Interview de Cécile Corbel compositrice de la BO du nouveau Ghibli

En pleine tournée promo pour la sortie du nouveau Ghibli « Karigurashi No Arrietty », la compositrice et interprète de la Bande originale Cécile Corbel a eu la gentillesse de slalomer entre son planning chargé pour nous accorder une interview.

La production Ghibli qui sera sans doute disponible en France d’ici quelques mois est pour le moment en tête du box office japonais depuis maintenant 4 semaines, et comme la musique est un des éléments les plus importants d’un film, quoi de mieux qu’une production Ghibli pour justement en parler.

Cine-asie: Pouvez-vous vous présentez rapidement?

Cécile Corbel: Je m’appelle Cécile Corbel. Je suis chanteuse et m’accompagne à la harpe celtique. Je suis originaire de Bretagne. Je compose des chansons depuis une dizaines d’année, je suis inspirée par mes racines celtiques mais aussi par la folk et la pop music. J’ai sorti trois albums à ce jour.

Travailler sur une production Ghibli ne doit pas arriver tous les   jours, comment avez vous réagi quand vous avez su que vous aviez été choisie?

La chance (ou les fées?) ont joué un grand rôle dans cette histoire.
À la fin de l’année 2008, j’ai sorti mon dernier album en France, « songbook vol2 », et au moment d’envoyer tous les exemplaires promo (festivals, radio, journaux, comme on le fait habituellement) j’ai écrit une petite liste « secrète » des gens que j’aimais et à qui je souhaitais aussi envoyer l’album.

Le studio Ghibli est apparu sur cette liste car depuis des années je suis fan de leurs films ; ils m’inspirent et m’aident véritablement à vivre.

C’était une idée folle.

J’ai donc envoyé le disque avec un petit mot au producteur en chef des studios, Toshio Suzuki.

La chance a voulu que le disque parvienne a destination, qu’il atterrisse sur le bureau de Suzuki-san, qu’il l’écoute au moment où il cherchait la musque pour le futur film, et qu’il l’aime et le fasse partager au réalisateur Yoneayashi-san.

C’était en Avril 2009.

Ensuite tout est allé très vite : premiers contacts par mail (je n’avais pas mis d’adresse sur mon courrier, ils ont du chercher sur le web !), proposition de composer une chanson, puis deux, puis 10 et enfin toute la BO. Des mois de travail et beaucoup de joie aussi !

Travailler sur un album ou sur une BO, cela doit être bien différent. Êtes-vous aussi libre que pour vos propres créations? Où avez vous tiré l’inspiration? Avez-vous revu en boucle toutes les productions des studios?

J’ai reçu le scénario de Miyasaki, le livre original de Mary Norton , les premiers dessins (c’était une sensation très spéciale de tenir entre mes mains des dessins inédits des studios Ghibli !) et de courts poèmes écrits par Yonebayashi-san dans lesquels il décrivait en quelques mots les personnages, leur caractère, leurs sentiments, les décors, l’atmosphère des lieux.

Cela a été la base du travail.

Je me suis beaucoup amusée à composer les chansons avec mon complice Simon Caby. Nous avons travaillé tout l’été 2009 sur les maquettes. Les poèmes étaient très inspirants.
Le studio Ghibli nous a laissé vraiment libres.

Presque toutes nos propositions ont été acceptées.

C’était très fusionnel.

Artistiquement j’ai voulu garder le son qui avait séduit Suzuki -san; j’ai donc travaillé comme si je composais un futur album, dans l’esprit de « songbook vol 2 ».

Dans mes chansons, j’aime raconter des histoires ; la nouveauté pour ce projet c’était que Ghibli me fournissait les histoires et les thèmes . Il suffisait de se laisser emporter.

N’est-il pas trop difficile de chanter en japonais (puisque je crois que vous ne le parlez pas), et surtout d’associer des mélodies à cette langue que vous ne parlez pas?

J’ai fait de mon mieux 😉 la version originale de la chanson du générique « Arrietty’s song » est en anglais. Les studios ont suggéré une version japonaise à l’automne 2009, voyant que j’aimais les langues et les challenges. J’ai tenté l’aventure.

Je trouve que le japonais est une langue qui se chante de façon très agréable, les syllabes coulent assez naturellement dans la voix. Bien sûr je dois avoir un accent français, mais je crois que les gens de la production sont contents de la version , et le public japonais (pour l’instant 😉 ) ne m’a pas trop repproché d’écorcher leur langue.

Depuis le début de cette aventure, j’essaye d’apprendre le japonais. J’ai passé presque trois mois dans le pays depuis septembre 2009. je fais quelques progrès mais je dois avouer que je suis plutôt mauvaise pour retenir les alphabets et les kanjis.
Est-ce aussi simple que ca de travailler pour une production Ghibli? N’avez-vous pas eu trop de pression puisque les productions Ghibli sont toujours un évènement?

Le plus difficile pour moi a été de ne pas réfléchir à tout cela au moment où je composais, car cela aurait été paralysant et aurait détruit la fraîcheur et l’inspiration. J’ai commencé à entrevoir cette pression à la fin du travail, pendant la campagne de promotion du film au Japon. Les studios Ghibli sont si respectés, renommés au Japon, et leur puissance de feu en matière de promotion est telle, que j’ai eu peur à certains moments de ce changement d’échelle : passer de simple « troubadour », comme je le suis en France, à toutes les plus grosses emissions de télé et radio du Japon a été déconcertant et un peu effrayant au début.

Vous avez 30 ans cette année (comme moi), vous êtes donc de la « génération Albator », quel est votre premier souvenir d’animation japonaise?

Enfant j’ai regardé les dessins animés à la télévision sans me douter que ceux ci étaient japonais. J’ai donc été bercée sans le savoir par cette culture d’animation. Je regardais « Heidi », « Candy » « Rémi sans famille », « Catseyes » ; pas trop les séries de combats comme Dragon Ball etc…

Le vrai choc a été la rencontre avec les films Ghibli , j’avais ue vingtaine d’années. « le tombeau des lucioles, puis « le voyage de Chihiro », puis tous leurs films, mêmes les plus anciens d’avant la création des studios (Lupin, Cagliostro etc…)

En dehors de l’animation japonaise, aimez-vous le cinéma japonais  (ou chinois…coréen)? Quels sont vos films préférés?

Je dois avouer en toute sincérité que je ne suis pas experte.

Depuis les début de l’aventure avec Ghibli j’ai regardé pas mal d’animation japonaise. Le dernier en date « Un été avec Coo », m’a beaucoup plu.

Quand j’étais adolescente, je garde un souvenir très particulier de deux films asiatiques « épouses et concubines » et « le parfum de la papaye verte ». Le rythme de ces films et le climat étrange qui y règne avait marquée profondément la jeune fille que j’était.

Après la promotion de la BO, avez vous des projets? Au japon peut-être?

Je vais donner une petite série de concerts en Bretagne, comme chaque année (retour à la vie de troubadour !). je veux finir de composer mon futur album , qui a pris un peu de retard avec mes pérégrinations japonaises. J’espère participer à la promo du film en France.

Il est aussi question de retourner très bientôt au Japon, mais c’est encore trop tôt pour en parler.

Un grand merci à Cécile Corbel et Simon Caby pour leur temps, leur gentillesse.

Cécile Corbel est en concert à partir de demain en Bretagne et à la rentrée à Paris:
-12 aout – Abbaye de Landevennec
-14 aout – show case et dédicaces – Ar vro Audierne
-14 aout nuit de la harpe – festival inter celtique de Lorient
-15 aout : La foret fouesnant
-16 aout Abbaye de Paimpont
-17 aout : espace culturel – pont croix
-18 aout Chapelle Ste Hélène – Douarnenez
-21 aout : show case et dédicaces – Ar vro Audierne 10h
-21 aout : le Bateau Livre – Penestin
-22 aout – Abbaye de Blanche Couronne
-23 aout : Chapelle de Kermouster – Lezardrieux

Site Officiel Cécile Corbel: http://www.cecile-corbel.com/ et http://www.myspace.com/cecilecorbel. Les albums de Cécile Corbel sont disponible à la Fnac: http://recherche.fnac.com/ia585293/Cecile-Corbel

Site officiel du film: http://www.karigurashi.jp/