Critique: J’ai rencontré le diable – I Saw The Devil de Kim Jee-Woon

Note des lecteurs1 Note
5

Après la fabuleuse trilogie de Park Chan-wook, la vengence dans le cinéma coréen vient de se trouver un nouveau porte-parole avec le film J’ai rencontré le diable.

L’histoire : un agent des services secrets traque le serial killer qui a exécuté sa femme.

La dernière réalisation de Kim Jee-woon s’éloigne de la frime et du côté poseur de sa première œuvre A bittersweet life. Le cinéaste a toujours cherché à produire des exercices de style, que ce soit avec Deux sœurs ou plus récemment avec Le bon, la brute et le cinglé. Non pas que ces films soient mauvais, loin de là, mais les œuvres du cinéaste faisaient figure de cinéma intermédiaire. On se doutait bien que Jee-woon avait les capacités de jeter un vrai classique sur pellicule. Avec J’ai rencontré le diable, la chose et faite.

Apaisé dans sa réalisation et allant droit à l’essentiel, le film est un uppercut cinématographique. Avec une mise en scène qui rappelle parfois le Zodiac de David Fincher, la sobriété rigoureuse de Jee-woon décuple l’impact que le film peut avoir sur le spectateur lors des scènes gores. Naviguant entre le « torture porn » et la tragédie, J’ai rencontré le diable ferait presque passer Seven pour un film gentiment malsain. Magnifiquement éclairé par Lee Mogae, le film est un concentré d’horreur rarement vu au cinéma.

Le cinéaste crée un climat oppressant et insuffle une telle noirceur à son métrage que les nerfs du spectateur sont soumis à rude épreuve. J’ai rencontré le diable est un film jusqu’au boutiste et sans espoir. Ici, pas d’esbrouffe, la virtuosité du réalisateur est novatrice. Le meurtre du taxi et de son passager restera dans les anales du 7ème art. Une merveille d’inventivité qui laisse bouche bée. Désormais, il y a un nouveau patron dans la catégorie des films « trash » et Jee-woon se permet le luxe de ridiculiser des gens comme Eli Roth ainsi que toute la clique des concepteurs des Saw.

Certains seront perplexe devant ce film car il n’y a aucune profondeur psychologique. J’ai rencontré le diable est un film popcorn, un divertissement certes bien crade, où seule l’efficacité prime. Un slasher hardcore réalisé avec maestria. La presse pense souvent que le cinéma asiatique et plus particulièrement le cinéma sud-coréen est toujours un tant soi peu  « intellectuel ». Chaque réalisateur coréen n’est pas obligé de réaliser Ivre de femmes et de peinture. J’ai rencontré le diable c’est du brutal, du basique, transcendé par une mise en scène au cordeau et une brillante interprétation.

Choi Min-sik que l’on a adoré dans Old Boy campe ici le personnage du serial killer. Une prestation complètement schizophrène qui fout vraiment les jetons. Sik bouffe tellement l’écran qu’il laisse peu de place à Lee Byung Hun, l’acteur fétiche de Kim Jee-woon. Aussi charismatique que peut être Hun, il se fait voler toutes ses scènes par l’ogre cinématographique qu’est Choi Min-sik.

J’ai rencontré le diable remet les pendules à l’heure et prouve une nouvelle fois que la Corée du sud est un vivier de talent où des cinéastes sans concession mettent toutes leurs « tripes » dans le 7ème art. Respect.

J'ai rencontré le diable - I Saw The Devil de Kim Jee-Woon
Synopsis
Un agent secret recherche le serial killer qui a tué sa fiancée...
Note des lecteurs1 Note
5