Interview de Kim Seong-hun pour le film TUNNEL

A l’occasion de la sortie du film Tunnel, le 3 mai prochain, nous avons rencontré Kim Seong-hun, le réalisateur sud-coréen du film. C’est son nouveau film après le succès de Hard Day. Rencontre sous le soleil et avec une extrême gentillesse (de sa part) de celui qui sera aussi aux commandes d’une série de Zombie pour Netflix.

Cine-Asie : Comment est venu l’idée du film ?
Kim Seong-hun : Au tout début quand j’avais terminé mon précédent film Hard Day, je travaillais déjà sur un autre projet, puis on m’a proposé de lire un livre qui s’appelle Tunnel, c’est comme ça j’ai commencé à regardé le scénario et je me suis dis c’est ça que je veux vraiment faire, car il y’a beaucoup de chose qui se mélangent, les choses de la société, un drame…une histoire qui faisait vraiment mal au cœur….

Dans votre film on rentre très rapidement dans l’action du film, est-ce un choix volontaire ?
KSH : Je pense que c’est moi qui aime ce genre de chose, comme dans Hard Day, on voit une personne qui se fait renversée par une voiture…on ne sait pas qui sait, puis, petit à petit on voit les personnages, comment ils évoluent, comment ils s’en sortent. Je pense que c’est ça que j’aime particulièrement.

On se sent très proche de l’action du film, comment avez vous fait pour retranscrire aussi bien cette impression de « claustrophobie » et de manque d’espace ?
KSH : C’était notre grand dilemme, d’un coté je voulais mettre en avant ce coté réaliste, où on se sent un peu mal…mais d’un autre coté je me disais que c’était impossible pour le spectateur de rester durant 2h dans cette ambiance. Je me suis dis comment on va faire…du coup pour faire ressentir au public la même sensation que le personage principal, on a fait en sorte que le mouvement des caméra soient le plus proche possible. Si on prend un plan large cela sonne faux. On a placé les caméras dans la voiture, entre les pierres (du tunnel qui s’est effondré) pour être au plus proche (il montre un espace de 15 cm entre lui et une vitre pour donner un exemple). Au début ca commence comme ca, le personage principal arrive à s’approprié les lieux, il arrive à sortir de la voiture pour voir un petit peu ce qu’il se passe…petit à petit il élargie son périmètre et la caméra suit cette évolution et créer une ambiance plus sereine petit à petit

Au niveau des décors, où avez vous filmé ?
KSH :Il y’a 3 sorte de tunnel différent, tout au début quand le personnage principal passe dans le tunnel, c’est un vrai tunnel qui existe. Dans la scène où l’on voit le pompier essayé le sauver, c’est un tunnel fermé qu’on a été autorisé à utiliser et toutes les autres scènes, c’est un décors fabriqué

Pouvez vous nous dire comment vous avez sélectionné vos 3 acteurs principaux
KSH : Personnellement je pense que ces trois acteurs, sont à leur meilleur niveaux

Pour le choix de Ha Jung-woo, c’est quelqu’un de nature très optimiste, dans ce film on voit le personage rapidement dans une catastrophe et si on met quelqu’un qui a une image un peu plus sérieuse, dur, l’ambiance aurait été trop austère. Il est de nature très très drôle, très jovial. Parfois dans le film on voit un peu de légèreté car il est naturellement comme ça et ce n’est pas un jeu d’acteur, c’est ca qui adoucie un peu le film alors que c’est une situation très difficile.

Concernant mon choix sur Bae Doona, selon moi c’est une des actrice qui est capable de faire ressentir les sentiment sans joué à l’extrême. On voit vu la situation qu’elle est touché, bouleversée, sans en faire 3 tonnes elle arrive à faire ressentir ça. Pour moi elle est la meilleure actrice qui est capable de jouer de façon aussi réaliste.

Ho Dal-su : c’est acteur qui a plus une image d’un rigolo dans les films en Corée. Du coup, ce contraste avec son personnage très sérieux pouvait donner quelques chose de très intéressant.

La presse est présentée de façon un peu particulière dans votre film, à la limite de la télé-réalité, organisant un sondage pour savoir si il faut continuer les opérations de sauvetage ou reprendre les travaux du nouveau tunnel à coté qui a du être interrompu. Est-ce qu’elle se comporte comme cela lors d’un Drame en Corée du Sud ?

KSH : Les choses sont modifiées et poussées à l’extrême. Je voulais tout de même montrer mon mécontentement par rapport au Drame du Ferry Sewol que nous avons eu en 2014 en Corée, par rapport à ce qu’il s’est passé réellement par rapport aux médias ou au gouvernement. En tout cas dans le film, si on avait un signal qui nous permettais de dire si on est en vie ou pas on ne serait pas à épiloguer pour savoir si quelqu’un est vivant ou pas, la société n’est pas si cruelle que ça.

Avez vous des chaines infos 24/24, cela change t-il le regard des sud-coréens sur l’actualité ? 

KSH : Nous avons de plus en plus en Corée du sud des chaines qui veulent du sensationnel, c’est un peu malsain. Par exemple quand je faisais des conférences de presse en Corée pour le film, les journalistes m’ont dit « pourquoi vous nous avez filmé comme ça, on est pas si méchant que ça »…pour finalement admettre sur le ton de la rigolade et dire « vous nous décrivez pas si mal que ça par rapport à ce qu’on cherche ». Mais mon film reste une histoire de fiction.

Dans votre film la première ministre coréenne, devient presque la présentatrice d’un show, qui est la pour les caméras. Vous êtes vous inspiré de la vrai présidente coréenne pour votre personnage ?

KSH : C’est la question qu’on m’a le plus posée (rire), ce qui était très drôle alors que je n’avais rien dis. D’un coté il y’a les gens qui ont dis « oui oui c’est sur » et d’un autre coté les autres, ont dit « non non c’est un pur hasard », alors que je n’avais rien dis. Notamment dans le film, la première ministre porte une blouse qu’on a l’habitude de porter lors de ces accidents, que tout le monde porte, pas forcement elle. Du coup dans le drame du ferry, la présidente à portée le même blouson, du coup les gens ont fait pas mal de rapprochement.

Le film sort en France au cinéma, ce qui est relativement rare pour un film coréen. Est-ce que vous avez une pression particulière, des objectifs ?

KSH : Déjà c’est un honneur pour moi que le film sortent en France, un grand remerciement. Au moment où j’avais fais Hard Day, c’est la dernière chose qui me venait à l’esprit. Je n’aurais jamais pensé que le public international puisse partagés les goûts du public coréen. Certaines choses sont assez compliquées à transcrire à l’étranger. Quand on critique la société par exemple, je ne savais pas comment ça allait être perçu. Ce n’est pas du tout voulu quand je fais un film.

Merci beaucoup au réalisateur et à toute l’équipe (pour la traduction) et l’accueil.