossé vite sans bâcler.

N’était-ce pas un tournage trop éprouvant physiquement ?

L’entraînement a été très dur pour moi au départ car je suis parisienne mine de rien ! Et débarquer dans des salles où il fait plus de 30 degrés avec un taux d’humidité digne d’un hammam, ça donne le vertige ! J’étais en nage, vite fatiguée mais ça va, j’ai fini par m’y faire. Le tournage a surtout été éprouvant pour l’équipe technique à mon avis ! Ce sont les 1ers levés et les derniers couchés. Spéciale dédicace au Français Godefroy Ryckewaert avec qui j’avais déjà tourné les vidéos Bladed Mind https://vimeo.com/140554455 et Dust Machina https://vimeo.com/128772228, et qui a été notre chef op. Je crois que c’est probablement lui qui a eu le plus de travail à accomplir ! Pour ma part encore une fois c’est la chaleur qui m’a pas mal accablée mais je n’ai pas non plus eu beaucoup de jours de tournage.

Dans le film on voit un combat entre vous et Tharoth, du coup cette question : pouvez-vous nous parler de cette scène, qui a l’air d’être un sacré combat ?

Tharoth est la guerrière de la team des policiers et moi la chef de gang, je vous laisse imaginer ce que ça donne lorsque ces deux femmes doivent s’affronter dans un combat à mort! Je ne peux pas trop vous en dévoiler mais il y a eu quelques frustrations à cause de contraintes qui ne nous ont pas permis de faire la totalité du combat prévu initialement ; ça fait partie des aléas des tournages. Il faut s’adapter, être réactif et parfois même ces contraintes créent quelque chose d’intéressant. Au final je pense qu’il doit être pas mal du tout 🙂 Il faut dire aussi que Tharoth est exceptionnelle. Ce fut un honneur de bosser avec une fille aussi talentueuse, c’est une vraie combattante. Nous avons donné le meilleur de ce que nous pouvions donner et je crois que c’est ce qui importe.

Tharoth Sam – © Kongchak Pictures

Y a-t-il eu des blessures sur le tournage ?

Justement quand je parlais de contraintes, il se trouve que j’ai eu la bonne idée de me faire une belle entorse à la cheville quelques jours avant le tournage de mes scènes de combat ! J’étais folle de rage. La faute à personne sinon moi, une chute bête, comme beaucoup d’accidents. Je n’ai eu que quelques jours pour me reposer et j’ai tourné ma scène avec Tharoth le pied gros comme un poisson lune ! L’équipe a été aux petits soins et pour mon bien elle m’a même empêchée de réaliser certaines techniques que je voulais faire absolument (je suis quelqu’un d’assez obstiné). Et oui sur Jailbreak, pas de doublure ! On fait les choses jusqu’au bout lol

Pourriez-vous nous parler un peu du bokator ? C’est un art martial très méconnu chez nous.

Justement pour mieux vous en parler je prépare un article à cet effet sur mon nouveau blog www.maviedeninja.com où vous pouvez d’ailleurs aussi trouver des infos sur Jailbreak. Le bokator est l’art martial national au Cambodge. Avant Jailbreak je n’en avais jamais entendu parlé et je dois dire que j’ai été bluffée. C’est magnifique. La team de combattants de Jailbreak est composée de réels pratiquants de Bokator. S’ils ont dû s’initier aux techniques de combat scénique et cascade, ce sont de vrais athlètes. C’est une discipline à la fois aérienne et puissante. Beaucoup de coups de coudes et genoux, mais aussi des sauts avec ciseaux où l’opposant se sert de son adversaire comme appui. C’est très impressionnant. Il y aura donc évidemment beaucoup de Bokator dans Jailbreak mais pas que…On y retrouve un mélange de plusieurs disciplines.

Aimez-vous les films de ce type ? En avez-vous un en particulier ?

Bien sûr et c’est bien pour cela que je m’étais rendue à Hong Kong. J’ai grandi avec les films d’action et films d’arts martiaux. C’est aussi cela qui m’a poussé à apprendre le karaté et dernièrement le taekwondo et le penchak silat (depuis que j’ai vu The Raid). En tant que fan c’est une vraie joie enfantine que de pouvoir jouer dans ce type de film. Je prends autant de plaisir à m’y préparer pour les chorégraphies de combat, qu’à tourner.

© Kongchak Pictures

Après ce premier film de ce type avez-vous d’autres projets du même genre ?

Oui depuis que j’ai diffusé mes bandes démo action : https://vimeo.com/142745810 j’ai eu pas mal de propositions que ce soit en France, en Asie ou aux Etats-Unis. Mais tout prend du temps dans ce milieu et rien n’est garanti. Donc les projets sont nombreux mais seul l’avenir nous dira ce qui aboutit vraiment. Croisons les doigts ! D’ici là bien sûr je poursuis mon apprentissage dans les arts martiaux et mène également d’autres activités entre autres dans l’écriture et la musique. Je compte également consacrer une chaîne Youtube à mes trainings et proposer des tutos avec des pros.

Savez-vous si le film a des chances de sortir en dehors du territoire cambodgien (en France notamment) ?

Oui le film sortira en salles au Cambodge le 31 janvier et c’est un évènement là-bas. L’industrie du cinéma est en pleine reconstruction, un film tel que Jailbreak marque un vrai renouveau qui je l’espère va stimuler des projets similaires. Pour la distribution en France pas encore d’infos mais je les posterai sur mes sites et réseaux quand je le saurai… (Twitter @iamcelinetran FB @celinetranofficial)

Une suite est-elle déjà programmée ?

Une suite au film ? Je ne sais pas. Je pense que ça dépendra de son succès ! Mais je crois que tout est possible !

Un grand merci à Celine que vous pouvez suivre sur les réseaux sociaux : Twitter : @iamcelinetran et Facebook : @celinetranofficial

http://www.imdb.com/title/tt5741304/