[TIFF2017] Critique : Our Homeland de Yang Yonghi

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3.5

Sous un climat actuel de menace de guerre nucléaire imminente avec la Corée du Nord, la portée du film de Yang Yonghi, Our Homeland propose un autre angle de réflexion sur le quotidien d’une famille nord- coréenne émigrée au Japon depuis des décennies. Fervant supporter du régime de Pyongyang, le père de famille convaincu que la Corée du Nord, un paradis sur terre selon la propagande officielle, avait envoyé son fils ainé Sungho alors agé de 16 ans pour retourner à la mère patrie et faire son devoir de patriote.

Our Homeland est un film type docu-fiction tourné en 2011, qui relate à travers des faits réels le retour en 1997 de l’enfant prodigue, Sungho (Arata Iura), la fierté familiale au sein du foyer pour une période de 3 mois afin de soigner une tumeur diagnostiquée au cerveau. N’ayant pas ce type de technologie en Corée du Nord, il aura fallu attendre 5 ans avant que le gouvernement dictatorial ne se décide à accepter cette requête qui s’assimile plus à une faveur. Dans ce cas là, il est d’usage d’attendre quelque chose en retour…

 

La réalisatrice nous dévoile l’envers du décor de ce type de retour, entre tourisme médicale, visite de courtoisie et engagement politique. En effet, Sungho n’est juste pas envoyé au Japon seulement pour se soigner mais il va devoir convaincre sa jeune sœur Rie, jouée par Sakura Ando de devenir une espionne pour le compte du régime et de relater chaque faits et gestes des nord-coréens vivant au Japon et de dénoncer ceux qui auraient pris un peu trop goût à la vie capitaliste et libre.

La force du film se tient dans ce contexte lourd, où chaque mot est pesé et bien sûr sous le contrôle du camarade Yang, joué par Yang Ik-June qui tous les soirs se tient devant la maison pour vérifier si Sungho n’essaye pas de fuir. Le père incapable de prendre la défense de son fils, tiraillé entre sa mission de président de l’association des nord-coréens au Japon et son rôle de chef de famille a rendu les armes face au régime, et de manière fataliste accepte cette tragique situation de peur de mettre en danger sa fille, sa femme mais surtout sa propre situation très confortable en comparaison de ces concitoyens restés vivre ‘’au paradis sur terre’’. De ce drame familiale on retiendra la performance excellente de Sakura Ando, l’unique membre de la famille a ouvertement critiqué le régime notamment devant des officiels qui n’admet pas le sacrifice injuste que son frère subi.

Avec des nord coréens néo-tokyoites totalement assimilés à la culture locale, aucuns d’entre eux ne semblent réaliser ce que signifie vraiment vivre en Corée du Nord. En 25 ans, beaucoup de choses ont changé et l’influence du régime c’est peu à peu effacer sur ces migrants mais la réalité va tous les rattraper lorsque Sungho sera de retour.

Our Homeland, film de 1h40 min, est avant tout concentré sur la notion de sacrifice. Sungho a accepté son sort et offre une chance unique à sa sœur Rie de jouir pleinement une vie de liberté. À elle de la prendre ou pas mais au moins personne ne lui dira ce qu’elle doit faire ou penser. C’est en substance le message de la réalisatrice Yang Yonghi qui souhaite nous interroger sur le triste sort des nord-coréens coupés du monde, mais paradoxalement au centre des préoccupations des grandes puissances mondiales.

 

 

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3.5