Critique : Kamikaze, le dernier assaut de Takashi Yamazaki

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L’histoire : De nos jours, un frère et une sœur enquêtent et essayent de remonter le temps pour découvrir la vérité sur leur grand-père biologique, un lâche ou un héros ? Cette enquête nous emmène alors en 1944. La guerre fait rage dans le Pacifique entre l’armée japonaise et les troupes américaines. Face à l’avancée inexorable des forces alliées, le jeune Kyuzo décide de s’enrôler chez les pilotes kamikazes. La mission de ce corps d’élite : détruire la flotte ennemie, quel qu’en soit le prix. A bord de leurs redoutables Zéros, l’heure est venue de livrer l’ultime assaut…

Kamikaze, le dernier assaut, sort chez nous directement en Bluray et Dvd chez Condor, permettant ainsi de découvrir la grosse production japonaise de 2014. Adapté du roman « Eien no Zero » de Naoki Hyakuta, l’histoire a également été adaptée en manga chez Delcourt sous le titre « Zéro pour l’éternité » par Soichi Moto.

 

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Kamikaze le dernier assaut, réalisé par Takashi Yamazaki, se trouve dans la droite lignée de ce cinéma japonais qui se pose des questions sur son histoire et sur la 2e guerre mondiale particulièrement. Que ce soit « Le vent se lève » de Hayao Miyazaki, biopic fantasmé de l’inventeur du chasseur Zéro ou encore « La maison au toit rouge » de Yoji Yamada qui montrait la guerre du point de vue de l’intérieur d’une petite maison bourgeoise, les films se succèdent, heureusement sans tomber dans la propagande nationaliste. Les auteurs sont en avance sur les politiques (en effet depuis quelques années les tensions sont ravivées entre le Japon et les pays colonisés lors de la guerre comme la Corée ou la Chine), parlent sans fard de l’horreur qu’a été cette époque, voulu par un japon militariste. Mais dans ces films, ce n’est pas la grande histoire qui prime, mais les destinés sacrifiées de japonais lambdas, (un ingénieur chez Miyazaki, une maîtresse de maison dans le film de Yoji Yamada, et un pilote dans Kamikaze), des destins contraints par l’histoire, des points de vue originaux sur cette époque qui mena le Japon à la catastrophe.

Un point commun encore entre La maison au toit rouge et Kamikaze, le dernier assaut, la narration parallèle navigant entre passé et présent, dans le premier, la servante qui écrit ses mémoires poussée par son neveu, dans le second, les petits enfants qui retrouvent le bataillon du grand-père pour essayer de découvrir la vérité sur lui. Ce procédé rappelant Citizen Kane, une enquête sur un personnage disparu, permet toutes les manipulations narratives, à travers les dires plus ou moins fantasques des témoins d’époque.

Kamikaze le dernier assaut, en joue parfaitement, dans la première partie du film, les anciens kamikazes décrivent un Kyuzo lâche, qui ne souhaitait pas donné sa vie pour la patrie… la suite sera plus complexe. Le film est donc composé de deux fils narratifs, le présent demeurant un peu fade, sous la forme d’une enquête quasi documentaire porté par le couple de petits enfants.

Eternal Zero

La dimension la plus intéressante sera donc la reconstitution historique, la vie de Kyuzo de l’attaque de Pearl Habor jusqu’à la désastreuse bataille d’Okinawa. Takashi Yamazaki a eu les moyens de ses ambitions, bien aidé par une belle post production numérique, les scènes de vol et de bataille n’ont pas à rougir d’une production occidentale. Les batailles bien que souvent courtes sont d’une efficacité redoutable, les plans aériens sont très beaux, et on vit beaucoup l’action de l’intérieur du cockpit des fameux chausseur Zéro. Malgré tout, l’action n’est pas mise en avant comme divertissante (on est loin de Top gun) mais bien comme reconstitution historique, c’est toujours les états d’âmes, les questionnements, qui priment sur les combats aériens.

La photo pour les scènes d’époque reçoit un traitement particulier, des tons bleutés/vert dé saturés, une belle lumière, en opposition avec le couleurs réalistes et « vidéos » de l’enquête contemporaine.

Eternal Zero

Grosse production oblige, des stars japonaises sont les têtes d’affiche du film, passons rapidement sur Haruma Miura qu’on l’on verra prochainement dans le film L’attaque des titans, et Mao Inoue qui n’est que prétexte, c’est Jun ichi Okada qui emporte le film de sa prestance. Pour ce personnage de grand pilote, tout à tour confiant ou empli de doutes, Okada fait vivre pleinement Kyuzo, réussissant à l’humaniser et permettant au spectateur l’empathie nécessaire pour l’aspect dramatique.

En conclusion, Kamikaze, le dernier assaut, se veut plus qu’un film de guerre, c’est une grosse production évidemment, mais au delà du spectacle, il s’agit de relations humaines en temps de guerre, ici entre pilotes Kamikaze. Le film bascule doucement vers le mélodrame, permettant une identification plus forte. En effet, Kamikaze, le dernier assaut, à l’instar de Le vent se lève et La maison au toit rouge, est avant tout une histoire d’amour, un amour absolu. A voir donc.

Attention, ne pas confondre ce film avec celui sorti l’année dernière sous le titre : Kamikaze, assaut dans le pacifique.