Critique : Akira de Katsuhiro Ōtomo

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Dans la mégalopole en reconstruction de Néo-Tokyo, 30 ans après la troisième guerre mondiale, le chaos et le désordre règnent en maître dans ce lieu corrompu où les roues de motos de jeunes gangs d’orphelins longent les rues du matin au soir. Un soir d’affrontement entre gangs ennemis, Kaneda, chef de clan, assiste impuissant à l’enlèvement de l’un de ses membres et fidèle ami, Tetsuo, par un groupe de militaires. Ce dernier devient alors le cobaye d’expériences scientifiques secrètes visant à former des êtres supérieurs aux pouvoirs psychiques. S’élève au même moment dans les villes la légende d’Akira, un enfant suprême aux pouvoirs qui seraient capables de délivrer la ville du désordre. Conscient de sa nouvelle force, Tetsuo ne vit désormais plus que pour trouver et affronter ce légendaire Akira.

Considéré comme l’une des pépites d’or de l’animation japonaise, Akira est un récit de science-fiction réalisé par Katsuhiro Otomo (Steamboy, Short Peace) en 1988 et adapté du manga à succès éponyme. Pas d’inquiétudes, il n’est absolument pas nécessaire d’avoir lu les cinq tomes de cette bande-dessinée japonaise pour suivre cette histoire qui reprend l’intégralité des intrigues d’origine. Dans un univers futuriste coloré, Katsuhiro Otomo nous livre une histoire brutale et intensément étudiée. Les percussions mystiques et saisissantes sur fonds de musiques traditionnelles balinaises nous transportent entre chaque transition et marquent la singularité de ce bijou du cinéma nippon, marquant un contraste avec la modernité du long-métrage tout en soulignant sa puissance.

La soif de pouvoir est l’un des sujets les plus exploité de ce long-métrage. La puissance incontrôlée et destructive, la puissance inaccessible, ou la puissance pour l’argent tiraillent les divers groupes présents dans le film. Les rues de Néo-Tokyo sont emparées par les gangs de jeunes orphelins qui s’affrontent dans une quête de supériorité sur l’autre, tandis que scientifiques et militaires collaborent pour la création d’une entité supérieure et sur-puissante. Sur un plan plus reculé, les pouvoirs mythiques d’Akira sont également secrètement convoités par un petit groupe de révolutionnaires sur fond politique, qui, nous devons l’avouer, sont bien moins pertinents que le reste sur le plan scénaristique et manquent sensiblement d’intérêt pour le spectateur.

Pas le temps de creuser complètement les diverses facettes des personnages, où d’inclure des intrigues plus secondaires comme une possible histoire d’amour naissante entre Kaneda et Kei, une militante d’un groupe démocratique clandestin; Nous resterons focalisés en grande partie sur la quête de supériorité et de vengeance contre un monde oppressant de Tetsuo, et sur les personnes qui souhaitent l’arrêter: ceux qui l’ont créés tel qu’il est devenu, son ami d’enfance Kaneda envers qui il a toujours ressenti une profonde jalousie, mais aussi les trois enfants qui ont subis le même sort que lui mais qui ont abordé leurs pouvoirs avec bien plus de sagesse. Il sera alors difficile de ressentir quelque forme d’empathie que ce soit pour le personnage principal ou pour les autres : Ce ne sont pas des héros, chacun lutte pour sa propre cause et l’attention se porte sur leurs actions, non pas sur leur personnalité.

Plus de deux heures de périples s’offrent à nous, dans un rythme jamais relâché, entre beauté visuelle et scénaristique. C’est pour cela qu’il sera très difficile pour le téléspectateur de s’ennuyer tant l’aventure est palpitante. L’action est au coeur du récit. Entre explosions, violence et combats épineux, le mystère et la passion n’en sont pas pour autant en reste, et Akira ne se résume pas qu’à un simple film d’action et d’engins à deux roues. Pour sa force et son énergie, Akira est un film mythique à voir et qui restera gravé dans les annales des trésors de l’animation japonaise.

Akira de Katsuhiro Ōtomo
Plus de deux heures de périples s’offrent à nous, dans un rythme jamais relâché, entre beauté visuelle et scénaristique.
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