[TIFF2017] Critique : Pop Aye de Kristen Tan

Thaneth Warakulnukroh and Bong appear in Pop Aye by Kirsten Tan, an official selection of the World Cinema Dramatic Competition at the 2017 Sundance Film Festival. Courtesy of Sundance Institute | photo by Chananun Chotrungroj.
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3.3

En cette fin de 2ème jour au festival international du film de Tokyo (TIFF), notre journée s’est achevée par le film Pop Aye de la réalisatrice singapourienne Kristen Tan. Pop Aye est une histoire située en Thaïlande entre Bangkok, capitale de l’ancien royaume du Siam, et Loei, ville du Nord-Est du pays. Ce film est un road trip qui dépeint la société Thaïlandaise sous un angle peu commun mais terriblement efficace. Le héros, un architecte en fin de carrière, Thana interprété par Thaneth Warakulnukroh retrouve par hasard dans les rues de Bangkok, son animal d’enfance, un éléphant au nom de Popeye (Bong), ironiquement nommé par ce sobriquet car ce vieux pachyderme se souvient de la musique du dessin animé Popeye que le héros dans sa jeunesse regardait avec toute sa famille dans leur maison familiale perdue en pleine campagne thaïlandaise.

Problème de couple avec sa femme, Bo joué par Penpak Sirikul, Thana décide d’emmener par ses propres moyens le plus souvent à pied son ami l’éléphant pour le ramener là où il a toujours vécu, à Loei. La réalisatrice par le biais de cette amitié entre un homme et un animal, dévoile les différentes faiblesses d’une société en manque de repères entre traditions et modernité. Ce film joue parfaitement la carte de l’émotion ainsi que de la comédie et nous invite à s’interroger sur l’essence même de nos vies. Quelles empreintes souhaitons- nous laisser à nos proches ou dans notre parcours professionnel ? Évidemment le choix de prendre en compte la vie d’un architecte, créateur de centre commerciaux et de building, marque symbolique indélébile de mastodontes d’acier offre un message puissant sur le destin de chacun.

De manière intelligente, Kristen Tan offre durant ce road trip émouvant les différents parcours de vie que l’on peut croiser en Thaïlande. Une femme au foyer, uniquement intéressée par le shopping et le regard des autres, des policiers loin de remplir de façon professionnelle leur devoir, un transsexuel au problème identitaire mais aussi l’appât du gain où la spéculation foncière va bon train même dans la campagne profonde des environs de Loei.

L’intérêt du film orchestré par le duo entre le héros et l’éléphant nous donne à réfléchir sur ce qui compte réellement : Doit-on sacrifier tout, notamment les relations humaines au nom d’un modernisme exacerbé. La ville de Bangkok est symboliquement montré comme une gigantesque tour d’ivoire mais avec des fondations extrêmement fragiles pour preuve la scène finale où le héros et son épouse rentre clandestinement dans un centre commercial abandonné au coeur de la capitale créé par ce dernier, admirant la ville à la manière du film Fight Club. Kristen Tan par son style apporte une touche vraiment remarquable sans pour autant transformer ses personnages en êtres manichéens. Le choix de l’éléphant Popeye est loin d’être anodin. Pour celles et ceux ayant déjà visité la Thaïlande, cet animal en est le symbole. Tout est juste en terme de réalisme preuve d’un investissement total dans ce film 1h40 de la part d’une singapourienne qui aurait pu être critiquée pour son manque de connaissance sur le pays. Une belle histoire décrite dans un univers carte postale coloré.

 

 

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