Le 26 septembre dernier, le distributeur Arrow Films a annonce qu’il sortirait L’Ivresse de l’Argent de Im Sang-soo dans certaines salles de cinéma du Royaume-Uni – le vendredi 25 octobre. Ce jour approchant, et suite a une projection presse ce lundi, nous nous permettons de faire un petit retour sur le film.
L’Ivresse de l’Argent était projeté l’année dernière au festival de Cannes, et vient dans la continuité de l’interprétation par Im Sang-soo du grand classique du cinéma coréen (d’ailleurs sorti en version restaurée en 2012) – The Housemaid. Le film aborde les mêmes notions de luxure, séduction, trahisons et décadence – mais dans un contexte différent, un monde domine par l’argent et le pouvoir – comme le titre le suggère.
Alors que les audiences japonaises, américaines et françaises ont pu voir le film des janvier de cette année, les spectateurs d’outre-Manche ont dû attendre jusqu’à ce vendredi. Même si c’est un peu tard, le film garde encore un intérêt pour le voir en salles.
L’histoire suit une courbe relativement prévisible et les personnages sont à la limite de la caricature. Son style réaliste avec un minimum de fond musical, des tonalites sombres et glacées, donne un caractère au film tout à fait unique et intéressant à voir.
Im Sang-soo centre le film sur la famille dysfonctionnelle du président d’une grande société, formée de membres on ne peut plus différents les uns des autres: lui-meme au bout du rouleau, haïssant sa femme, et amoureux de sa servante philippine; la femme dominante de par son père le fondateur de la société, qui elle même va coucher avec le nouvel assistant de son mari; le fils, qui passe l’essentiel de son temps en prison pour corruption; la fille, une combattante de la justice, qui défend son père et développe une attirance pour le nouvel assistant; enfin, le grand père, bien que dans une chaise roulante, maintient un certain aura et contrôle sur la famille et sa fortune. La performance de Yoon Yeo-jung dans le rôle de Geum-ok, la mère froide et insensible est notamment remarquable de force et justesse.
L’assistant que nous mentionnions, Joo Young-jak, est joue par Kim Kang-woo, et apparaît comme le trouble fait et en même temps spectateur de l’implosion de cette famille dévorée par les conflits d’argent et de pouvoir. Malgré le luxe et le confort dans lequel ils vivent, chacun ne cesse de lutter pour plus de pouvoir, montrant en quoi des désirs si insatiables ne peuvent mener qu’a leur autodestruction.L’assistant, qui comme par hasard a un physique d’Apollon et d’ailleurs ne cesse de le montrer a l’écran presqu’à chaque fois qu’il apparaît, suscite les désirs charnels des deux femmes, qui pensant chacune l’utiliser se retrouvent trompées. Cette famille est tellement aveuglée par ses conflits internes, que le jeune homme a le temps de subtiliser leur argent stockée dans un coffre et de se faire la malle dès qu’il en a l’occasion.Entre temps, celui-ci a été utilisé pour nombre de négociations d’affaires douteuses, et même un crime de sang-froid – qui va d’ailleurs le faire se remettre en question.Bref, une performance intéressante de Kim Kang-woo, qui est certes en deca de son potentiel. Le rôle de l’homme d’affaires américain est malheureusement sous utilisé et apparaît quelque peu superficiel. Darcy Paquet, qui en est l’interprète, d’habitude critique reconnu du cinéma coréen, osera-t’il se critiquer cette fois-ci?
Enfin, l’environnement luxueux où se déroulent crimes et luxure donne à ces événements un contexte atténuant mais aussi embellissant qui choque mais aussi ravie les yeux. Donc, malgré des faiblesses narratives, L’Ivresse de l’Argent a un côté artistique et esthétique tout à fait notable, et quelques performances fortes qui le rendent intéressant à voir au cinéma.
As you get a better idea of the film, feel free to check the full UK trailer.
