Critique : Shield of Straw de Takashi Miike

Note des lecteurs0 Note
5

Depuis quelques années déjà le festival de cinéma le plus glamour de la planète se plait à programmer des films de genre dans sa compétition à la Palme d’Or (tout le monde se souvient du film Old Boy de Park Chan-Wook remportant le Grand Prix du Jury en 2004).
Loin d’être un film de genre pure et dure Straw of Shield surprend par son étude de cas d’une société qui réfrène ses instincts les plus bas et attendant la plus base des justifications pour laisser libre cours à ses désirs de vengeance.

Ninagawa est un puissant homme politique japonais. Sa petite-fille est assassinée par un suspect nommé Kunihide Kiyomaru. Un homme qui a déjà tué par le passé. Ivre de vengeance Ninagawa décide de poster des annonces dans trois grands journaux, explicitant qu’il offre 1 milliard de Yens à l’homme qui tuerait le meurtrier. Craignant pour sa vie, Kunihide se rend à la police. Mais la récompense proposée par Ninagawa attire les foules… Ce qui ne facilitera pas le transfert du prisonnier.

Plus qu’un simple film de genre Shield of Straw est un film qui va s’amuser à en détourner les codes. Miike ne fait pas un film ordinaire sur la fuite puis la traque d’un criminel. Par un procédé de mise en scène fort bien élaboré il en inverse le processus. Dès les premières minutes du métrage le criminel est identifié et va jusqu’à se rendre lui-même aux autorités ! Ce ne sera pas lui qui fuira la police mais l’équipe de 4 officiers chargés de le mener à bon port pour son inculpation et son procès qui seront traqués et pris pour cible par désormais 127 millions de japonais motivé par la rançon de 1 milliards de Yens… D’autant que chaque tentative est récompensée par une récompense de plusieurs centaine de millions de yens ! Face à eux les 4 policiers chargés de sa sécurité tente malgré tout de mener à bien leur mission qui, non seulement semble perdue d’avance, mais mettra à mal leur éthique et leur sens du devoir… En effet, à quoi bon risquer sa vie pour un être aussi ignoble dont le destin est de se rendre au procès qui le condamnera à mort ? Le laisser se faire tuer ne reviendrait-il pas à la même chose ?

Ne nous y trompons pas, Shield of Straw ne puisse pas ses principales références dans le polar psychologique mais dans le film samouraï. Ses personnages, à l’instar de ceux de 13 Assassins (2010) cultives la voie du Bushido. C’est le devoir de mener à bien leur mission à bien qui les motives plus que des questions d’éthiques !
Là aussi Miike joue avec les codes du genre. Là où les samouraïs de 13 Assassins se faisait un devoir de tuer l’ennemi du Shogun, les flics de Shield of Straw se feront un devoir de sauver l’ennemi public numéro Un, pourtant violent criminel pathologique… quitte à y perdre la vie. Les voies du Bushido sont impénétrables !

Film d’auteur complexe aussi bien dans sa thématique que dans sa mise en scène, le dernier effort de Takashi Miike se révèle être au final plus qu’un film d’action regorgeant de scènes de bravoures. L’originalité de sa thématique et la sophistication de sa mise en scène mériterait bien une découverte en salle rendant ainsi justice à ce polar qui ravira aussi bien les habitués du réalisateur que les amateurs de cinéma d’auteur.