[TIFF2017] Critique : Old Beast de Zhou Zyiang

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3.5

En ce jour de la Toussaint, notre journée a débuté avec un film que nous voulions absolument voir, Old Beast de Zhou Ziyang, un jeune réalisateur de 34 ans venant de Mongolie intérieure, cette partie du Nord de la Chine coincée entre la Chine, la Russie, la Corée du Nord et bien évidemment la Mongolie. Cette région est considérée par le gouvernement central de Pékin comme autonome au même titre que le Tibet.

Ce qui saute aux yeux cette justement cette singularité entre ces 2 cultures, mongole et chinoise, héritage de l’ancien empire de Genghis Khan, le conquérant mongole.

Old Beast est un drame social, qui raconte l’histoire de Lao Yang, interprété par Men Tu, un patriarche qui dans la culture chinoise est considéré comme un mauvais père. Étant âgé d’une soixantaine d’année, Lao Yang a tout perdu, que ce soient ses différents business agrémentés d’une santé déclinante au fur et à mesure des différents obstacles que le sexagénaire rencontre dans ce drame familiale.

Peu enclin à se remettre en question, il passe son temps à réclamer de l’argent à ses 3 enfants qui heureusement pour lui ont une situation stable mais deviennent de moins en moins réceptifs aux demandes continuelles d’un père qui leur ment en prétendant s’occuper de leur mère malade paralysée alors qu’il passe le plus clair de son temps à dépenser l’argent pour parier et entretenir sa maîtresse.

À travers le prisme de la culture chinoise; respect des ainés, loyauté envers sa famille et ses parents, Zhou Zyiang a voulu offrir aux spectateurs un patchwork le plus authentique possible sur la transformation d’une société embrassant le capitalisme et le consumérisme notamment dans une région reculée de la Chine. Loin des gigantesques gratte-ciel de Shanghai, Old Beast semble être un film qui veut dévoiler l’un des derniers bastions d’une Chine devenue mondialisé en manque d’authenticité.

À la manière d’un épisode d’Astérix le Gaulois, Lao Yang représente à lui seul cet ‘’ irréductible village qui lutte contre l’envahisseur.’’ Incapable de se résoudre à accepter sa triste réalité, celle d’un homme qui doit se remettre en cause en changeant ses habitudes et son type de vie. Il se mue en cheval, l’animal symbole des conquérants des steppes mais apparaît plus comme le chameau de Bactriane qui apparaît dans le film à divers moment.

Cet anthropomorphisme est la clé du film. Lao Yang se pense supérieur aux autres, ayant une certaine noblesse (le cheval) mais aux yeux de ses proches il n’est qu’une personne du commun, une sorte de roturier (le chameau) qui devrait arrêter de s’imaginer des rêves inaccessibles et revenir à des choses plus terre à terre, à l’image du chameau, cette bête de somme parcourant d’un pas lourd les terres arides des steppes de Mongolie.

Pour son premier long métrage, Zhou Zyiang a réussi avec brio son entrée dans le cercle des réalisateurs talentueux. Son deuxième film sera donc un véritable test, tant Old Beast semble avoir été fait par un cinéaste expérimenté.

 

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