Critique : The Great Magician / Le grand magicien de Derek Yee

The Great Magician réalisé par Derek Yee (Une nuit à Mongkok, Shooters) est sorti cet été chez Metropolitain édition en dvd et bluray.

Dans la Chine des années 20, où la jeune république vient d’imploser, des seigneurs de guerre provinciaux s’affrontent. Lei, un général haut en couleurs, vivant avec 7 concubines, souhaite unifier la Chine grâce aux armes japonaises. Un talentueux magicien du nom de Chang Hsien arrive alors en ville. Le général Lei le remarque et souhaite utiliser sa magie pour renverser le cœur de sa 7e concubine. Mais Chang Hsien semble déjà connaître cette 7e concubine…

The Great Magician est une grosse production à destination de divertir un large public, et le film de Derek Yee réussit plutôt bien son pari. Au départ l’histoire n’est pourtant pas le point fort du film, effectivement de séquence en séquence nous additionnons les clichés un peu grotesques : les généraux bêtes et mégalos, les fourbes espions japonais, l’eunuque ninja, en passant par la belle concubine froide et mystérieuse. Il fallait la magie et la grâce d’un Tony Leung Chiu wai (Chang Hsien) pour nous faire apparaître cette histoire tarabiscotée en un moment plaisant. Car en effet, Tony Leung est très crédible en prestidigitateur, ses gestes sont maitrisés, et sa prestance lui confère l’aura nécessaire pour incarner le maître de la scène. L’enjeu voilé de Tony Leung est de reconquérir sa fiancée (Zhou Xun) devenue la 7e concubine du général Lei (Ching Wan Lau), alors que celui-ci veut apprendre des tours de magie pour que la belle Zhou Xun tombe enfin amoureuse de lui. Nous entrons alors dans un vaudeville à la chinoise, et l’action se resserre sur cette relation à trois, passant au second plan les histoires de révoltes, de complots et d’assassinat. Ching Wan Lau cabotine un maximum tout en arrivant à rendre touchant son personnage de général brutal. La force de ce film est le duo Tony Leung / Ching Wan Lau qui s’amusent, et qui amusent le spectateur en même temps.

Derek Yee a eu les moyens de ses ambitions, c’est à dire le divertissement. Les décors (particulièrement le théâtre) sont très réussis, les costumes sont beaux, et l’ambiance début du siècle est très bien reconstituée. La mise en scène des tours de magie aurait pu être ennuyeuse voire déjà vu (Le prestidigitateur, L’illusionniste), mais Derek Yee aidé par des spécialistes des tours de magie a réussi à montrer des numéros originaux (parfois poétiques comme le visage peint qui pleure), et d’autres trop fantaisistes car entièrement aidés par effets spéciaux cinématographiques (comme les boules de feu dirigeables). Mais dans l’ensemble, les séquences de magie sont réussies et Tony Leung fait forte impression. Pour l’anecdote, on notera une apparition de Tsui Hark en général crochu…

Concernant le dvd, l’image souffre d’un léger grain, qui se perçoit surtout dans les saturations de jaunes. Le dvd offre en bonus des teasers et un making of (un peu désuet) de 25 minutes qui fait intervenir les principaux comédiens et le réalisateur, permettant de percevoir la bonne ambiance (visiblement non feinte) sur le tournage. A savourer : la passage où quatre comédiennes jouant les concubines se pâment en parlant du gentleman Tony Leung…

The Great Magician cache derrière ses atours de magie une comédie rondement menée aux airs de vaudeville. Le film de Derek Yee offre un divertissement simple et sans prétention, mais très bien produit, dans lequel les acteurs se sont fait plaisir, et nous font plaisir.