Chine/Japon l’accord historique de coproduction cinématographique

TIFF 2018 Bunka-Cho Film Week Symposium

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En marge du TIFF (Tokyo International Film Festival), un événement s’est organisé de manière discrète mais capitale pour l’avenir du cinéma dans la péninsule japonaise et plus largement dans la région. Afin d’établir les contours d’une nouvelle stratégie pour développer la production cinématographique en perte de vitesse au Japon, le Ministère de la culture : Bunka-Cho, a organisé une conférence autour du ‘’New Developments in Japan-China film Production’’. En autres termes, une conférence sur les avantages que va créer pour les 2 pays leurs futurs films en coproduction.

Mais est-ce réellement une solution gagnante-gagnante pour ces 2 rivaux historiques ? Face à un discours très promotionnel et complaisant, de la part du conseiller à l’agence des affaires culturelles japonaises, Mr Tomohiro Tsubota, ses invités ont été bien plus loquaces sur les véritables enjeux derrières un tel accord.

Pour Katsumi Yanagijima, producteur de Takeshi Kitano, il est certain que le Japon a plus besoin de cet accord que la Chine. ‘’La difficulté va être comment les équipes japonaises vont pouvoir s’adapte à la Chine.’’

En effet, la communication et la compréhension entre les différents pays sont primordiales pour réussir des coproductions. Pour Terence Chang, l’autre invité et producteur de blockbuster tels Mission Impossible 2 : ‘’La clé de la réussite pour ce type de projet de comprendre nos façons de travailler. Concrètement, prenons la nourriture sur les tournages comme exemple. Les américains et les français sont très attentifs aux buffets, à la sélection des produits pendant un tournage. Les coréens ont besoin de leur nourriture, et pour les chinois s’ils ont des plats japonais, ils seront contents ! Tout le monde aime les sushis ! Il faut donc penser à cela aussi pour être sûr d’avoir tout le monde à 100%. ’’ Déclare-t-il.

 

Puis une coproduction notamment entre deux super puissance apporte son lot de problèmes d’ordre marketing et stratégique. Cependant pour Terence Chang, il faut en premier cibler le marché le plus important. C’est à dire le marché Chinois. ‘’Nous devons d’abord cibler le plus gros marché car il nous donnera une bonne base de travail pour le secondaire (Japon). Avec l’effet de domino, nous pouvons ainsi cibler parfaitement les désirs des spectateurs et des consommateurs.’’

De gauche à droite :Tomohiro Tsubota,Terence Chang et Katsumi Yanagijima.

Pour Terence Chang, la Chine a un fort potentiel : ‘’Il y a 10 ans, il y avait environs plus de 3 000 cinémas. Maintenant nous en sommes à 30 000 ! Les Chinois aiment les bons films. Peut importe le style, quand en film est bien il a du succès. À la différence du Japon qui a une tendance a partitionné ses films en catégorie d’âge, la chine ne propose pas des films ciblant uniquement un jeune public mais plutôt familiale.’’ Affirme-t-il.

Cependant certaines difficultés apparaissent pour chacune des nations. La Chine un besoin de bon scénarios selon Mr Chang. Pour Katsumi Yanagijima, le Japon possède une grande expérience dans le ‘’soft power’’ mais a également d’excellent compositeurs et de bons acteurs. ‘’Le japon sera ravi d’apporter son aide à la Chine pour combler leurs manques.’’ D’après Mr Yanagijima. Il ajoute aussi : ‘’Nous devons nous améliorer pour le développement de films. Pour l’instant il est très difficile d’obtenir des autorisations quand on veut tourner. Beaucoup de personnes des officiels ou bien des gens du quotidien mettent leurs vetos lorsque l’on veut tourner en ville dans un quartier dans une rue etc…Tokyo n’est pas une ville facile pour faire des scènes en extérieure. Il faut changer cela s’il on veut accueillir des équipes chinoises.’’

En plus de nous évoquer leurs nouveaux films, Wings over Everest pour Mr Chang et Patrolman Baoyin  pour Mr Yanagijima, les retombées économiques pour des coproductions semblent déjà claires et structurées : ‘’La majorité de nos recettes se feront par le biais des ventes de tickets de cinéma. En Chine les DVD ne se vendent plus. Par contre nous avons de gros espoir avec la VOD puisque pour l’instant des plateformes telles que Netflix restent interdite en Chine.’’

Cette conférence de 2 heures, nous donne donc un signal fort sur les futurs enjeux économiques et qui est entrain de mener la danse. La Chine qui est déjà un leader industriel, le plus grand pays du monde et en passe de devenir le leader dans la production cinématographique. Le Japon courbe l’échine et cela se ressent déjà dans la sélection du TIFF en présentant en grande partie des films chinois. En 1973, Alain Peyerfitte écrivait, Quand la Chine s’éveillera le monde tremblera… Plus de 40 ans plus tard, le monde ne tremble plus, il vacille et tombera sûrement face à l’empire du milieu.