[TIFF2017] Critique de The Lowlife de Takahisa Zeze

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Dernier jour pour ce 30ème Festival International du Film de Tokyo (TIFF) et dernière critique sur un film japonais présenté en compétition officielle, The Lowlife de Takahisa Zeze, réalisateur déjà connu dans le milieu des festivals de cinéma pour avoir vu son film, Heaven’s Story, applaudi par la critique lors du Festival International du Film de Berlin en 2010.

The Lowlife était un film attendu car il traite d’un sujet qui fascine et qui dérange ; celui de la vie privée d’actrices de films pornographiques au pays du soleil levant. Tiré du roman de Mana Sakura fascinée par ce sujet :  » Chaque année il y a 1000 femmes qui commencent dans le porno. C’est 1000 et une histoire à commenter. » Affirme – t- elle.

Marché gigantesque dans ce pays aux mœurs parfois les plus extravagantes lorsqu’il s’agit du sexe, la pornographie reste cependant un sujet tabou au sein de la société nippone. Dans The Lowlife, Takahisa Zeze nous montre à quel point il est difficile de changer de vie lorsque l’on a débuté une carrière dans ce milieu. ‘’Quand une vidéo est publiée, ta vie, ton corps ne t’appartient plus mais à tout le monde.’’ Cette phrase tirée du film reflète à elle seule la façon dont la gente masculine japonaise considèrent ces actrices, à l’image de ces starlettes de J-pop dont leur vie est détaillée jusqu’à même leur imposer un célibat parfois impossible à respecter.

The Lowlife est une histoire qui met en avant la vie de 3 femmes dont l’univers de la pornographie est leur quotidien. L’une une ancienne pornstar, Takako interprétée par Saki Takaoka, est une mère célibataire désenchantée et sans avenir qui décide de revenir chez sa mère loin de Tokyo avec sa fille adolescente, Ayako (Aina Yamada), brillante peintre qui rêve de faire carrière comme artiste. Puis nous découvrons Ayano jouée Kokone Sasaki, une jeune actrice porno qui se vante d’avoir un ‘’vagin d’acier’’ mais qui cache des problèmes d’ordre familiaux derrière cette carapace de femme assumée.

Enfin, le personnage le plus important et le plus développé dans le film de Takahisa Zeze est sans aucun doute le portrait de Miho (Ayano Moriguchi), qui est une femme au foyer de 34 ans désespérée à l’idée que son mari, Kenta (Yoichiro Saito) ne souhaite pas fonder une famille. Coincée dans cette relation qui n’a pas de futur, elle fera tout pour créer un électrochoc à l’homme dont elle partage la vie…

Toutes ces protagonistes vont devoir être confronter à different degré de dramaturgie à leur relation au porno face à leurs proches. Chacune d’elle auront leurs propres manière de faire face à ce type de confrontation. Parfois violente, parfois poétique, The Lowlife est un film beau qui magnifie la femme japonaise sans jamais tomber dans la vulgarité. En prenant l’exemple de la pornographie, Takahisa Zeze a voulu faire de son film une petite bombe à retardement. En parlant de l’envers du décor notamment sur les scènes de tournage de films pornos, le réalisateur offre un film engagé qui au fur et à mesure, dévoile la trame de l’histoire et offre une conclusion intelligente sans tomber dans une critique de ce mode de vie.

À la limite du documentaire, le film s’intéresse à ces femmes qui ont aussi des sentiments, des droits et des désirs sans pour autant n’être que des corps dénudés fantasmes et adulés par des millions d’hommes et parfois même des femmes. The Lowlife a réussi son pari,  être accessible et artistique. Sa première mondiale en compétition à Tokyo cette année présage d’une tournée dans d’autres festivals pour le plaisir des fans du 7ème art.

 

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