Critique : Alpha, The Right to Kill de Brillante Mendoza

Date de sortie
17/04/2019
Réalisateur
Brillante Mendoza
Pays
Philippines
Notre score
3.5

Le nouveau film du réalisateur Brillante Mendoza, Alpha, The Right to Kill est sorti sur nos écrans le 17 avril dernier. Après Serbis (2008), film autour de la prostitution, il s’attaque à l’univers de la drogue et de la corruption.

L’intrigue (en tentant de ne pas trop en dire) tourne autour d’un policier, Espino, et de son informateur, Elijah, appelé  « Alpha » aux Philippines, qui tentent activement de lutter contre les trafiques de drogues qui rongent Manille. Ils n’hésitent pas à prendre part à une opération de grande envergure pour arrêter Abel, un des plus gros trafiquants de la ville.

Le réalisateur est connu pour osciller entre deux genres : la fiction et le documentaire et ce film n’en fait pas exception. En utilisant la technique de la caméra à l’épaule qui donne un aspect réaliste au film, associé à une basse lumière, Brillante Mendoza offre un traitement réaliste de la violence et montre les dérives et les contradictions de la société philippine. Il insiste sur les ravages de la drogue qui détruit des familles, en y associant les effets de la corruption et des échecs des politiques précédentes pour les endiguer. Bien qu’il s’agisse d’une fiction, on a l’impression de regarder un documentaire grâce à l’aspect pédagogique et didactique de l’oeuvre.

Brillante Mendoza traite avec humanisme ses personnages sans jugement quant à leurs actions. On suit tour à tour le policier et son informateur auprès de leur famille et on comprend les motivations de chacun qui les poussent à s’engager dans cette lutte.

En filmant sa fiction sur le modèle du documentaire, le réalisateur nous plonge directement et plus facilement dans le coeur du problème. C’est toute cette société qui est plongé dans un cercle vicieux dans lequel il n’y a pas de gagnant. En plus d’assister à l’ingéniosité des trafiquants et de leur dealers pour parvenir à faire circuler de la drogue à l’insu des autorités, le réalisateur n’épargne pas le milieu de la police. Veut-il nous faire comprendre que cette lutte est peine perdu ? À vous de juger.

Seul point négatif : la caméra collée aux personnages qui , oui  donne un aspect documentaire, mais parfois c’est trop. Il y a, par exemple, un passage où l’un des protagonistes prépare un biberon. La caméra ne nous montre que le biberon comme si il allait avoir une fonction importante. Spoiler alert : pas du tout. Mais ne connaissant pas les codes de cette culture et de son cinéma, difficile de critiquer.

Les fans du cinéma britannique et notamment de Ken Loach reconnaitront l’influence du réalisateur britannique dans la façon de filmer et de faire appel à des acteurs professionnels et non professionnels.

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3.5