Critique : Jiseul de O Muel

Note des lecteurs0 Note
4

Quatrième jour du festival du film coréen de Paris, la programmation continue de nous proposer des films d’auteurs méconnus ici, mais au talent indéniable. Jiseul réalisé par O Muel a d’ailleurs remporté le grand prix des films du monde à Sundance.

Jiseul n’est pas un film classique, c’est d’abord une proposition picturale éblouissante. Chaque plan est composé comme une photo, avec un noir et blanc magnifique, O Muel jouant des contrastes forts que ce soit avec la neige, le sombre d’une grotte ou bien en noyant le plan dans la fumée qui en devient onirique. Le parti pris esthétique est une réussite du premier au dernier plan, seulement à être si beau visuellement, le spectateur restera peut-être en dehors de l’histoire. Car en effet, l’histoire est partitionnée en chapitres qui pourraient correspondre à des poèmes aussi, mais de la poésie noire.

Dans ces chapitres, nous suivons en parallèle les soldats du sud qui traquent des paysans décrétés ‘communistes’ du nord. Nous suivons des groupes d’hommes, et pas un personnage en particulier, c’est l’histoire d’un peuple qui se sépare en deux que nous avons sous les yeux, les uns chassant les voisins d’hier. De fait, l’identification ou l’empathie est plus dure à atteindre, car l’histoire est morcelée, et la mise en scène proposant des ‘tableaux’ se suffirait presque à elle-même.

Jiseul est une expérience cinématographique qui déroutera forcément certains, mais qui vaut la peine d’être vue pour son audace esthétique et son originalité de traitement d’un fait historique. Un film de cinéma qui est une véritable proposition artistique.

Jiseul sera rediffusé dimanche 3/11 à 21h20 au cinéma Publicis des Champs-Élysées.

synospis :

En 1948, aux premières heures de la Guerre Froide, la chasse aux communistes bat son plein en Corée du Sud. Sur l’île de Jeju, l’armée traque rebelles et sympathisants de gauche, des notions qui vont devenir de plus en plus floues au fil des jours. Les villageois de l’île, déboussolés par le comportement des soldats, vont le découvrir à leurs dépens.