Critique : Last Scene de PARK Bae-il

Un documentaire poignant sur la fin de vie d'un cinéma de quartier

Le Festival du Film Coréen étant une première pour moi, je me suis dit qu’il serait judicieux de regarder les documentaires présentés. C’est ainsi que je me suis retrouvé dans la salle, prête à découvrir Last Scene de Park Bae-il. Nul besoin de le préciser mais étant une amoureuse du cinéma, le sujet m’attirait et j’avais vraiment hâte d’apprendre des choses d’un univers dont je viens d’ouvrir les portes.

Park Bae-il réalise principalement des documentaires, il s’est essayé au long-métrage avec Cruel Season en 2010 avant de retourner à ce qui semble le caractériser.

Pour ce documentaire ci, on est invité au cœur d’un cinéma de quartier à Busan, le Gukdo, qui s’apprête à fermer ses portes, fautes d’insuccès. Nous suivons alors les gérants et spectateurs du cinéma, tristes de cet au revoir qu’ils ne souhaitent pas.

Outre le fait que le rythme est long et qu’une heure aurait peut-être été un meilleur format pour ce documentaire, j’ai été profondément touché par l’amour que ces personnes portaient au Gukdo.

Ce qui m’a le plus frappé, c’est que le cinéma semblait être plutôt un prétexte, un cadre, un liant qui rassemble et que cela aurait pu être n’importe quoi d’autre. En effet, ce que moi j’ai vu et compris, c’est que ce cinéma offrait un espace serein, sûr et rassurant pour ses adeptes et que le leur enlever, c’était enlever une partie d’eux-mêmes.

Parmi les divers témoignages, on retrouve beaucoup toute cette tristesse et reconnaissance envers le cinéma de quartier. On retrouve aussi une certaine amertume envers le public. Les gérants du cinéma se plaignent à plusieurs reprise du peu d’intérêt du public pour le genre de cinéma qu’il offrait, du cinéma d’auteur et indépendant, et du paradoxe des encouragements oraux reçus mais du non investissement de ces mêmes personnes.

Je me rappelle d’une phrase qui m’a marquée, je me suis dit que rien que pour cette phrase, il fallait voir ce documentaire : « Les gens nous disent que c’est bien d’avoir tenu si longtemps comme s’il s’agissait de survie, comme si on ne pouvait pas simplement exister » (ce n’est pas du mot pour mot je vous l’avoue), cette phrase a raisonné en moi durant plusieurs jours. Ce film nous montre le pouvoir d’être, sans se soucier de l’opinion des autres, juste ce cinéma était là, il a vécu, il était là.

Nous avons eu la chance en début de séance, par un concours de circonstance, de voir un des acteurs du film et de l’entendre en parler, pour lui l’aventure n’est pas finie et le documentaire semble bien évidemment le suggérer.

Le Gukdo m’a fait l’effet d’un endroit précieux à conserver à tout prix, peu importe le lieu et les gens qui le composent, c’est un endroit protecteur ou l’on fait quelque chose d’important et où les émotions fortes sont reines.

J’admets que d’un côté j’ai été un peu frustrée de ne pas en apprendre davantage sur le cinéma coréen en lui-même mais d’un autre côté, leur histoire était plus importante que ça car elle raconte quelque chose de très concret, de sincère et fait partie de la culture du cinéma coréen et des épreuves à surmonter pour faire vivre le cinéma indépendant et d’auteur.