Critique : A touch of zen de King Hu

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L’histoire : Dans un grand village du nord de la Chine, à l’époque Ming. Un jeune dessinateur et écrivain public, Ku Shen Chai, ouvre son échoppe et prépare ses pinceaux. Arrive un mystérieux étranger qui lui demande de faire son portrait, et dont la présence semble inquiéter l’apothicaire voisin. Le soir, Shen Chai, qui habite avec sa mère près de la citadelle abandonnée que l’on dit hantée, entend des bruits étranges. C’est alors qu’il découvre la belle Yang Hui-chen, dont le père a été assassiné par la police secrète du Grand Eunuque Weï. Le jeune homme tombe rapidement amoureux de la fugitive. Ensemble, ils trouvent refuge chez maître Hui Yuan un moine bouddhiste qui apprend les arts martiaux à la jeune femme…

Dragon inn et A touch of zen viennent de sortir dans de superbes éditions en Bluray chez Carlotta.

Autant le dire d’entrée, je n’avais pas encore eu l’occasion de voir A touch of zen, j’en connaissais vaguement sa réputation mais c’est tout. Le film est sorti l’été dernier en version restaurée 4k au cinéma et s’en suit donc l’édition Bluray. A touch of zen, c’est un peu ce qu’est 2001 à la science fiction, une expérience proche du métaphysique, c’est surtout le précurseur et l’inventeur de tout ce qui a suivi dans le genre du film de sabre chinois, wu xian pan, de Tsui Hark à Tigre et dragon, etc.

Bien que le film commence lentement, pas d’action dans la première heure, mais une exposition et une mise en place de l’intrigue assez mystérieuse autour de la citadelle abandonnée, les deux heures suivantes du long-métrage sont à couper le souffle. D’abord nous faisons connaissance avec Gu Shenzai, écrivain et peintre public qui va croiser la route de la mystérieuse Yang. Un début de romance s’en suit, qui va amener Gu dans une aventure des plus dangereuses, mêlant intrigue de court, espionnage, spiritualité, et des combats dantesques.

Tant sur le plan esthétique, que sur le plan de l’action, le film de King Hu marque les spectateurs. D’une beauté rare, King Hu utilise ses décors comme des personnages, que ce soit la citadelle abandonnée, la forêt de bambou, ou encore un temple au bord d’une cascade, les décors mettent en valeur les acteurs et inversement. Les effets de lumières, de brume apportent une atmosphère surréelle, ajoutant à cela les idées géniales de montage, comme l’utilisation de plans en négatif, on se retrouve devant un film maitrisé de bout en bout par son metteur en scène qui a eu des ambitions démesurées mais chose rare : les a abouties. Pour exemple, le montage parallèle de plans de végétations avec le moine qui éveille sa force, évoque une symbiose Homme/Nature vers la transcendance. Techniquement, c’est parfait et sur le fond, ça fonctionne à merveille. King hu n’est pas seulement un faiseur, c’est un auteur.

La mise en scène de King Hu avec ses travellings impossibles en pleine forêt, son utilisation de la lumière pour mystifier des personnages, permet de transformer les duels en combat mythologiques.

Dans A touch of zen, King Hu nous transporte dans la quintessence des arts martiaux, dans cette recherche des aptitudes physiques alliée au spirituel, le film en devient quasi métaphysique surtout dans la partie des moines bouddhistes.

Hsu Feng incarne, elle, mademoiselle Yang pourchassée par des espions. L’actrice, au regard tueur, effectue avec perfection les chorégraphies, et possède une prestance digne des grandes héroïnes d’action.

En résumé, A touch of zen est un indispensable, un film à voir et à revoir, tant par la maestria technique que par la force de son récit. King Hu a réalisé le film somme et fondateur à la fois de l’épopée d’arts martiaux, à l’instar de ce qu’a fait Sergio Leone avec la trilogie du dollars pour le western spaghettis. On ne peut passer à côté de A touch of zen quand on aime le cinéma d’arts martiaux et le cinéma asiatique de manière générale.

L’édition de Carlotta contient un entretien des plus passionnant de Pierre Rissient qui découvrit le film à Hong Kong et le fera venir à Cannes, ainsi qu’une analyse du film intitulé Golden blood, et un dvd avec un documentaire retraçant le parcours de King Hu. Un indispensable donc !

 

 

 

A touch of zen de King Hu
Dans un grand village du nord de la Chine, à l'époque Ming. Un jeune dessinateur et écrivain public, Ku Shen Chai, ouvre son échoppe et prépare ses pinceaux. Arrive un mystérieux étranger qui lui demande de faire son portrait, et dont la présence semble inquiéter l'apothicaire voisin. Le soir, Shen Chai, qui habite avec sa mère près de la citadelle abandonnée que l'on dit hantée, entend des bruits étranges. C'est alors qu'il découvre la belle Yang Hui-chen, dont le père a été assassiné par la police secrète du Grand Eunuque Weï. Le jeune homme tombe rapidement amoureux de la fugitive. Ensemble, ils trouvent refuge chez maître Hui Yuan un moine bouddhiste qui apprend les arts martiaux à la jeune femme...
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