Critique : Oasis de Lee Chang-Dong

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L’histoire : Jong-du, délinquant atteint de retards mentaux, sort de prison après avoir purgé une peine à la place de son frère qui avait, en état d’ébriété, renversé un homme et pris la fuite. Souhaitant rendre visite à la famille de la victime défunte, il en aperçoit la fille. Bien que handicapée moteur et cérébrale, elle est abandonnée par son frère dans un vétuste appartement. Jong-du, fasciné par elle, en tombe amoureux…

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Oasis vient de sortir sur la nouvelle plateforme Vod outbuster.com, plateforme qui a pour ligne éditoriale de proposer des films inédits ou rares au cinéma, qui viennent de tout horizon, il y a donc une belle sélection de films venant d’Asie. Oasis, lui est sorti en 2004 en France, 3e film de Lee Chang Dong, le second à parvenir chez nous, après le fabuleux Pepermint Candy qui se trouve aussi proposé sur la plateforme outbuster.com

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Autant le dire d’entrée, Oasis n’est pas simple à appréhender, au vu de son sujet difficile et de son traitement intransigeant, le film demande un effort de la part du spectateur qui sera récompensé si il tient la longueur. En effet, la première demi-heure est âpre, et il faut la passer pour comprendre pleinement l’enjeu du film. Les deux personnages principaux sont des marginaux, des handicapés mentaux, sur qui le sort et le scénario s’acharnent… Tellement qu’on peut se détourner du film assez rapidement. Mais une fois cette entrée en matière assez brutale passée, la relation qui va s’instaurer entre Jong-Du, interprété par Sol Kyung Gu, et Han Gong Ju, interprétée par Sori Moon, va permettre d’alléger la tonalité pour nous embarquer dans une histoire d’amour absolu.

Jong-Du ne juge pas Gong Ju, il la considère comme une femme à part entière, il ne voit pas le handicap, et va trouver en elle, une écoute, une considération qu’il n’a pas dans sa famille.

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Le drôle de couple qu’ils forment va partager des moments touchants, très humains, et la mise en scène va proposer des scènes poétiques, permettant des respirations bienvenus, comme les passages où Gong Ju se lève de son fauteuil roulant comme si de rien n’était. Procédé surprenant, il permet d’évoquer que Gong Ju est enfin libre car quelqu’un s’occupe d’elle, la fait sortir de son appartement poisseux et tout simplement lui apporte de l’amour.

Car oui, l’amour et la considération sont au centre du film de Lee Chang Dong qui dépeint une société coréenne des plus dures, qui montre que les plus forts s’en sortent parfois en utilisant les plus faibles… sans spoiler, l’histoire de Jong Du et son frère fait froid dans le dos. Aussi, la famille de Gong Ju déménage dans un HLM neuf et spacieux pour handicapés, mais sans la prendre, sa famille la laisse dans le taudis…

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Le portrait de ces deux familles si cruels envers les leur qui ont un handicap physique ou mentaux, est sans aucun doute un reflet de la Corée de l’époque, pays qui cherche l’excellence et la réussite en laissant sur le bord de la route ceux qui n’ont pas tous les moyens d’y parvenir.

Moon So-ri a remporté un prix à Venise en 2002 le prix Marcello Mastroianni du meilleur jeune espoir et Lee Chang Dong le lion d’argent pour le meilleur réalisateur.

En résumé, Oasis est un film exigeant qui apporte son lot d’émotions. Un film sur l’amour absolu qui mérite d’être vu pour son traitement à la fois intransigeant et poétique, la fin est particulièrement belle et difficile à la fois. Il reste quelque chose d’Oasis qu’on le voit, et ce n’est pas à la portée de tous les films.

A découvrir  sur le site : outbuster.com

 

Oasis de Lee Chang-Dong
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