Critique : Jumong

Note des lecteurs0 Note
5

Introduction

Jumong est une série historique de 81 épisodes diffusée de mai 2006 à mars 2007 sur la chaine coréenne MBC. Elle traite de la vie de Jumong Taewang, le fondateur de l’ancien royaume de Goguryeo (37 BC – 668 AD), précurseur de la Corée moderne. Une collaboration entre les créateurs d’autres séries historiques à succès, Damo et Heojun, la série Jumong a été essentiellement développé à partir de l’imagination de ces derniers, puisque seul un mythe est resté à propos de la naissance du personnage principal : il serait né d’un œuf fécondé par le roi Geumwa de Dongbuyeo et Yuhwa, la fille d’un dieu de la rivière. Le mythe a donc été remplacé par une histoire plus réaliste d’un prince peureux qui découvre son potentiel pour finalement établir son propre royaume, dépassant l’héritage de son père.

L’histoire

Dans un premier temps, essayons, de reprendre l’histoire de cette série de près de 90 heures (si bien sûr on inclut les flash-back, nombreux, qui facilitent la transition et rafraichissent la mémoire quant aux épisodes précédents).

La série débute au moment où Haemosu, le commandant d’une rébellion armée, surnommée « l’armée Damul », s’apprête à attaquer l’empire des Han (ancienne dynastie chinoise qui occupait une bonne partie de l’actuelle péninsule coréenne) avec le soutien du prince Geumwa, fils du dirigeant du royaume local de Puyo. Les ministres de Puyo, considérant Haemosu comme une menace à la stabilité du royaume, le pourchassent coûte que coûte. Dans sa fuite, il est blessé et tombe dans la rivière. Le courant l’emporte jusque sur les berges du village Habaek, un peuple local, dont la fille du roi, Yuhwa le sauve de la noyade.

Suite à un complot interne des ministres de Puyo, Haemosu tombe dans une embuscade, est aveuglé et emprisonné à vie. Le peuple de Yuhwa est massacré pour avoir herbergé Haemosu. Sa promise, enceinte, est prise sous l’aile de Geumwa devenu roi de Puyo. Le petit Jumong reçoit alors une éducation de prince, cependant plutôt laxiste pour ne pas trop lui mettre la pression et du fait de la pitié de Geumwa pour Yuhwa et son fils. Les années passent et Jumong grandit comme un jeune paresseux et dragueur. Lors d’un voyage vers la grotte des origines de Puyo, à la recherche d’un arc sacré, ce dernier est piégé par ses demi-frères, Daeso et Yeongpo (fils de Geumwa et de la reine), mais est finalement sauvé par Sosuhno, fille d’un grand marchand et seigneur de Keru, Yuntabal. Il tombe amoureux d’elle et découvre le monde par la même occasion. De retour à Puyo, il décide de s’entrainer pour pouvoir accomplir le destin qui est le sien. Entre temps, il cause plusieurs problèmes qui se retourne contre lui : il se retrouve enfermé avec une apprentie prêtresse pendant une cérémonie importante au lieu de faire son devoir et d’y assister, puis met le feu à la forge où Puyo développe ses équipements militaires révélant l’existence d’un tel lieu aux Han. Il est alors banni de Puyo, et devient l’objet de nombreux complots. Il décide alors de se cacher dans une prison secrète où son entraineur travaille. Il y partage la même cellule qu’un vieil homme aveugle qui l’introduit à  ses techniques d’arts martiaux. Suite à une attaque éclair de ces demi-frères, il réussit à s’échapper avec le vieil homme, qui lui transmet tout son savoir en archerie, combat à l’épée et arts martiaux. Ils développent un lien très fort. Cet homme s’avère être son père, Haemosu. Malheureusement, il l’apprend trop tard, celui-ci ayant été tué par les hommes de Daeso et Yeongpo.

Jumong, faisant abstraction de cette blessure qui ne guérira pas dans son cœur, se donne à son maximum pour servir le roi Geumwa qui finalement reconnait son talent de combattant et de stratège, le nommant chef de la garde du palais puis – suite à une provocation de la part de l’empire Han – chef de l’armée avancée en charge de diriger l’attaque contre des provinces occupées. Malheureusement, durant la guerre, Geumwa est gravement blessé, et Jumong porté disparu. Daeso en profite pour prendre le pouvoir. Entre temps, Jumong, flottant sur les eaux d’une rivière, a été sauvé par Yesoya la fille du chef Hanbaek, qui subit une attaque d’un marchand qui tue tout le monde sauf Yesoya et Jumong. Ce dernier est fait prisonnier et offert aux Han pour renforcer les liens de la tribu avec l’empire. Oi, Mari et Hyeopbo, trois anciens gredins, que Jumong avait rencontré lorsqu’il errait hors du palais, sans titre à son nom, le sauve et déciment l’envoi Han. De retour à Puyo, Jumong se soumet aux ordres de Daeso, et Sosuhno marrie Wootae – son garde du corps et mentor – par peur d’être forcée à épouser Daeso. Celui-ci épouse la fille du gouverneur Han, et Jumong est forcé d’épouser Yesoya par Daeso. Puyo, désormais sous la pression des Han, est forcé d’envoyer les rebelles Damul qui ont emménagé à Puyo. Furieux de la soumission aveugle de son frère adoptif, Jumong décide de profiter du départ du garde du corps de Daeso – devenu chef de la garde personnelle – parti accompagner le roi Geumwa à un therme pour se relaxer lui et Yuhwa, pour s’enfuir avec les émigrés Damul et fonder une nouvelle nation, sur les traces de son père. Il laisse Yuhwa et Yesoya enceinte à Puyo, protégées par Geumwa, mais aussi comme otages pour empêcher Jumong d’attaquer Puyo.

En quelques années, Jumong réussit à étendre suffisamment l’influence de son armée Damul, conquérant les peuples voisins, pour pouvoir être une menace pour les Han. S’étant attaché les services de son ami et légendaire ferronnier, Mopalmo, il obtient un avantage conséquent en développant des armes aussi puissantes et résistantes, et bientôt plus, que celles de l’empire Han. Le gouverneur des Han, inquiet de cette montée en puissance, cherche à faire pression sur Jumong, alors que celui-ci conquiert états tributaires et mines de richesses les uns après les autres. Manquant d’espace pour s’étendre, l’armée Damul déménage pour s’implanter à Keru, profitant du soutien de Sosuhno, devenue reine de Keru, qui a la même ambition de créer sa propre nation. Keru, état marchant extrêmement riche, a d’ailleurs embauché des travailleurs en secret pour construire un nouveau palais, ressemblant au Gyeongbokgung du Séoul actuel, et des mercenaires pour assurer sa sécurité (puisque désarmé suite à un complot de la tribu Piryu qui fait partie du royaume Jolbon auquel Keru appartient, et qui en a pris le contrôle grâce à une alliance avec les Han). Jumong réussit à unir Jolbon mais est mis sous pression par une alliance entre Puyo et les Han, qui provoque un embargo de toutes les nations alentours. Forçant le passage, Jumong part en mission et forme une alliance avec les pirates d’Eomnu au nord de l’Etat Okjuh et envoie Sosuhno chercher des ressources au Sud pour le peuple de Jolbon. Résistant à la pression, et grâce au retour victorieux de Sosuhno, Jolbon surmonte la crise interne. Yuhwa, Yesoya et son fils, Yuri, tentent de fuir Puyo, mais Yuhwa est attrapée et tuée par Geumwa (toujours désespérément amoureux d’elle), Yesoya et Yuri porté disparus. Alors que Wootae est mort depuis quelques années suite à une attaque contre Piryu, Jumong épouse Sosuhno et fonde le royaume de Goguryeo. Yesoya voit le mariage et se cache pendant 15 ans. Entre temps, Jumong décime l’armée Han et étend l’empire Goguryeo sur les traces de l’ancien empire Joseon et Geumwa abdique en faveur de Daeso. Oi découvre Yesoya au nord d’Okjuh, 15 ans après, et en informe Jumong. Celle-ci est alors amenée à Goguryeo avec Yuri, qui après avoir prouvé sa valeur lors d’un tournoi à Puyo (battant le premier fils de Sosuhno), prend son titre de prince de plein droit.

Suite à divers complots internes pour faire tomber Jumong et empêcher Yuri de devenir roi de Goguryeo, Sosuhno décide d’emmener ses deux fils vers le Sud pour fonder une nouvelle nation. Quelques années plus tard Yuri devient roi de Goguryeo, Jumong décède d’une infection et Puyo est conquis suite à la mort de Daeso.

Analyse

La série Jumong était déjà très attendue avant même de débuter sur MBC. Une conférence de presse et des événements avaient été organisés avant même son début. Sans mentir, la série est vraiment à la hauteur des attentes. Le mélange d’humour, de drame et d’action est extrêmement bien réussit.

Le contexte féodal est tout à fait fascinant, avec un nombre de rebondissements impressionnants, chaque épisode se terminant par une ouverture toute à fait réussie, maintenant en haleine jusqu’au prochain. Nombreux sont les drames historiques, mais peu sont ceux qui réussissent à introduire une telle dose d’humour. L’ironie est très présente, les personnages se prenant au sérieux tout en n’ayant pas peur du ridicule. Sous certains aspects, les extrêmes y contribuent, tels que le pathétique du jeune Jumong ou de Yeongpo tout au long de la série. En termes de drame, on est vraiment servi. Tournures déchirantes, les unes après les autres, le thème de la séparation est présent tout au long de la série avec la musique de fond qui a sans aucun doute du devenir très populaire depuis. Meurtres, trahisons, mariages forcés, sans amour ou par peur, union impossible, séparation forcée, abandon, frustrations extrêmes arrivent au moins une fois chacun dans Jumong. Le contexte féodal prête enfin à beaucoup d’occasion de se battre : que ce soit des bagarres de rues, des embuscades, des arrestations, des infiltrations, des enlèvements ou des batailles frontales à la Von Clausewitz, là aussi il y a le choix. La dextérité des acteurs à l’épée est très impressionnante, la qualité des costumes et la richesse culturelle de l’histoire (cultes des dieux et chamanisme, hiérarchie de la cour, organisation du commerce entre les peuples, diplomatie, paysages magnifiques, etc.) sont tout à fait remarquables.

Mentions spéciales pour les acteurs principaux, surtout Il-gook Song (Jumong) dont c’était le premier premier rôle dans une série télévisée, et Hye-jin Han (Sosuhno), qui tous deux ont su faire évoluer leurs personnages de manière remarquable : d’un jeune paresseux et dragueur à un chef respectable, ambitieux, extrêmement intelligent et honorable, pour Il-gook, et d’une jeune intrépide et sans peur, à une dirigeante raisonnable, sensible et réfléchie pour Hye-jin.

Enfin, pour tout fan d’histoire coréenne, de grand spectacle et de costumes finement conçus, Jumong est une série à ne pas manquer.