Le gouvernement sud-coréen va prendre des mesures contre les blockbusters au cinéma

Objectif : réduire leur monopole et laisser plus de place aux autres productions.

Photo de Seong Joon Cho/REX/Shutterstock

Le Ministère de la Culture sud-coréen a annoncé la semaine dernière qu’il compte revoir la loi sur la promotion des films dans un projet de loi qui sera bientôt soumis à l’Assemblée nationale, comme le rapporte Variety. La question porte sur le monopole de quelques blockbusters (souvent étrangers) qui laissent peu de place à de plus petites productions au cinéma.

Les autorités ont constaté en effet que ces films occupent depuis un certain nombre d’années une très grande majorité des écrans. Entre 2016 et 2018, douze films étaient diffusés sur plus de la moitié écrans, alors qu’entre 2013 et 2015 on n’en comptait que trois. Pire, en avril dernier, le blockbuster Avengers Endgame occupait 2,835 écrans le jour de sa sortie, soit 90% des salles coréennes. L’objectif du Ministère de la Culture sud-coréen est de réduire ce pourcentage à 50%, afin qu’aucun film ne puisse être diffusé sur plus de la moitié des écrans des cinémas sud-coréens entre 13h et 23h, soit le moment où il y a le plus d’audience.

Une situation compliquée pour les films locaux ou à moindre budget, et c’est ce qu’entend dénoncer le gouvernement. Le public français a l’habitude de s’attaquer au fameux Centre national du cinéma et de l’image animée, ou « CNC« , qui cherche également à favoriser le cinéma local au détriment des productions étrangères. Néanmoins on voit que la Corée du Sud se retrouve également confrontée à ce problème : les blockbusters, peu importe leur qualité et l’intérêt que chacun y porte, monopolisent les écrans. Comme le note Variety, 90% des salles en Corée sont détenues par l’oligopole (situation où un faible nombre de vendeurs attirent un grand nombre de clients) composé par CJ CGV, Lotte Cinema et Megabox. Problème : ces cinémas sont également producteurs et distributeurs de films et sont susceptibles de favoriser leurs titres au détriment des autres. La conséquence directe est une difficulté accrue pour les studios indépendants ou non-affiliés aux trois leaders du marché à être distribués dans les principales chaînes de cinémas, et donc toucher un maximum de spectateurs.

On peut évidemment se poser la question de l’interventionnisme de l’État dans la production culturelle et ses possibles dérives, néanmoins les producteurs du monde entier ont toujours dénoncer le problème posé par les chaînes de cinémas qui sont également producteurs (à l’image de Gaumont-Pathé en France, par exemple), qui favorisent constamment les œuvres où ils ont mis quelques deniers face à d’autres films qui peinent à atteindre les écrans. Il a longtemps existé des circuits de cinémas indépendants, néanmoins ils tendent à disparaître et se font de plus en plus rare, en Corée du Sud comme ailleurs.