Critique : Furie de LÊ VĂN KIỆT

Date de sortie
02/09/2018
Réalisateur
Lê Van Kiêt
Pays
Vietnam
Diffusion
Netflix
Notre score
4.1

Une fois n’est pas coutume, un autre film d’action avec un personnage féminin dans le rôle principal est disponible sur Netflix depuis le 22 mai 2019, aux côtés de Maria, film philippin de Pedring Lopez.

Du réalisateur Lê Văn Kiệt, Furie (Hai Phuong en vietnamien) est un film d’action vietnamien qui met en scène l’actrice Veronica Ngo que vous avez pu voir dans Star Wars – Les derniers Jedi, ainsi que dans Il était une fois le Vietnam.

De son côté, il s’agit du septième film du réalisateur, scénariste et producteur Lê Văn Kiệt, plus connu pour ses films d’horreurs, qui se tourne avec ce projet vers les films d’arts martiaux, après The Rich Woman (2016), The Lost Tour: Vietnam (2014), Bay Cap 3 (2012) pour en citer quelques uns. Après des débuts en tant que scénaristes, Lê Văn Kiệt s’est lancé dans la photographie et cela se ressent avec Furie. 

Au casting de ce film survitaminé on retrouve des acteurs talentueux dont Veronica Ngo, Lê Binh (Táo Quây), Pham Anh Khoa (Sieu Nhan X: Super X), Thanh Nhien Pham dont c’est la première participation à un film, Kim Long Thach (Song Lang), Hoa Tran, et la jeune Cat Vy (Song Lang).

Hai Phuong est une ancienne prostituée devenue recouvreuse de dettes qui n’hésite pas à faire usage de la violence lors de ses missions. À cause de son métier, elle a acquis une mauvaise réputation qui déteint sur les relations sociales de sa fille qui devient victime de harcèlement scolaire. Alors que sa fille est accusée de vol à l’étalage à tort, et déçue que sa mère ne la voit pas, elle se fait kidnapper par un réseau de trafic d’organes.

Bien évidement après la lecture du résumé vous vous dites qu’il s’agit d’une version de Taken, mais j’ai presque envie de dire que d’un point de vue scénaristique il est mieux. Déjà, lorsque Hai Phuong rencontrent des personnes impliquée dans l’enlèvement, elle prend quand même le temps de poser des questions et d’attendre d’obtenir des réponses avant d’en venir aux mains. Ce qui en soi est logique.

Comme dit au-dessus, le réalisateur a étudié la photographie et cela saute aux yeux, il y a un magnifique travail fait sur la lumière, dommage que ne le soit pas tout au long du film, mais ce n’est pas dramatique. Le film se déroulant en partie la nuit, les effets de lumière à coup de néons bleus et rouges nous plongent dans une ambiance cohérente et sublimée.

Le personnage de Hai Phuong est ici l’archétype de l’héroïne de film d’action : une mère de famille qui se bat (physiquement) pour sauver la  vie de son enfant, mais Veronica Ngo lui apporte une crédibilité indéniable. La qualité de jeu des deux actrices, mère et fille, participe à faire oublier les clichés récurrents de ce genre de film. Déjà parce que l’on croit à la relation entre les deux personnages grâce au temps que passe le réalisateur a les faire interagir, permettant de s’attarder sur les conflits qui gangrènent leur relation. Par exemple, on ressent plusieurs fois la gêne de la petite fille face au travail de sa mère, et réciproquement, l’angoisse d’une mère qui assiste au kidnapping de sa fille. Rien à voir avec le père qui garde un calme olympien en assistant par téléphone interposer à l’enlèvement de sa fille. On sent vraiment le désarroi d’une mère. Le moment le plus angoissant arrive après une course poursuite le long d’un fleuve, lorsqu’elle se retrouve à devoir attendre un moyen de transport alors qu’un bus s’éloigne avec sa fille et ses kidnappeurs à bord. Ai-je préciser que le rapt a lieu à la campagne ?

De plus, Hai Phuong ne peut compter sur personne d’autre qu’elle même. Elle ne peut compter ni sur sa famille, ni sur ses voisins, ni sur ses connaissances, contrairement à Brian Mills qui fait appel à une équipe à son service H-24. Ce qui fait de Hai Phuong un personnage bien plus intéressant que celui de Taken. Elle est déterminée et tient tout le film à bout de bras avec une belle aisance. Une chose est sûre c’est que l’on ne s’ennuie pas une seule seconde.

Autre personnage marquant du film, celle en charge du réseau et interprété par l’actrice Tran Hoa avec qui Veronica Ngo enchaînent les scènes de combats époustouflantes et douloureuses. C’est à se demander où sont les hommes dans ce film tant le talent des actrices éclipse leurs interventions.

Le film a le mérite de mettre en avant le trafic d’organes et d’enfants qui est monnaie courante dans certains pays d’Asie mais pas du côté occidental. Même si on se doute que les personnes qui nourrissent financièrement ce réseau vivent en Occident.

L’histoire est du déjà vu d’un point de vue scénaristique mais il vaut le coup ne serait-ce que pour diversifier sa culture cinématographique grâce à la richesse des différents pays d’Asie qui produisent des films de qualité et dont on ignore l’existence à cause de la faible distribution de ces films.

Note des lecteurs0 Note
4.1