Critique : Hotel Singapura de Eric Khoo

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In The Room, Hotel Singapura en français est un film bouleversant réalisé par Eric Khoo, un réalisateur de Singapour. À travers le prisme d’un seul lieu, l’hôtel mais plus exactement la chambre numéro 27, In The Room, montre la jeune histoire du pays. Ce film original et intelligent a développé un scénario basé sur la vie de couple installé dans cette chambre mais pendant différentes époques. Tout d’abord, un couple homosexuel, un britannique et son amant chinois pendant l’occupation japonaise en 40. Puis l’histoire d’une prostitué chinoise (cantonais) et le chef d’une mafia locale dans les années 50. Ensuite, l’histoire d’un groupe de rock local dans les années 70 où l’un des leaders meurt d’une overdose, enfin un couple de Thaïlandais dont l’un est un ladyboy (transsexuel) pendant les années 80 et pour finir une japonaise nymphomane et son amant singapourien (1990) et un couple de jeunes coréens pour les années 2000.

In The Room a la particularité d’être extrêmement détaillé, un véritable miroir de la construction contemporaine de Singapour mais plus largement aussi de l’évolution des comportements en Asie. In the Room parle de désir, de l’autosatisfaction de soi-même la recherche constante d’un absolu pour se sentir vivant. Cette évolution est marquée par le fait du changement des mentalités, l’individualisme poussé jusqu’à l’extrême. Il suffit juste de comparer l’attitude du premier couple dans les années 40, le désir de l’amour fusionnel qui passe en second plan derrière les obligations familiales et ce malgré l’occupation japonaise. Alors que le couple de coréen est davantage centré sur le plaisir personnel, la quête de l’orgasme où la sexualité est plus vécue comme quelque chose qui se vit seul qu’un acte qui se vit à deux. Eric Khoo a laissé beaucoup d’indices dans son film. Le choix du numéro 27 pour la chambre n’est pas anodin. Il signifie la compassion, la gentillesse et le bien être. Pour ceux né un 27, il définit les personnes comme voyageurs avec un large sens de l’humour mais confrontées à du stress. C’est ainsi que cette chambre amène ce type de personnage. On pourrait même imaginer que le personnage central mort dans cette chambre devenu un fantôme est symboliquement le numéro 27. En effet, ce fantôme est Damien Sin, une figure célèbre de Singapour. Il était un auteur, poète et musicien mais aussi un proche du réalisateur Eric Khoo. Comme dans la vraie vie, il meurt dans le film d’une overdose. Pourtant il joue un rôle crucial en tant qu’esprit. Il a beaucoup de compassion et de tristesse aussi.

In The Room est aussi dans son style un mélange de ce que l’Asie peut nous offrir. De l’esthétisme, de l’humour, du drame, de l’érotisme etc… Tous les aspects du cinéma sont présents. Une façon pour Eric Khoo de rendre hommage à toute ces périodes. La mise en scène est bonne, l’histoire captivante. Le développement de l’histoire nous emmène jusqu’en 2030 et l’hôtel Singapura devient au fur et à mesure du temps un lieu qui perd de son élégance, jusqu’a devenir un squat où des immigrés vivent à plusieurs dans les déchets et l’insalubrité. In The Room, nous envoie en message fort, la violence serait-elle plus présente que l’amour dans notre vie, que restera t-il de notre humanité en 2030 ?

 

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