Critique : Tag de Sono Sion

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L’histoire :

Pour une raison qu’elle ignore, Mitsuko est poursuivie par des démons qui l’obligent à voir tous les gens autour d’elle mourir et re-mourir. En tentant de les semer, elle se retrouve propulsée dans différents mondes, retrouvant incessamment les mêmes personnes jouant différents personnages…

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Un des 5 films de Sono Sion sortis cette année au Japon, Tag sera l’un des bons crus suite à la déception de Love and peace.

Tag commence comme un film tout à fait ‘normal’ suivant des lycéennes parties en excursion mais la normalité chez Sion existe que pour être bousculée, ici par le surnaturel. En une scène qui restera dans les mémoires, Sion nous embarque dans un monde cauchemardesque mais tellement drôle à la fois : le bus d’étudiantes se fait scinder en deux, laissant plus qu’une moitié des jeunes femmes… hormis Mitsuko qui en réchappe. Sono Sion va donc nous faire suivre cette jeune adolescente au visage innocent, Mitsuko va tenter de fuir le pouvoir invisible qui découpe tout et tout le monde sur son passage.

 

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Dans ce premier quart d’heure le ton est donné, le réalisateur japonais ne va pas faire dans la dentelle mais plutôt dans les geysers de sangs, les attaques à l’arme lourde en classe, ou encore un crocodile assoiffé de sang, etc. Sono Sion n’a aucune limite dans un délire mélangeant le gore au métaphysique, et oui c’est possible. Mitsuko et ses amies encore vivantes se posent des questions sur les univers parallèles, et la liberté de chacun, sur sa propre auto détermination. Etrange passage qui apporte un aspect générationnel, un questionnement, qui va parcourir le film à travers de courtes séquences oniriques de plumes tombant au sol. Sans dévoiler ce qu’il se passe, car le scénario s’avère surprenant, on retrouve une touche de Suicide club, mais il y a aussi un peu de Cronenberg avec son Existenz, voire des Monty Python (version gore) pour la folie drolatique… Avec Tag, on ne s’ennuie pas, on ne saisit pas tout à fait où l’on se trouve à l’instar de Mitsuko, perdue dans un monde uniquement féminin mais ultra violent. Qu’est-ce donc que ce pouvoir qui découpe ? Pourquoi les autres filles sont violentes ? etc.

La musique rock indé apporte aussi un décalage poétique à la surenchère de violence et de sang, Sono Sion soigne toujours avec ses bandes originales (à l’exception de Love and peace) et on a envie d’en entendre plus de ce groupe nommé Mono.

 

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En conclusion, Sono Sion, ultra prolifique ces deux dernières années, réalise un énième film fou, comme lui seul sait les faire, qui ravira les uns et agacera les autres. Nous, on a aimé, surtout pour son traitement dingue des troubles de l’identité, du cauchemar, et son aspect étrangement philosophique (entre deux coups de tronçonneuse). Tag n’est peut-être pas le meilleur de Sono Sion mais reste un film surprenant et vivifiant dans tous les sens du terme.
Pour voir Tag, ça se passe au festival Kinotayo Mardi 1er décembre au Gaumont premier, ainsi que le 2 décembre à la maison de la culture du Japon à Paris, suivi de Tokyo Tribe.