Critique : The Wings of the Kirin de Nobuhiro Doi

The Wings of the Kirin est le portage sur grand écran d’une série TV  à succés de 2010, Shinzanmono, elle-même adaptée d’une série de roman policiers mettant en scène l’inspecteur Kaga campé par le charismatique Hiroshi Abe, acteur à la filmographie plétorique mais souvent nanardesque.

Un magnat des affaires s’est fait poignarder en plein cœur de Tokyo. Alors que tout accuse le suspect principal mais que l’arme du crime reste introuvable, l’inspecteur Kaga refuse de se fier aux apparences et continue d’enquêter avec la complicité de son neveu (Junpei Mizobata), policier également, sur cette affaire que le préfet de police souhaite enterrer au plus vite. Pourquoi donc la victime s’est-elle trainée sur un le pont de Shimbashi pour se placer devant une statue de Kirin ailé  avant de rendre l’âme ? Où est donc passée l’arme du crime ? La victime est-elle si irreprochable que sa réputation le laisse croire ?

Notre mélange improbable entre Navarro et Sherlock Holmes enquête donc près de deux heures, croisant quelques figurant(e)s de luxe (Yui Aragaki, Meisa Kuroki, Reina Tanaka…) dans un monde essentiellement masculin, et dénouant les fils d’un mystère qui n’avait plus vraiment de secret pour le spectateur avisé au bout de 20 minutes. Cette nouvelle enquête n’est au fond qu’une excuse —plus lucrative qu’un « TV special »— pour faire réapparaître des personnages que l’on a apprécié et n’a aucun intérêt cinématographique. Interminable retour à l’écran donc, qui serait supportable sans son redondant, moralisateur et über-didactique dernier tiers.

Parce qu’il est si facile de dire du mal de ce Julie Lescaut nippon, n’oublions tout de même pas que Nobuhiro Doi, à qui l’on doit les excellents GOODLUCK! et Orange Days, est aux commandes ; et qu’il reste l’un des garant d’une direction d’acteur potable, chose rare à la télévision japonaise qui vous transforme rapidement les meilleurs acteurs en fades marionnettes caricaturales (Aoi Miyazaki, Yosuke Kubozuka, Shun Oguri et bien d’autres en font régulièrement les frais). Doté d’un budget conséquent, Doi ne réalise pourtant pas plus qu’une suite à la version drama, tout y est, ce qui en faisait le charme (l’univers, les personnages secondaires) comme ce qui pouvait agacer (motivation et psychologie très limitée des coupables). Ce n’est pas du cinéma, ça on pouvait sans douter, mais les fans apprécieront.

The Wings of the Kirin

Film vu lors du TIFF 2011