Critique : Pandémie / The flu de Kim Seong-Su

Note des lecteurs3 Notes
3

L’histoire : Une épidémie mortelle ravage Bundang, la banlieue de Seongnam à Séoul. Après un groupe d’immigrants clandestins dans cette ville, Byung-woo meurt d’un virus inconnu qui commence à infester des dizaines de résidents. C’est le chaos. Dans le pire des cas, le gouvernement ordonne d’isoler la banlieue en plein moment où In-hye et Ji-Hoo tentent de fuir vers la ville close…

pandemie_dvd
Pandémie (The flu) est édité en Dvd chez Wild side.

Le film Pandémie fait partie de ces productions dont on n’attend au départ pas grand chose (la bande annonce laissait présager du pire), et qui se révèlent finalement plutôt de bonne facture. L’histoire est des plus vues, surtout depuis une dizaine d’années, avec le revival des films de zombies, et des films ‘catastrophes de virus’ (un genre en devenir) qui aiment à montrer l’extinction de l’espèce humaine sous toutes les formes et si possible les plus originales (perte de la vision, de la possibilité de se reproduire, etc.)

Pandémie s’inscrit donc dans ce type de production, les coréens sont en proie à un virus de la grippe aviaire transmissible d’homme à homme, en succombant de façon terrifiante. Le sujet est donc réaliste, pas de transformation en zombie à l’horizon. A partir de ce sujet des plus anxiogènes car probable (crise de la grippe H5N1 en 2009), le réalisateur Kim Seong-Su réalise un film à la fois réaliste (description de la panique, de la gestion de crise et des enjeux politiques) en conjuguant également de l’action frénétique, et une surenchère d’idées spectaculaires qui font de Pandémie un film assez étrange, un entre deux qui n’a peut-être pas su choisir.

Pandémie commence par des scènes d’humour bien amenées entre Kang Ji-Hoo, un secouriste (interprété par Hyuk Jang), et la fille d’une jeune femme médecin qu’il a secourue, et dont il est sous le charme. La petite fille est touchante, et sera le pilier émotionnel du film, car rapidement atteint du virus, il faudra tenter de la sauver à tout prix.

Malgré de grosses ficelles scénaristiques (la femme médecin capable de créer l’antidote, sa petite fille portant le virus, le secouriste amoureux de la mère et à l’esprit de sacrifice bien taillé, etc…), Pandémie réussit pourtant à accrocher le spectateur, grâce à sa réalisation maîtrisée et son rythme effréné. Le film ne possédant qu’un budget de 10 M de dollars réussit le tour de force de montrer des scènes de panique tout à fait crédibles, qu’on imagine 10 fois plus cher dans un film américain. La mise en scène demeure efficace de bout en bout, malgré des longueurs, le film fait quand même plus de deux heures. Aussi certaines scènes spectaculaires apparaîtront aberrantes pour les uns, osées pour les autres.

Enfin les rapports avec les personnages américains (des militaires qui peuvent visiblement prendre le pouvoir en Corée du sud si la situation le nécessite comme en temps de guerre) sembleront un peu obscurs pour le spectateur novice en géopolitique asiatique. Pandémie, bien qu’en étant une production de divertissement ose un pari politique, voulant témoigner des enjeux stratégiques de défense et de pouvoirs en Corée, problématique partagée par le Japon qui a aussi un accord militaire d’auto-défense avec les Etats-Unis. On pourra considérer que le film s’engage dans la caricature, mais il est intéressant d’analyser qu’un film à forte audience se permette de rentrer si frontalement et ouvertement dans les plumes de l’ami américain. Le cinéma sert aussi de photographie de ce qu’il se passe dans un pays à un moment T. Est-ce que c’est réussi ? Pas forcément mais ça a au moins le mérite d’être clair et de poser les problèmes ouvertement…

Le réalisateur n’est pas un inconnu, Kim Seong-Su a réalisé La princesse du désert il y a une dizaine d’années avec Zang Ziyi.

En résumé, Pandémie pouvait faire peur pour de mauvaises raisons, mais fait peur finalement pour de bonnes raisons, car le film décrit plutôt bien les différentes situations de crises et de cauchemars que pourrait engendrer une épidémie dans une ville moderne aujourd’hui. Le film reste un divertissement qui ne vise pas la palme d’or mais qui se regardera avec plaisir car bien emmené le réalisateur et ses comédiens.